Les dés pipés de l’élection présidentielle

Publié le 26 mai 2011 par Vogelsong @Vogelsong

“A ce prix, il est possible de retrouver, derrière les tièdes amours d’hier et les déchaînements haineux d’aujourd’hui, la puissance subversive toujours neuve et toujours menacée de l’idée démocratique” J. Rancière

L’élection présidentielle, rendez-vous structurant de la République et de la Démocratie comme se plaisent à le répandre les porte-voix du cercle de la raison. Un orgasme quinquennal où tout ce qui de près ou de loin s’apparente à une écurie partisane fait mine de tenter de sa chance : “Pour-que-vive-le-débat-démocratique-et-la-pluralité-des-idées”.

C’est un conte de fée pour citoyens infantilisés que l’on traine dans l’isoloir pour leur donner la sensation excitante de peser fort sur la vie de la cité.

Ce barnum n’est rien sans le décorum, la mise en lumière pour que ce Spectacle soit total. L’illusion que le paroxysme médiatique, et les faramineux moyens mis à la disposition de cet “évènement” servent la cause de la démocratie.

Car se rejoue chaque fois une pièce bien rodée avec sa ribambelle de candidats/participants qui prétendent figurer toutes les tendances du spectre politique hexagonal. Avec les ingrédients programmatiques s’établissant du plus crédible au plus loufoque au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre de gravité. Sorte de point nodal de la pensée consensuelle hexagonale, axe autour duquel on estime que l’opinion est globalement satisfaite de son sort. Au final tout le monde est déçu par le fatras de promesses dont on sait, par raison et expérience qu’elles ne seront pas tenues.

A ce stade on peut déserter les urnes, aller à la pêche comme une bonne partie des citoyens ne manque pas de le faire. Soit participer à ce simulacre en connaissance de cause. C’est-à-dire sortir de la pensée magique, en particulier à gauche. Ressasser les faux espoirs d’élections en élections, de désillusions en désillusions, que des forces révolutionnaires sociales vont émerger des urnes.

Quand la centrifugeuse présidentielle s’emballe et part en capilotade, c’est pour glisser vers l’extrême droite. Le post-sarkozysme est en passe d’accoucher d’un Front National à 30% d’électeurs au 1er tour. Soit une qualification assurée. Après l’histrionisme sécuritaire et xénophobe se profile la roideur du racisme et du nationalisme mâtinée de fausses promesses populaires.

Au grand dam de la gauche, la vraie, la pure, quatre années de libéralisme piloté par l’oligarchie, une crise du capitalisme sans précédent et sa faillite n’auront pas suffit à l’emporter sur un pays qui se droitise inexorablement. Les raisons sont multiples et il semble qu’à douze mois de l’échéance, cette gauche ne pourra, dans ce laps de temps, faire ce qu’elle n’a pas su en 10 ans.

Dans cette perspective continuer la fuite en avant vers le meilleur score possible au 1er tour risque de laisser le champ libre à une droite multiforme (conservatrice, ultralibérale, xénophobe). Montrer son étendard et courir le risque d’un duo droitier au 2nd tour.

Pourquoi ne pas saboter le processus égotique de l’homme providentiel tout en évitant le marchandage de l’entre deux tours, à condition d’y participer ? Pourquoi ne pas s’infliger une bonne migraine, au lieu de risquer le choix entre la peste ou le choléra ?

Ou bien aller à la pêche…

Lettre ouverte d’un électeur à tous ceux qui font de la politique à gauche

Pour faire avancer l’unité à gauche, faites comme nous : copiez, collez et personnalisez cette lettre ouverte, puis envoyez la vite aux responsables politiques de gauche que vous connaissez. Et faites tourner !

Le Kremlin-Bicêtre, mai 2011

Chers camarades,

Comme disent les Chinois, il est des coups de massue qui rendent lucides : si la gauche veut remporter les élections présidentielles de 2012, elle devra aller unie au combat dès le premier tour.

Imaginer que tel ou tel candidat ou candidate évitera la dispersion des voix à gauche entre vos différents partis, provoquera le réflexe d’un vote « utile », est un pari dangereux, une illusion entretenue par des sondages dont on connaît la volatilité… et la fiabilité.

Enterrer Nicolas Sarkozy trop vite est tout aussi illusoire. C’est un redoutable adversaire en campagne électorale, chacun le sait. C’est un des rares domaines où sa compétence n’a pas encore été mise en doute.

