Le retour des algues vertes sur les plages bretonnes

Publié le 29 mai 2011 par Vindex @BloggActualite
-Plage recouverte d'algues vertes-

C’est bientôt l’été et du fait des températures anormalement élevées, les premières marées vertes ont envahi les plages bretonnes. Chaque année à partir des mois de juin et juillet, des milliers de tonnes d’algues se retrouvent sur les plages de la région. Pourquoi en cette période, pourquoi dans cette région ? Comment faire pour lutter contre cette pollution ?

Les algues vertes se développent dès les premières chaleurs en se nourrissant de l’azote et des nitrates déversés par les cours d’eau dans la mer. Ceux-ci proviennent des épandages des agriculteurs sur les champs. La terre ne peut absorber les quantités trop importantes qui sont versées et par conséquent, soit les produits ruissellent dans les rivières à la première pluie, soit ils s’infiltrent et vont polluer les nappes phréatiques. Puis ils se retrouvent tôt ou tard dans la mer et favorisent la prolifération des algues vertes.

Ce problème de la pollution aux nitrates et à l’azote est européen. Un rapport établi après cinq années de travail par des chercheurs européens évalue le coût pour l’UE entre 70 et 320 milliards d’euros chaque année, soit 150 à 740 euros par personne et par an. Plus de 10 millions d’Européens vivent dans des zones où les taux de nitrates dans l’eau dépassent les seuils réglementaires avec des risques pour la santé, l’eau n’étant pas assez bien traitée. La Bretagne en est un bon exemple. Il existe aussi une pollution de l’air provoquée par la pulvérisationdes engrais sur les cultures. Cette pollution aurait entraîné la mort prématurée de 300 000 à 400 000 personnes en Europe. Il faut ajouter que les algues vertes sur les plages en plus d’être une pollution visuelle, dégagent un gaz dangereux lorsqu’elles pourrissent sur les plages. Elles ont d’ailleurs provoqué la mort d’un cheval et l’hospitalisation de son cavalier en 2010 en Bretagne toujours. Le premier ministre François Fillon s’était rendu sur place et avait promis de lutter contre cette pollution mais rien n’a changé, si ce n’est plus d’argent pour récolter les algues sur les plages.

Pourtant, les solutions existent pour contrer ce problème des algues vertes. Par exemple en diminuant l’épandage de lisier issu des élevages de porcs en Bretagne. Le lisier produit par les cochons est répandu dans les champs pour apporter des nitrates mais la quantité est souvent trop importante. Un moyen peu coûteux serait de mettre les cochons sur de la paille au lieu de grilles comme actuellement. Les éleveurs récolteraient alors la paille avec les déjections et cela formerait du fumier. Le fumier, favorisant le compostage, est moins dangereux que le lisier. De plus, d’après André Pochon paysan breton favorable à l’agriculture durable[1], cela coûte moins cher à l’éleveur de pratiquer l’élevage sur paille que l’élevage hors-sol. En effet, plus besoin de traiter le lisier puisque que le fumier peut être répandu dans les champs sans problèmes. Le hangar est ouvert donc plus besoin de lumière artificielle ni de ventilation. C’est bénéfique pour les éleveurs et pour l’environnement.

Les solutions existent donc pour lutter contre un apport trop importanten azote et autres nitrates dans le sol.Mais pour cela, il faut revenir à certaines manières de produire que l’on a considérées comme dépassées. Pourtant, elles permettent de produire tout autant et pour moins cher dans un monde agricole en crise.


[1] Le livre noir de l’agriculture, Isabelle SAPORTA, 2011,[1]

Florian Thomas.