Quatre mouches de velours gris – Les trois visages de la peur

Par Geouf

Ah, que le cinéma européen aurait été bien triste sans nos amis italiens, surtout dans les années 70-80. Je poursuis donc sur Cinegeouf mon petit cycle sur les réalisateurs italiens qui ont largement contribué au cinéma de genre que nous chérissons tous (Sisi, TOUS, j’ai dit!). J’avais déjà posté dans une vie antérieure un dossier sur Lamberto Bava (qui devrait redevenir online bientôt) et sur son papa Mario (idem, mais un peu plus tard ^^) et je profite ici de l’occasion pour replacer un petit film de ce dernier, plus pour vous inciter à nous faire part de vos films d’horreur à sketchs préférés!! Et un peu d’inédit tout de même, avec un film de ce cher Dario Argento

Quatre mouches de velours gris (1971 – 4 mosche di velluto grigio)

Quasiment un parcours de combattant pour le voir celui-là! Evidemment, il ne faut pas espérer une diffusion télé, et c’était le seul Argento qui n’était pas dispo à ma défunte vidéothèque. Téléchargé une première fois à une lenteur de tortue avec Emule, fichier perdu en même temps que mon ex, re-téléchargé et finalement visionné! Fewww… Tout ça pour un petit giallo sympathique, où un musicien se retrouve impliqué dans une histoire de meurtre et de chantage.

Le scénario est tout à fait respectable, et l’énigme des fameuses quatre mouches mérite à elle seule de regarder le film. Autre satisfaction, un casting hétéroclite composé de l’américaine Mimsy Farmer, dont le succès du film l’a fait établir en Italie pour une bonne partie de sa carrière, suivie de l’italien Bud Spencer, qui ne distribue pas de baffes, mais son personnage se fait toutefois surnommer God, rien que ça! Et puis, le français Jean-Pierre Marielle, étonnant dans le rôle d’un privé homosexuel (donc forcément un peu excentrique). On se demande tout de même comment il a pu atterrir dans ce film, même si ça coule de source pour une co-production franco-italienne…

Et c’est tant mieux, car il donne le petit coup de jus qui manque souvent dans une enquête classique de giallo. Et dans un anglais parfait, s’il vous plaît! J’ai d’ailleurs regardé une drôle de version, en anglais, mais avec des titres de générique en français, et quelques passages en français également, on switche parfois de l’un à l’autre sans raison apparente (Bud Spencer ne se casse pas la tête, lui, il parle en italien, et est très mal doublé en anglais. Sacré Bud!). Les aléas du téléchargement de films rares, sans doute. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour Argento… Le bougre est ici pas mal inspiré, le soin apporté aux meurtres, quelques séquences bien troussées, et toujours cette inventivité qui surgit sans prévenir, comme un accident de voiture qui se tranforme en festival d’images quasi poétiques (sur une très bonne musique d’Ennio Morricone, qui s’entraîne pour Le Professionnel sorti 10 ans plus tard). Pas un film inoubliable, mais une petite curiosité que les cinéphages auront plaisir à regarder.

Verdict: 6/10

Les trois visages de la peur(I tre volti della paura) – 1963

Peut-être le premier film d’épouvante qui se compose de trois sketches. Le réalisateur va donc explorer trois peurs différentes à travers trois histoires différentes:

  • Il Telefono/Le téléphone: une jeune femme (Michèle Mercier, très loin de son personnage phare Angélique…) est persécutée au téléphone par son ancien amant, un gangster qu’elle a finalement envoyé en prison. Mais il s’est justement évadé aujourd’hui et il a visiblement soif de renvanche! Seulement voilà, les apparences sont parfois trompeuses et on ne connait jamais assez les gens…
  • I Wurdulak/Le Wurdulak: un comte trouve un cadavre sur son chemin vers une ville voisine. En se rendant à la maison la plus proche, il fera connaissance avec la famille de l’assassin et sera rapidement confronté à la légende locale: le Wurdulak, campé par un Boris Karloff, toujours aussi impressionnant. Sans doute pas le meilleur comédien au monde, mais sa présence à l »écran suffit pour alourdir l’atmosphère de quelques tonnes…

