BLUE VALENTINE de Derek Cianfrance

Publié le 17 mai 2011 par Celine_diane

Oeuvre-puzzle composée d’un coup de foudre et du désamour qui va suivre- Blue Valentine suit Dean (Ryan Gosling, Half Nelson) et Cindy (Michelle Williams, Wendy & Lucy) à quatre moments clés de leur existence et de leur couple : les deux premiers moments de leur rencontre où tout semblait possible, et les deux derniers- où tout s’achève. Derek Cianfrance, plus proche d’un 5X2 d’Ozon qu’à un 500 jours ensemble (auquel le film est souvent comparé) ne ferme les yeux sur rien : ni sur la douceur des possibles entrevus au départ, ni sur l’amertume terrible de la fin d’une union, rendant l’ensemble bouleversant de justesse et d’ironie. Les parallèles et va et vient dans le temps- instants saccagés, perdus, envolés- captent les moindres détails de l’inévitable désagrégation ; des effets aux conséquences, des certitudes aux trahisons. Quelque part dans l’habitude et le dégoût progressif de l’autre. L’autre, à qui l’on reproche ce que l’on a d’abord adoré. L’autre que l’on rejette, aussi rapidement que l’on a pu, jadis, l’étreindre.
De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas. Soit six ans, pour les deux protagonistes de cet anti film romantique, aussi remarquable sur le fond (subtil, poignant) que sur la forme (sèche, dure). Six années pour se désaimer, se haïr, se reprocher les échecs, les désillusions, les promesses non tenues. C’est sur Gosling et Williams, formidable couple de cinéma sur le déclin, que repose l’entière réussite d’un projet qui transcende son sujet, somme toute banal, pour y insuffler une âpreté peu commune, une intensité remarquable. Le film, ni trop pathos, ni trop distant, trouve et le ton et le recul nécessaires pour s’ancrer dans une authenticité et un réalisme tout aussi perturbants que renversants.

Sortie le 15 juin 2011.