Shalimar Initial de Guerlain, parfum de femme

Publié le 21 mai 2011 par Thierry Piguet

  Il arriva devant son bureau. La porte était entrouverte. Il la poussa délicatement sans faire de bruit et s’avança, son dossier à la main. ELLE n'était pas là. Un grand silence régnait dans le bureau de la Directrice de la Communication Corporate. Seul un petit biip troublait le silence et indiquait que la boite mail se remplissait de tâches urgentes à accomplir. l'iPhone posé sur le bureau et relié au PC par son câble blanc Apple, affichait sur son écran le mouvement circulaire de la mise à jour en cour. Sur le meuble posé derrière le fauteuil de cette dirigeante , trônait son sac à main. il semble avachit et sans vie, attendant qu'une déesse viennent s'en saisir.
Il s'en approcha doucement, tendant le cou pour essayer d'en découvrir le plus possible. Cette femme plutôt  working girl, à l'univers professionnel clairement délimité allait t'elle révéler un peu plus de sa troublante personnalité. Entrouvert comme un sexe de femme, il laisse deviner en son intérieur des trésors d'intimité. Le sac à main d'une femme est la porte d'entrée d'un monde inconnu fascinant, et intimidant. Son regard s'approcha, un peu hésitant face à ce monde mystérieux. Il avait l'impression de transgresser un espace auquel il n'avait pas accès en sa présence. C'est comme se jeter dans l'eau froide, on ne peut pas s’y jeter d'un seul coup.
 Un reflet accroche le regard. C'est l’écran tactile de son Blackberry. Un téléphone pour le boulot, un autre pour le perso. De qui est le dernier SMS ? A coté un tube de rouge à lèvres. On dirait un Chanel. Pourtant elle en porte rarement. Qui le lui a offert ? Son paquet de cigarette est collé à un carnet de note. Recettes de cuisine, adresses de boutiques vintages, N° de téléphone, dessin d'enfants...qui a  la chance d'être présent en permanence côtoyant tant de secrets.  Le tube de Neutrogéna est là. Adoucir ses lèvres, quelle belle mission, quelle douce sensation. L'image de son sourire passa rapidement dans son esprit. Il aperçu ses papiers d'identités. La photo noir et blanc avait quelques années. Elle avait changé de coiffure depuis. Le vieux rose du permis de conduire s’associait avec tendance au vert pomme d'une paire de chouchou.
Le sac est à la femme ce que la coquille est à l'escargot, sauf qu'on ne sait pas ce qu'il y a dans un sac. Il continuait sa découverte en tendant l'oreille pour savoir s’il entendait sa voix dans le couloir. Un gros trousseau de clé alourdissait l'ensemble. Les clés du paradis étaient elles  accrochées à ce trousseau. Au vu du logo, marqué sur la clé noire, elle conduisant une Mercedes. Il l'imagina en classe A. Son regard distingua un agenda papier, elle était moderne, mais n'oubliait pas les classiques, une petite bouteille d'eau, des bonbons à la menthe qui donnaient l'impression de jouer à cache-cache dans tous les recoins du sac. Le téléphone sonna. La sonnerie le fit sursauter. Il tendit l'oreille, quelqu'un marchait dans le couloir. Il fit demi tour, mais s'arrêta. La porte du bureau précédent celui ou il se trouvait  venait de claquer. Ce n'était pas elle. Il se rapprocha à nouveau de cet objet qui joue le parfait révélateur.Quant aux petites choses qu’il recèle, même les plus dérisoires ont beaucoup à dire.
Il aperçu le porte chéquier, 2 stylos billes qui se faisait la conversation, le serre tête qui la faisait, car il avait été oublié, 2 paquets de mouchoirs en papier qui se remontait le moral avant de finir froissés dans une corbeille, des cartes de visites qui se poussaient du coude en mettant en avant leur titre étalé au Recto et au Verso, Directrice de la Communication Corporate... c'est la gardienne du temple. Enfin il aperçu le jaune d'une boite de Doliprane, utile en prévision des réunions budgétaire à la fin de Q2. Il voyait mal le reste. Il avança le bras et avec le coin de son dossier accroche l'anse et la tire légèrement  pour ouvrir un peu plus et agrandir son champ de vision.  Le miroir paré de son étui et la lime à ongle dressée dans un coin du sac comme deux armes de féminité suggestive étaient prêts à agir. Soudain il le vit ! Le cœur de cette matière intime. Il était au fond du sac caché sous une coupure de presse pliée, dont il ne voyait pas le titre, mais la photo qui apparaissait de manière parcellaire, montrait le catogan du fameux Karl. Sous cette forme pliée en une sorte d'origami surréaliste, le reflet de verre et le liquide immobile émettait sa lumière irrisée. Shalimar Initial de Guerlain. C'était donc  sa fragrance, si sensuelle, si féminine, si douce et fraiche.
Il déposa le dossier sur son bureau. Inscrit un mot sur un post-it, qu'il conclut par « à bientôt pour un déj ». Il fit demi-tour avec un petit sourire. Il avait compris qui elle était.
Plus poudré et gourmand que le Shalimar original, Shalimar Parfum Initial s’ouvre sur une envolée fraîche de bergamote et d’hédione. Le cœur floral mêle la rose, l’iris et le jasmin à une note de fruit confit. En fond, l’association de la vanille et de la fève tonka confère à la fragrance une tonalité épicée et amandée. Le sillage, félin, dévoile également du patchouli et de l’ambre. Parfumeur : Thierry Wasser.
Création: 2011 - Genre: Femme - Type: Oriental - Floral
notes de tête : Bergamote, HEDIONE ®
notes de cœur
: Rose, Iris, Jasmin, Note Fruit Confit
notes de fond :
Vanille, Feve Tonka, Patchouli, Caramel, Ambre

Elisabeth Feydeau donne son avis sur Shalimar Initial de Guerlain. Jean Claude Kaufman a écrit un livre sur les relations intimes entre les femmes et leur sacs. Entre tendresse et passions, le sac est un petit monde d’amour qu’il nous propose de partager.