Les Business Angels : décryptage et clés de lecture

Publié le 07 février 2008 par Henrick Kac

Concernée par les aspects financement de son développement, l’équipe de Blogdimension.com a eu l’opportunité d’assister à une conférence très intéressante sur les Business Angels qui a eu lieu au Salon des entrepreneurs 2008 ces 6 et 7 février au Palais des Congrès à la Porte Maillot (Paris, France).

Cette conférence (Business Angels : investir et s’investir dans les PME de demain), animée par l’association nationale France Angels, avait pour intervenants des représentants des réseaux de Business Angels : XMP, Club Invest 77, Paris Business Angels & Cleantech Business Angels. Nous y avons recueilli quelques clés de lecture sur le mode de fonctionnement de ce maillon incontournable de la chaîne de financement d’un projet, aussi bien du point de vue du porteur de projet que de celui de l’investisseur. C’est avec joie que nous partageons ces informations avec vous.

Décryptage et quelques clés de lecture

Le financement d’un projet suit un certain nombre d’étapes logiques qui s’articulent grosso modo de la manière suivante. A chaque phase du projet, correspond un type de financement et d’investisseur spécifique :

  1. Les fondateurs apportent un capital de départ (souvent constitué sur leurs propres économies ou à du seed money ou encore du love money),
  2. Parfois, pour les plus chanceux, intervient un capital d’amorçage (il s’agit d’un financement qui peut intervenir avant même le lancement du projet),
  3. Ensuite, lors du lancement effectif et avant même que le projet puisse générer des revenus, il peut être utile de faire appel à des Business Angels, objet de l’article.
  4. Une fois le projet lancé et les premiers résultats commerciaux au rendez-vous, la jeune entreprise se retrouve dans une phase de croissance et/ou d’expansion à l’international. A ce moment, interviennent le capital risque (Venture Capital ou VCs) et le capital développement.
  5. Enfin, et c’est la consécration suprême, l’entreprise a parfois l’option de trouver des fonds propres à travers la bourse (sur le marché).

Bien entendu, il s’agit d’un schéma type qui peut varier d’un projet à l’autre et aussi en fonction des aléas et des opportunités rencontrés par la jeune pousse. Par exemple, un projet peut être également financé par des banques, mais aussi des des financements publics (régionaux, nationaux, européens, etc.) voire même auto-financé si les affaires tournent bien dés le début. Ou bien tout simplement racheté par plus grand que soi !

Cet article vise donc à décrypter et partager avec vous quelques mécanismes entrant en jeu à la phase 2, celle des Business Angels.

Définition d’un Business Angel (”BA”) : il s’agit d’une personne physique seule ou via un groupement qui accepte d’investir une partie de son patrimoine personnel dans un projet innovant et à fort potentiel. Le business angel apporte, en plus d’un financement, son temps, ses relations et ses compétences managériales au service du porteur du projet.

On l’aura compris, devenir Business Angel, est une véritable vocation comportant un aspect philanthropique évident qui va au-delà de la simple considération strictement financière.

Faits rapides (fast facts) :

  • Le BA intervient principalement en phase de création.
  • La somme investie par le ou le groupement de BA s’échelonne en moyenne de 200 000 à 700 000 euros par projet. Cela peut-être moins. Au-delà, on entre dans le domaine du capital risque (VC).
  • Le BA n’est, en général, pas un investisseur de long terme. Il “sort” du projet après quatre ou cinq ans d’accompagnement pour se consacrer à d’autres projets.
  • Les conditions normales pour la sortie du BA du projet : récupérer sa mise, dégager une marge.
  • Moyenne du “ticket d’entrée” (la somme investie par un BA) : 25 000 euros (très variable, c’est une moyenne constatée).
  • Le BA (ou son représentant dans le cas d’un groupement) est actionnaire de la structure et fait souvent partie du Conseil d’Administration.
  • La structure de la société à partir du moment où les BA rejoignent le projet est en général la SAS (Société par Actions Simplifiée) avec Conseil d’Administration.
  • Un pacte d’actionnaire est signé entre les BA et les fondateurs à l’origine du projet. Ce pacte peut être très précis et comporter jusqu’à vingt pages. Le recours d’un avocat est pratiquement une obligation.
  • La part du capital social souhaitée par les BA est rarement supérieure à 40% laissant ainsi pas mal de latitude aux fondateurs (à la différence des étapes de financement ultérieures).
  • Les BA, à travers leurs représentants au Conseil d’Administration, requièrent un suivi et un reporting que les fondateurs devront leur fournir régulièrement (au moins mensuel).
  • Les BA attachent beaucoup d’importance à la qualité de la relation avec les fondateurs. Il faut qu’il y ait le “fit”, c’est à dire une réelle histoire d’amour entre les BA et les fondateurs.
  • Vous pouvez trouver des BA par une porte d’entrée soit géographique soit sectorielle (thématique).
  • Verbatim (lors de la présentation de votre projet au comité des BA) : “Plus il y a de questions, plus le projet est intéressant pour des BA !
  • De la bouche d’un BA interviewé sur le salon, seul “seul un dossier de projet Web 2.0 sur cent réussit !” A vous de juger. Il serait intéressant d’obtenir le point de vue d’un BA américain.
  • Si, en revanche, vous souhaitez devenir BA, vous devez prévoir d’investir environ 50 000 euros sur trois ou quatre ans.

Il ne s’agit que de quelques clés de lecture rapides entendues lors de la conférence. De nombreux points d’interrogation subsistent, notamment sur la méthodologie de valorisation de votre projet, les modalités du financement (tout d’un coup ou par échéances), la définition des critères de sortie du BA de votre société, la relation au quotidien, comment le BA gère le risque de perdre sa mise, les arbitrages entre différent projets aidés, etc.

En guise de conclusion, il s’avère que le Business Angel porte bien son nom. Il prend en effet beaucoup de risques, même si dans la réalité il peut parfois parvenir à les limiter à travers des dispositions fiscales. Au-delà, de son coup de pouce financier, il aime partager son expérience et agit souvent de façon passionnée. La perspective d’obtenir des avantages fiscaux n’est pas la motivation principale du BA. Car il s’agit véritablement d’accompagner l’entrepreneur tout en gardant à l’esprit une logique business. C’est avant tout une aventure humaine qui en plus est un véritable catalyseur de l’esprit d’innovation et d’entreprise dans un pays.

La France compte environ 4 000 BA, là où le Royaume-Uni, un pays à population comparable, en compte 40 000.

Pour en savoir plus

http://www.franceangels.org/
Site APCE

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