Sous le signe de l’étrange

Publié le 28 mai 2011 par Marc Lenot
Le nouvel espace de la Galerie Suzanne Tarasieve dans le Marais présente une exposition collective où, si l’on avance au-delà des sculptures de bimbeloterie de Nick Cave dans l’entrée, on peut passer au milieu de la peinture minimale coloriée et vibrante de Pierre Schwerzman, argentée et criarde (j’ai aimé une aurore grise et noire) pour arriver aux installations d’ Angelika Markul, un peu à l’étroit ici, mais où la richesse des flots de plastique noir froissé s’enferme dans des cubes de verre ou se déploie en une cascade rutilante et débridée au mur, au milieu de néons colorés : toujours cette capacité de l’artiste à créer des ambiances inquiétantes, mais elle a besoin de plus de respiration. (Migration(s), 2011) À l’étage, on est d’abord assailli par un mannequin de modiste couvert d’une robe de dentelle submergée par les coulures dégoulinantes de cire de bougies ; la photo est un peu plus loin : Delphine Balley excelle à créer des atmosphères glauques, criminelles et désinvoltes à la fois. Elle s’était fait remarquer par un portfolio de faits divers dans Le Monde 2 ; ici l’absence de texte renforce le mystère. (Le mausolée, 2009 Le couple Robert & Shana ParkeHarrison (Monsieur pose, Madame prend la photo) propose ici des images surréalistes grises dans de très beaux tirages au look ancien ("Black and white Resin Coated prints mounted to Russian ply panels, Golden acrylics, and Golden UV varnish"). J’ai bien aimé cet homme transformé en insecte bâtisseur, minuscule sur son immense boule de terre ou d’immondices. (Kingdom, 2000)  On reste sous le signe de l’étrangeté. Photos courtoisie de la galerie