L’addiction sexuelle dans le football

Publié le 25 mai 2011 par Frédéric Duval-Levesque


Voici un sujet d’une brûlante actualité : l’addiction sexuelle chez les stars du football.

Ecrit par les journalistes Bruno Godard et Jérôme Jessel, ce livre actualise par endroits l’ouvrage déjà publié par le second, Sexus Footballisticus (Danger public, 2008).

Le titre s’inspirait de Sexus Politicus (Albin Michel, 2006), de Christophe Deloire et Christophe Dubois, dont on reparle en raison de son chapitre sur Dominique Strauss-Kahn.

Avec le sentiment de puissance qu’ils confèrent, la célébrité pour le footballeur, le pouvoir pour le politique, agissent comme de puissants aphrodisiaques.

On ne s’étonne donc pas qu’un réseau de prostitution puisse comporter ces deux clientèles, comme l’avait révélé le procès, en 2007, de Madame Agnès, une nouvelle Madame Claude qui travaillait pour les notables bordelais. Mais la comparaison s’arrête là : les coucheries des rois remontent à l’Antiquité alors que l’accès du footballeur à un statut quasi divin est un phénomène récent, consécutif, en France, à la victoire lors de la Coupe du monde 1998.

La partie la plus instructive de Sexe Football Club est son prologue. Les auteurs sondent médecins, sexologues et sociologues sur les particularités de la sexualité de ce sportif de haut niveau, être immature élevé dans le culte de la virilité.

Il ressort que la pornographie véhiculée sur Internet (et la tentative de la reproduire dans la vie réelle) expliquerait les bacchanales dont se repaît la presse à scandales, et donc le recours à la prostitution. On apprend que des sponsors devancent les désirs des joueurs, dont les agents peuvent se transformer en proxénètes. Le consumérisme bling-bling qui caractérise ce milieu intègre ainsi la femme, objet jetable.

L’addiction du footballeur est en outre aggravée par le dopage et l’« hypersexualité » qu’il développe. En conséquence, « beaucoup d’entre eux se perdent dans des nuits sans fin, sordides et pathétiques, en laissant le respect de l’autre au vestiaire. Des nuits où l’amour n’existe pas », écrivent les auteurs, moralisateurs et un brin tartuffes. Car le livre décrit ensuite par le menu les affaires de moeurs qui ont secoué le football ces dernières années. C’est évidemment Zahia qui ouvre le ballet rose, celle qui, est-il précisé dans une formule pour le moins malheureuse, laissera à Franck Ribéry « une cicatrice infiniment plus douloureuse que celle qu’il arbore au visage ».

Qualifiée sans rire de « scoop du siècle », la révélation par M6, en avril 2010, de l’existence de cette jeune femme qui a déclaré avoir eu, mineure, des relations tarifées avec quatre joueurs de l’équipe de France, a brusquement fait prendre conscience que l’hygiène de vie des footballeurs n’avait rien à envier à celle des rock stars ou de certains hommes et femmes politiques.

Edifiantes, les pages consacrées à la pratique du « fuck and tell » (coucher avec un footballeur et se répandre aussitôt dans les médias contre un gros chèque) en Angleterre montre toutefois que, dans l’abjection, la France n’en est encore qu’aux préliminaires. La question de l’homophobie n’a pas été négligée. Un témoignage d’un joueur de Ligue 1 a été recueilli. Evidemment anonyme : « J’imagine que si je faisais mon coming out, certains de mes coéquipiers ne voudraient plus prendre leur douche en ma présence. » En France, seul le retraité Olivier Rouyer a franchi le pas, en 2008. Comment expliquer cette omerta ? Par ce nom : Justin Fashanu. Ce joueur britannique qui révéla son homosexualité, en 1990, fut rejeté de tous, y compris de son propre frère, également footballeur. Il erra de club en club, fut accusé à tort d’agression sexuelle, en 1998, et se pendit.

Sources : lemonde, Sexe Football Club « Les dessous du foot », de Bruno Godard et Jérôme Jessel (Fetjaine, 288 p., 16,90 euros)

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