  • La Goccia d’Acqua/La goutte d’eau: une comtesse vient de décéder d’une crise cardiaque et on appelle une jeune femme d’urgence afin de préparer le corps pour les funérailles. En voulant lui passer une robe, elle remarque une bague qui doit valoir une fortune et ni une ni deux, le bijou disparaît dans ses attributs mammaires! Mais on ne vole pas les morts comme ça, et à son retour chez elle, le fantôme de la comtesse va se faire une joie de la tourmenter jusqu’à la mort…

Les trois sketches sont de qualité équivalente, même si le premier m’a un peu moins emballé, vu son absence totale de fantastique. Mais le suspense tient la route, grâce au jeu convaincant de l’actrice principale. Et cette sonnerie de téléphone vous vrille vraiment la cervelle… Le son sera d’ailleurs un élément important qu’on retrouvera dans la troisième histoire, notamment avec cette fameuse goutte d’eau. En effet, sans doute rongée par la culpabilité, la voleuse entendra distinguement une goutte d’eau tomber dans sa maison. D’abord à l’évier, ensuite à la baignoire et finalement à cause du parapluie trempé. La situation pourrait être drôle dans un Charlie Chaplin, mais ici, grâce au son, on sait que quelque chose de terrible va se passer.

Retour au deuxième segment, le plus long des trois, il me semble. Si le résumé que j’en ai fait peut sembler mystérieux, il l’est tout de suite moins si je vous annonce qu’un Wurdulak est tout bêtement un vampire. Et l’histoire se concentre surtout sur la perte d’un être aimé, passé de l’autre côté. Ce qui donne une très bonne scène lorsque la mère entend son fils, emmené quelques heures plus tôt par le Wurdulak, revenir pendant la nuit, implorant de le laisser entrer. Le père fera tout pour empêcher son épouse d’ouvrir la porte, mais l’instinct maternel prendra le dessus, provoquant la perte de la famille au grand complet (ca fait un peu penser aux Vampires de Salem, hmmm?). Si le rythme de cette partie n’est pas assez soutenu, Bava compense par de superbes décors, savamment éclairés avec des couleurs dont il a le secret. Il ponctue également son récit de séquences particulièrement inventives au niveau de la mise en scène, et lorsqu’un vampire hypnotise le héros, on ressent parfaitement le trouble qu’on doit éprouver pendant cette manipulation/séduction. C’est aussi cela, un grand réalisateur.

Verdict: 7/10

Je me permets ici de faire un petit aparté, ne résistant pas à l’envie de dresser ici et maintenant, un petit top 5 des meilleures histoires de tous les films à sketches que j’ai vu (une petite vingtaine):

5 - From Beyond the Grave/Frissons d’outre tombe: le segment avec Peter Cushing, qui n’est pas vraiment un segment, mais plutôt la chute du film, car Cushing joue le rôle d’un antiquaire qui raconte des histoires à ses clients. Et il les raconte bien mieux que dans Le train des épouvantes

4 - Nightmares/En plein cauchemar: Le segment « Night of the Rat » est terriblement réussi, avec un énorme rat qui a élu domicile dans la maison d’une gentille famille.

3 - Creepshow: le dernier segment, « They’re Creeping Up On You« , où un E.G. Marshall halluciné va devoir faire face à une horde de cafards. Hé oui, les petites bêbêtes, toujours… On ne se refait pas…

2 - Tales From the Darkside: à nouveau, le dernier segment, avec la gargouille (« Lover’s Vow« ), où comme souvent dans ces courts récits, la fin est très réussie. Aaaah, cette dernière phrase hurlée par Rae Dawn Chong: « TU M’AVAIS PROMIS DE LE DIRE A PERSONNE!!!! »

1 - Creepshow 2: souvent considéré comme moins bien que le premier, parce que Romero, patati, patata… Mais le deuxième segment « The Raft« , qui était déjà la meilleure nouvelle du King selon moi, est ici superbement adaptée. Quand une grosse tâche noire qui flotte à la surface transforme les eaux d’un lac en cauchemar…

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