Seule Venise

Par Emmyne

 - de Claudie Gallay -

" Je vous regarde.

- Qui est Euripide ?

Après je me tais.

Silence. Entre nous. Dans la pièce.

Vous mâchonnez un moment votre crayon.

Vous me prenez le livre des mains et vous le feuilleter à votre tour. Après vous allumez une cigarette. Vous me regardez.

ça dure...je ne sais pas.

Je voudrais que ça ne s'arrête jamais un regard comme ça. Que ça nous prenne, que ça nous garde et que ça nous enterre tous les deux.

Vous me rendez le livre."

.

- Francesco Guardi -

" Vous me regardez approcher.

Vous dites Les actes impurs sont les plus beaux, et vous reposez votre verre sur le comptoir.

Les mots, à peine entendus. Lus sur vos lèvres. Devinés.

Les actes impurs.

Je m'assois près de vous.

Il est des êtres dont c'est le destin de se croiser. Où qu'ils soient. Où qu'ils aillent. Un jour ils se rencontrent. On est de ceux-là.

- Qu'est-ce que vous voulez boire ?

- La même chose que vous.

Je crois qu'on est ensemble, déjà. Qu'on a sa place dans la vie l'un de l'autre. Même s'il ne se passe rien. Même si on ne se touche pas.

Même si vos mains.

- Hemingway venait là lui aussi. Et puis Barrès, Proust, Morand...

On revient à cela, toujours, immanquablement.

- Vous les aimez tant que ça tous ces gens ?

- Je les aime oui.

- Tellement ?

- Tellement.

- Et vous venez là parce qu'ils y sont venus ? Les livres ne suffisent pas ?

- C'est la vie qui ne suffit pas.

- Mais les livres, ce n'est pas la vie ?

Vous souriez.

- Peut-être que vous avez raison."

.

- Giovanni Antonio Canal -

.

" Je ne suis pas triste.

C'est autre chose, un sentiment diffus qui me remplit. Comme si toute une part de moi s'était reconnue en vous.

Toute une part de moi.

C'est cela.

Cela seulement. "

.

- Claude Monet -

*