Le bruit se ment...

Publié le 17 mai 2011 par Desartsonnants

L'EMPIRE DU BRUIT SE MENT !

L'art sonore donne dans la recherche, dans l'expérimental, dans l'inouïe... Pas question donc de jouer ou d'installer des sons trop sages, trop rangés, trop reconnaissable, déjà ouïes.
Place à la saturation, au grésillement, au parasitage noisy à tous les étages, jusqu'à épuisement si nécessaire. Épuisement du dispositif saturé de redondances, épuisement de l'oreille en manque d'air (polysémie oblige), épuisement du critique qui cherche un peu d'originalité dans cette débauche d'inouïe (paradoxe ?).
Osera t-on encore faire preuve d'une sorte de figuratisme sonore, où l'objet se risquerait à être identifié, quitte à en paraître gentillement ringard aux oreilles des bien pensants?
Osera t-on encore introduire une fugace boucle rythmique, une bribe de mélodie, sans se voir qualifier de vulgaire rétrograde, de néo-bruiteur qui prêche un retour à des valeurs désuètes, voire dévoyées ?
Le chuintement doit être informel, le crépitement sans âme, le bourdonnement minimalistement conceptuel, le craquement anonyme... drônes de sons !
L'impression que donne cette marée sonore inconsistance, de galerie en galerie, de performance en performance, est celle d'une insipidité renouvelée à l'excès. A tel point que l'on pourrait craindre que le potentiel créatif de bon nombre d'artistes "sonores" n'ait plus qu'une source commune d'inspiration machiniste, engluant quantité d'œuvres dans un magma soporifique.
Parfois, on sort d'une installation momentanément rassuré, revigoré. On a entendu des sons d'objets habilement mis en scène, des dispositifs qui utilisaient une belle diversité timbrale, des ambiances qui, même sans user d'artifices musicaux, proposaient une réelle fraîcheur, distillait un brin de poésie dans ce monde d'asepsie sonore quasi généralisé.
Bien sûr j'exagère un tantinet, histoire de mettre le doigt là où l'écoute fait mal, quoique...