affaire DSK : le choc des images, le poids de Twitter

Publié le 17 mai 2011 par Polluxe

Hier après-midi, grâce à un congé, j’ai pu suivre en direct l’emballement médiatique autour de l’affaire DSK. Et c’était hallucinant ! Comme souvent lors d’événements jugés majeurs, les chaines d’infos en continu (i-télé, BFM, France24…) passent en mode « édition spéciale » avec quasiment un seul sujet à l’antenne et une présentatrice qui, telle une shiva de l’info, coordonne la mise en scène : flash d’infos, lien avec les envoyés spéciaux sur place, diffusion de vidéos,  interviews et animation de discussions en plateau… Du bon boulot d’impro !

Comme souvent, les véritables infos sur les faits n’arrivent qu’au compte goutte et il faut occuper le temps d’antenne avec des commentateurs, bref meubler. Dans le cas de DSK, plusieurs angles évidents ont été choisis : impact politique en France (présidentielles, PS, primaires…) et impact économique en Europe (zone euro, rôle du FMI, Grèce, Portugal…).
Personnalités politiques, analystes, experts en tout genre ont défilé pour donner leur avis. Avec un petit plus : au vu de la nature sexuelle de l’affaire, nous avons eu droit à des psys ! Même s’ils prenaient des précautions oratoires préliminaires du style « si les faits sont avérés… si DSK s’avérait coupable… présomption d’innocence… etc. », ils ont balancé leur interprétation : ce serait en gros « un acte manqué », une forme « d’auto-destruction, de suicide », « un retour du subconscient et d’un conflit intérieur » car en fait DSK n’aurait pas vraiment eu envie d’être candidat pour 2012 ! Que les blogueurs socialistes se rassurent donc, de toute façon c’était cuit… Mais tout ceci est finalement assez courant et n’est pas le plus étonnant.
Ce qui m’a le plus étonné c’est la place qu’a pris Twitter, notamment au moment de l’audience au tribunal. Non seulement les infos arrivaient d’abord sur Twitter mais en plus les journalistes à l’antenne le citaient comme source ! Ils se trouvaient donc au même niveau d’information que les internautes connectés à Twitter.
A cela une raison très simple : 5 journalistes au moins twittaient depuis la salle d’audience (voir image ci-dessous), alors que les envoyés spéciaux étaient à l’extérieur. Certains diront que c’est une révolution dans le monde des médias, que Twitter est responsable et qu’à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, c’est devenu l’anarchie totale en matière d’infos.
Certes, ce nouvel outil de l’ère Internet permet cela, mais est-ce l’outil le véritable responsable ? Ne serait-ce pas plutôt ces  journalistes qui au lieu d’envoyer des textos ou des messages directs – via Twitter -  à leurs rédactions respectives (RMC, Daily Telegraph, Europe 1, AFP…) ont twitté en public ?
Ce faisant, ils ne donnent plus l’exclusivité aux médias qui les emploient et permettent à d’autres rédactions et aux internautes d’accéder à l’info brute. J’ai l’impression que le coté ludique de Twitter leur fait oublier les règles du métier. Il a dû se passer des choses équivalentes au moment de l’apparition de la radio. Après l’effervescence des premières fois, on peut supposer que les nouveaux outils vont intégrer le champs des règles journalistiques et juridiques. Un code de bonnes pratiques est d’ailleurs sorti récemment.

Juste après cet épisode, la télé a repris le dessus en diffusant – en léger différé donc – les images tournées à l’intérieur de la salle d’audience, avec traduction immédiate en parallèle, ce qui avait un petit coté haché… Et là, nouvel étonnement : on assistait à l’intégralité de l’audience, avec la juge devant son écran d’ordinateur, les policiers, DSK, son teint blafard, ses avocats, les gros plans sur les regards… et la sensation d’être au coeur de l’action, de l’émotion, comme dans une série télé américaine, mais en mieux puisque tout cela était réel.
Quand on n’est pas habitué à de telles images, puisqu’en France il est interdit de filmer dans les tribunaux – d’où les dessins – c’est proprement stupéfiant, sidérant. Des extraits sont maintenant disponibles sur Youtube. Comme pour les images de DSK menotté à la sortie du commissariat, cette diffusion pose problème puisque c’est finalement la règle américaine en la matière qui de fait s’impose ou plutôt que les médias français ont choisi de suivre – à l’insu de leur plein grè ?
Je n’ai pas d’avis sur le sujet, je suis juste scotchée.
Pour les aspects juridiques de cette diffusion et de l’affaire, on se reportera à deux blogueurs juristes : Jules et Eolas.

Image de Twitter (16/05/2001)


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