Obésité : Junk food et marketing

Par Santelog @santelog

Du moins, c'est le souhait des meilleurs experts américains qui se sont élevés cette semaine, dans les médias pour condamner le marketing employé pour vendre du fast food aux jeunes enfants, en jouant sur la sympathie du personnage Ronald MacDonald. Face à l'épidémie d'obésité qui touche les enfants, aux Etats-Unis en particulier, plus de 1.000 professionnels et organisations de santé américaines, aussi prestigieuses que l'American Academy of Child and Adolescent Psychiatry ont signé une lettre adressée à McDonald's Corp demandant au fabricant de Happy Meals d'arrêter la commercialisation de “junk food” aux enfants et surtout de retirer le personnage emblématique Ronald McDonald, censé séduire les plus jeunes.

Les professionnels signataires d'un courrier adressé au PDG de Mc Donald, appellent donc à la réduction des dépenses marketing réalisées pour la commercialisation de la “malbouffe” auprès des enfants. Leurs efforts ne pourront pas rivaliser avec les centaines de millions de dollars dépensés chaque année par Mc Donald, ni même ceux des parents à supposer qu'ils entendent et appliquent les principes de prévention.

Dans les décennies à venir, un enfant sur trois développera un diabète de type 2 à la suite d'une alimentation riche de type junk food rappellent les Centers for Disease Control and Prevention américains (CDC). Cette génération pourrait même être la première dans l'histoire des États-Unis à vivre moins longtemps que celle de leurs parents.

C'est ici le marketing de Mc Donald qui est directement visé, avec son personnange Ronald : "Ronald capte l'attention des enfants mieux que personne." En fidélisant les enfants, malgré la résistance de certains parents, Mc Donal réussirait ainsi à vendre directement aux moins de 1é ans, hors contrôle des parents, 50 milliards de dollars en achats annuels de fast food. La publicité est bien sûr au cœur du modèle d'affaires de McDonald's, avec des dépenses de promotion annuelles atteignant 2 milliards de dollars. Les experts demandent donc au fabricant de retirer ses offres promotionnelles sur les aliments riches en sel, matières grasses, en sucre et en calories pour les enfants, que ce soit les promos illustrées par Ronald McDonald ou les coffrets avec jouets. Fin 2010, prenant le “taureau par les cornes”, le Conseil de surveillance de la ville de San Francisco a pris une mesure considérée alors comme historique, pour réduire l'obésité infantile, limiter les jouets dans les offres Happy Meal des enfants.

Mais quel est le parcours de Ronald ? Depuis près de 50 ans, Ronald séduit les enfants mais sa force est aussi qu'il donne un coup de main aux familles en temps de besoin. Car au départ, le fast food était là pour dépanner, à faible prix. De récents sondages aux Etats-Unis et au Canada estiment qu'il est temps pour le clown aux cheveux rouges, de quitter ses chaussures trop large et sa combinaison jaune. Si 65% des Américains ont toujours une opinion favorable de Ronald McDonald et de la société qu'il représente, 52% se déclarent en faveur d'arrêter d'utiliser des personnages ou dessins animés pour vendre des produits dangereux aux enfants.

Des experts médicaux reconnus, tels que le Dr. William C. Roberts, éditeur en chef de l'American Journal of Cardiology, le Dr. Walter Willett, Chaire de Nutrition de la Harvard School of Public Health ou encore le Dr. Deborah Burnet, Chef de service de Médecine générale et de pédiatrie à l'University de Chicago et Jérémie Stamler, cardiologue et président de médecine préventive à l'Université Northwestern ont été rejoint, dans ce mouvement par le Dr Don Zeigler, directeur de la prévention et de la promotion de la santé de l'American Medical Association et professeur au Rush Medical College, qui écrit:

Les cliniques et hôpitaux pédiatriques regorgent de patients souffrant d'affections liées à la nourriture. Nous sommes confrontés à ce que l'Organisation mondiale de la santé appelle la vague catastrophique des maladies non transmissibles liées à l'alimentation comme l'obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires, des maladies liées à la promotion et la consommation de matières grasses, de sodium et de sucres omniprésents dans les fast food. Cette épidémie est tragique, coûteuse et pourtant presque entièrement évitable. Le marketing joue un rôle important dans cette épidémie et c'est un manque de responsabilité de dépenser des centaines de millions pour commercialiser ce type d'aliments directement aux enfants, ce qui sape les efforts des parents pour encourager une alimentation saine”.

A ce jour, le fabricant de fast-food a juste répondu que le clown était un bon ambassadeur ajoutant qu'il n'a pas l'intention de se débarrasser de Ronald et que les consommateurs sont suffisamment responsables pour manger ce qu'ils veulent.

Source: Los Angeles Times, Doctors'Orders, American Medical association

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