Sècheresse en France : le Ministère de l'Ecologie accélère la gestion de la crise

Publié le 16 mai 2011 par Bioaddict @bioaddict
Face au déficit pluviométrique considérable et à la température très élevée qui devrait se prolonger dans les prochaines semaines le Ministère de l'Ecologie vient de prendre de nouvelles mesures pour gérer la crise.

Le climat actuel en France est en avance de deux mois. Il correspond à celui du mois de juillet. Il ne pleut plus depuis longtemps et le mois d'avril a été particulièrement chaud.
Depuis le mois de septembre 2010 le déficit cumulé se situe par exemple entre 50 et 75% de la normale dans le Poitou, le Limousin, le nord de la région Midi Pyrénées, le nord du massif alpin au Jura, le sud des Vosges ainsi que le nord du bassin parisien.
Globalement sur la France les cumuls de précipitations pour le mois d'avril 2011 n'ont atteint que 29% de la moyenne de référence établie sur la période 1971-2000. Le déficit dépasse même 75% dans la zone située entre la Somme, l'est de la Bretagne et le bassin parisien ; dans la zone allant de la Vendée à la Gironde et jusqu'au nord des Alpes ; sur le zone comprise entre le littoral des Bouches du Rhône et le Var, en Bourgogne, en Champagne, et au sud de l'Alsace.

En outre les prévisions météo sont pessimistes : pas de pluie en vue dans les deux prochaines semaines et poursuite de l'augmentation de la température qui va atteindre des niveaux très élevés ; 28 degrés par exemple en région parisienne en fin de semaine. Et malheureusement le manteau neigeux au 1er mai 2011 est très diminué. Seuls les massifs les plus élevés des Alpes et des Pyrénées conservent une couverture neigeuse. La quantité d'eau habituellement fournie par ces massifs sera donc très inférieure à la normale.

Le déficit pluviométrique et la température très élevée ont naturellement entrainé une forte baisse des réserves de nappes phréatiques. A ce jour les 2/3 des nappes ont des niveaux inférieurs à la normale et sont à la baisse. C'est le cas notamment dans le bassin parisien et dans le sud-ouest. Et la sècheresse pourrait s'avérer pire que celle de 1976 car cette année là la température très élevée n'a été enregistrée qu'à partir du mois de juin, alors que cette année c'est depuis déjà un bon mois.
Nathalie Kosciusko-Morizet a donc présenté ce matin, suite au rapport du la Commission de suivi hydrologique, des mesures qui vont être mises en place pour gérer la crise.

Tout d'abord des arrêtés de restriction de l'usage de l'eau ont déjà été pris pour 28 départements. Et 3 autres départements sont en instance d'être également concernés : l'Ain , le Tarn et Garonne et soit l'Ile- et-Vilaine, soit la Loire. (Voir la carte des arrêtés préfectoraux)

Par ailleurs, une circulaire signée par NKM a été adressée aux Préfets pour bien repréciser le dispostif à engager en cas de situation de crise, concernant les niveaux d'alerte ainsi que les mesures de limitation des prélèvements, progessives et adaptées aux différents usagers.

Enfin, pour mieux suivre l'évolution de la sècheresse, NKM vient de lancer un nouvel outil, le logiciel Propluvia disponible à partir de juin sur le site www.developpement-durable.gouv.fr. Il permettra d'établir en temps réel des cartes beaucoup plus précises sur les zones concernées par la sécheresse.

Les centrales nucléaires sous surveillance

Concernant les centrales nucléaires qui ont impérativement besoin d'être approvisionnées en eau pour refroidir les réacteurs, des consignes ont été données pour que les réacteurs soient arrêtés, sans dérogation possible, si le débit en eau des fleuves concernés atteint un niveau critique, ou si la température de l'eau des fleuves atteint un niveau trop élevé.

Un soutien au débit d'étiage a déjà été activé sur la centrale nucléaire de Cattenom. Et une demande a été adressée à la Suisse pour maintenir un débit du Rhône suffisant pour assurer le bon fonctionnement de la centrale nucléaire du Bugey.

Mesures à moyen terme

Comme les périodes de sècheresses vont être de plus en plus nombreuses du fait du réchauffement climatique et les débits des cours d'eau de plus en plus réduits, Nathalie Kosciusko-Morizet veut également agir dès maintenant sur deux leviers très importants.

Celui de la réduction de la consommation d'eau par tous les acteurs concernés, industriels, agriculteurs et particuliers. Concernant les agriculteurs, les contrôles vont être renforcés et les autorisations de prélèvement seront données selon NKM " moins facilement ". Des experts définiront chaque année en amont les volumes raisonnablement prélevables. Et les agriculteurs devront en tenir compte pour gérer leurs exploitations et éventuellement changer de culture.
La Ministre s'est ainsi fixé pour objectif d'atteindre une baisse globale de 20% de la consommation d'eau d'ici 2020.

Le deuxième levier, et non des moindre, est celui de la réduction des fuites d'eau potable. Des quantités considérables d'eau potable sont en effet perdues chaque année du fait d'un mauvais état et de l'absence de contrôles suivis et fins des structures d'approvisionnement en eau . Ainsi les réseaux de distribution d'eau potable (856 000km de tuyaux) et dont l'installation a démarré à la fin du XIX siècle, accusent des pertes par fuites de 25% en moyenne. Et ces pertes peuvent atteindre 40%, voire plus, par endroits.