DSK : l’affaire dans l’affaire

Publié le 24 mai 2011 par Polluxe

L’ami Nicolas, comme Yann précédemment, nous demande notre avis, à nous les femmes, comme dirait Iglesias. Au demeurant, j’écris cela avec circonspection car je ne suis pas sûre d’en être, une femme, non pas tant au niveau biologique – je le constate tous les jours en me rasant douchant – qu’au niveau du genre… Bon, malgré ce et une certaine lassitude, je vais tenter de répondre, bien que je ne sois pas sûre du sujet : s’agit-il de donner son avis sur le fait qu’une certaine Vanessa, ex compagne d’un Efron, trouve que les français draguent sans élégance, sur le fait qu’elle lui soit encore associée dans les nouvelles Google ou sur l’affaire dans l’affaire DSK, c’est à dire les propos machistes de certains ?

Comme je ne connais rien aux effronteries, je choisis la dernière option.
L’association Osez le féminisme a lancé un appel et organisé une manif, qui viennent principalement en réponse aux propos de certaines personnalités : BHL et son doute sur la femme de ménage, Jack Lang et son « il n’y a pas mort d’homme », JFK et son « troussage de domestique », formule qui a le plus choqué car elle mêle la misogynie à un mépris de classe qui fleure bon le 19e siècle. JFK s’en est d’ailleurs excusé. Ces réactions traduisent par leur registre un arrière-fond sexiste qui n’est pas étonnant chez des hommes de cette génération et que l’on retrouve dans beaucoup de commentaires. Olympe en a fait une liste assez complète qui relève de  ce que l’on peut appeler l’argument du violeur. Comme le souligne l’appel, on se permet avec les femmes ce que l’on ne se permettrait pas avec toute autre groupe  ; il suffirait, dans les conversations courantes, de remplacer « femme » par « noir » ou » juif » pour se rendre compte que le sexisme reste d’une banalité confondante. Les jeunes générations viennent de s’en rendre compte et réagissent d’autant plus violemment qu’on leur avait vendu comme acquise l’égalité des sexes. Le réveil est brutal.

Pour autant, ce qui m’a frappé en premier dans ces réactions, ce n’est pas tant le registre sexiste que l’aspect choc émotionnel. Que ce soit BHL, JFK, Lang ou bien Valls, Cambadelis, Aubry, Badinter, ils avaient tous des larmes dans la voix. Ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu, ce ne sont pas des élites qui méprisent le peuple, une caste qui défend les siens ou d’affreux justificateurs du viol, mais des gens choqués qui défendent leur ami. Spontanément, maladroitement, irrationnellement. Aussi, je trouve que le reproche qui consiste à dire « vous n’avez pas eu un seul mot pour la victime » n’a pas de sens en l’occurrence – sans oublier qu’il n’y a pas encore de « victime » mais une plaignante. Et comme le dit Eolas dont les précisions juridiques sont utiles, quand en plus ce reproche vient de journalistes, ça relève de la Tartufferie : « On sent les éditorialistes qui savaient que DSK avait un problème relationnel avec les femmes et qui tentent de se racheter une virginité en jouant les sycophantes. »

Comme beaucoup de citoyens, j’ai été sidérée, choquée par cette affaire, et – sans doute à cause des images – j’ai éprouvé de l’empathie. Voilà pourquoi je n’arrive pas à hurler avec les louves. Voilà pourquoi, sans doute, certains adhèrent à la théorie du complot ; comme pour le 11 septembre, quand une réalité est difficile à admettre, on la nie et on préfère échafauder des théories abracadabrantes à partir de détails…

Alors qu’en fait, nous sommes justes devenus des orphelins de DSK.


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