Coopération: La France lâche Paul Biya

Publié le 23 mai 2011 par 237online @237online


Contrairement aux autres années, la France, principal soutien de Paul Biya au pouvoir depuis 29 ans, n'a pas envoyé de représentant lors de la fête nationale du Cameroun. A 5 mois de l'élection présidentielle, c'est un signal qui fait du bruit à Yaoundé. Depuis plusieurs années, en guise de solidarité au Cameroun en général et au président Biya en particulier, la France envoie généralement des représentants au Cameroun pour la fête nationale du pays qui se célèbre le 20 mai de chaque année. Le 20 mai 2009 par exemple, c'est le Premier ministre François Fillon qui avait assisté aux festivités. En 2010, Alain Joyandet, secrétaire d'Etat chargé de la

Coopération et de la Francophonie avait représenté son pays. Seulement, la France n'a pas envoyé de représentant. Si l'on en croit le quotidien "Mutations", l'ambassadeur de France au Cameroun a remis vendredi le 13 mai dernier au ministre des Relations extérieures, un message indiquant que Henri de Raincourt, le ministre délégué à la Coopération de France, que le Cameroun attendait ne pourra pas être de la fête. Une information qui fait du bruit au Cameroun. Des observateurs y voit un « lâchage en règle » de la France à 5 mois de l'élection présidentielle. Le "lâchage" est d'autant plus évident que dans le même temps, une délégation officielle française était présente à l'investiture d'Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire. Avec à sa tête, le président français, Nicolas Paul Stéphane Sarkozy.

Inquiétudes

Paul Biya dont le parti désigne le candidat à la prochaine présidentielle en juillet prochain serait très préoccupé par la situation. D'ailleurs, une dizaine de journalistes français viennent de débarquer à Yaoundé pour une sorte de "mission commandée". Ils réaliseront des articles de presse « favorables »
au régime de Yaoundé. Paul Biya serait d'autant plus inquiet que depuis 3 ans, il essaie de faire venir Nicolas Sarkozy au Cameroun mais, ce dernier n'a jamais accepté l'invitation. Pourtant, lors d'une interview sur la chaîne française FRANCE 24, "Tout à l'heure, et je ne crois pas dévoiler un secret, j'ai invité le Président de la République à faire une visite au Cameroun et il a accepté immédiatement et avec joie. J'observe donc qu'il veut maintenir une continuité, une discussion ouverte, il veut savoir ce que les Africains veulent et la France verra ce qu'elle peut faire". Depuis, Sarkozy a visité plusieurs pays d'Afrique dont le Gabon, le Tchad, le Sénégal...en évitant soigneusement le Cameroun.

Selon certaines sources, le président camerounais s'envolera samedi matin pour la Côte d'Ivoire pour assister à l'investiture d\'Alassane Ouattara. Mais, il y partirait surtout pour rencontrer le président Sarkozy qui y est déjà annoncé. Occasion de mener une offensive de charme à l'endroit du locataire de
l'Elysée. Avec à la clé, de mirobolantes promesses de contrats pour les entreprises françaises dans un
pays où plusieurs projets de développement sont en train d'être mis en œuvre.

Paul Biya ne manque jamais une occasion d'échanger avec les responsables politiques français. On l'a récemment vu fièrement assis près de Nicholas Sarkozy à Yamousoukro lors de l'investiture d'Alassane Ouattara. De même qu'au Vatican où il devisait avec excitation avec le ministre français de la Défense Alain Juppé et le Premier ministre français François Fillon.

L'occasion de Yamoussoukro était donc trop belle pour que Paul Biya la loupe. Histoire de passer un
nouveau pacte de fidélité avec l'Elysée. A 5 mois de la présidentielle. Et surtout, dans un contexte

international plutôt...inquiétant pour les "présidents éternels" comme lui.

Houmfa Mohamadou