Mais surtout, Marine Le Pen sera vraisemblablement au second tour, nul besoin de sondages pour le craindre.

L’élection présidentielle de 2012 se gagnera donc au premier tour. Autrement dit, celui des deux candidats, de gauche ou de droite, qui aura le plus rassemblé son camp avant le scrutin présidentiel aura de fortes chances de l’emporter, soit parce qu’il sera face à Marine Le Pen, scénario hélas le plus probable, soit parce qu’il aura obtenu un score élevé au premier tour et aura donc créé une dynamique suffisante pour gagner le second.

C’est le bête et implacable raisonnement arithmétique qu’impose notre scrutin majoritaire à deux tours. On peut regretter qu’il en soit ainsi, qu’il ne nous soit plus permis de faire un « choix de coeur » au premier tour. Mais c’est comme ça.

Cette réalité électorale doit conduire les politiques que vous êtes à agir en conséquence, c’est à dire à vous battre pour que ce soit bien le candidat de gauche qui rassemble le plus efficacement son camp dès le premier tour, et non celui de droite, Nicolas Sarkozy.

Inutile d’attendre le dernier moment pour bâcler un marchandage de circonstance, purement politicien, ou le programme et les idées passeront à la trappe. Inutile encore de compter sur un accord entre les deux tours, vite fait bien fait, entre les partis de gauche au cas où ce serait l’un des leurs qui accède au second tour. Dans le premier cas, face à Le Pen, pourquoi le candidat s’embarrasserait-il d’une négociation avec ses amis politiques alors qu’il est pratiquement certain d’être élu ? Dans le second cas, face à Sarkozy, redoutable candidat, le spectacle de chefs de partis de gauche se rabibochant opportunément après une campagne qui les aura durement opposés sera d’un effet déplorable et ne peut que favoriser le candidat de la droite.

Avez-vous le droit d’envisager cette défaite ? N’avez-vous pas, au nom de la confiance et des mandats que vous ont confié le peuple, des obligations, dont celle de gagner pour mettre un terme à la politique désastreuse menée par Nicolas Sarkozy ?

Chers camarades, il est temps d’atterrir. D’arrêter d’avancer en ordre dispersé, avec des candidatures tactiques, « providentielles » ou fantaisistes. Bref, il est temps de prendre la mesure de cette nouvelle donne électorale et d’en tirer les conséquences. Dès que possible, vos partis doivent travailler ensemble à une plateforme commune et à la désignation d’un candidat unique pour toute la gauche. Après tout, les primaires ont bien été imaginées pour cela, non ?

Rappelez-vous : n’avaient-elles pas vocation, à l’origine, à sortir des logiques partisanes en s’adressant à tous ceux qui « partagent les valeurs de la gauche », qu’ils soient roses, verts ou rouges ? Imaginez la dimension que prendraient ces primaires si elles mobilisaient tous les partis ! Elles donneraient un autre souffle à la campagne et un autre poids au candidat ainsi désigné. Et avouons-le, elles seraient sûrement prises beaucoup plus au sérieux qu’aujourd’hui.

Pour vous, responsables politiques, ce ne sera pas facile de dépasser les clivages et les rivalités d’appareils, on l’imagine. Certains d’entre vous ne souhaiteront peut-être pas monter dans le train de l’unité. Mais l’enjeu est à la hauteur de l’effort : pour que la gauche remporte ce scrutin présidentiel, l’unité et les concessions qu’elle implique, sont le prix à payer et, soyons plus positifs, le défi à relever.

D’ailleurs pensez-vous sérieusement qu’un programme qui rassemble tous les partis de gauche soit un défi aussi insurmontable ? Nous partageons tous un socle de valeurs communes : écologie, services publics, société solidaire, emploi pour tous, fiscalité redistributive, laïcité, régulation de la finance, éducation, innovation, recherche, et bien sûr, l’ambition d’une France forte, généreuse et influente sur la scène mondiale.

Chers camarades, quelle tâche plus stimulante qu’un programme unitaire pour ceux qui aiment la politique et veulent changer les choses ! Ce n’est pas une utopie, c’est une nécessité. Les électeurs le sentent et multiplient les appels dans la presse et sur le Net. Nous sommes à un an de l’échéance, vous avez encore le temps de vous y mettre. N’attendez pas.

Un programme, un candidat… la victoire en 2012 !

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Vogelsong – 20 mai 2011 – Paris