Revendications

Par Kasey

Des étudiants se rebellent...

    Depuis une semaine se joue dans une école de kinésithérapie une crise sans précédent en 4 ans. Tout s'est déclenché par une perte de copies d'examen. A l'origine, les élèves de première et deuxième année se plaignaient déjà depuis deux ans des conditions des étudiants sans avoir le sentiment d'être entendu. Cette petite goutte d'eau dans un énorme vase déjà que trop rempli a rendu les étudiants de toutes les promotions en colère. Et l'affaire a dégénérée avant d'être contenue.

     Des élèves et des parents en colère ont déversé à tord leur fureur sur les secrétaires qui ne sont malheureusement pas responsables de la situation. Et heureusement, personne n'a songé à porter plainte. ( recours utilisé lors de perte de copie du baccalauréat ).

Y a le problème de surface, celui de fond et la connerie humaine.

La connerie humaine c'est de s'en prendre violemment aux personnes qui ne sont pas responsables. De déverser sa colère sur eux. Sans rien apporter de constructif. C'est de critiquer un système, une faute grave ( du point de vue des étudiants ) alors qu'on a peut être aucune légitimité à le faire ( quoique cela reste discutable dans le sens où les élèves n'ayant pas révisé cette épreuve - et existants - ne se feront pas connaitre bien évidemment ! ). 

Le problème de surface c'est cette perte de copie qui mobilise les étudiants qui réclament réparation. Une réparation certes légitime mais disproportionnée ( avis personnel ) par rapport à l'investissement des élèves d'une manière générale.

Le problème de fond est ( selon moi ) le plus important. 

     A savoir que depuis longtemps, les étudiants se plaignent de certaines choses qu'ils voudraient changer, qu'ils voudraient plus d'écoute et de réponses du corps enseignant mais se confrontent à un mur de silence et d'indifférence qui les exaspère.

     Dans toutes les écoles de kiné, les professeurs comme les élèves se plaignent. Parfois de l'équipe enseignante où des discordes font rage. Parfois des élèves. Parfois tout simplement de l'état qui ne fait rien pour améliorer la condition de notre profession ( du moins, c'est la conclusion à laquelle on aboutit quand les années s'écoulent et que rien n'est fait. ) et qu'à exprimer le " directeur " de FMT magazine dans son dernier numéro dans sa présentation.

     Toutes ces remarques sont pertinentes.

     Combien de fois en tant qu'étudiant du public n'avons nous pas entendu " vous payez rien " ( 600 euros ) alors estimez vous heureux ?

     Combien d'étudiants de grandes écoles parisiennes ( ASSAS EFOM ... ) ne comprennent pas comment en dépensant 8000 euros par an ils ne bénéficient pas de matériel pédagogique valable ? de tables de massages en bon état et en nombre suffisant ? de bibliothèque étudiante conséquente ? etc...

      Combien de professeurs n'ont pas décriés les nouveaux étudiants kinés depuis 5 ans car ces derniers proviennent de Médecine ( désormais L1 santé ) et qu'ils sont nuls, peu travailleurs, de mauvaise foi, jamais présent en cours ?

      Combien de professeurs se plaignent du manque de présence des élèves en classe dans les cours non obligatoires ? Et combien d'élèves disent qu'ils viendraient en cours si les professeurs étaient bons ? 

( Après, de ce côté là, j'ai la langue bien pendue. Les professeurs que je respecte... ne sont pas légions. Mais, je peux citer des professeurs dans mon école qui s'investissent énormément pour les élèves, qui changent leurs cours chaque année dans l'intéret de la profession, d'autres encore qui savent communiquer leur amour du métier, ou de la matière qu'ils enseignent à la manière des professeurs chercheurs de faculté... et d'autres, où assister au cours signifie supplice, lutte contre l'endormissement, et perte de temps. 

Je ne mache pas mes mots... mais pour reprendre les paroles d'un autre étudiant " on est là pour apprendre un métier, pas seulement pour valider des examens. Et vos cours ne nous apprennent rien qui nous permettra d'être un bon kiné ". )

      Combien de professeurs se sont rebellés contre l'insolence des étudiants ? contre la mauvaise volonté de certains ? le foutage de gueule d'autres ? ( pour avoir assister à ce genre d'attitude... c'est triste à voir. )

      Combien d'élèves se sont sentis incompris par l'administration parce qu'ils demandaient la même chose qu'exigeait de nous les professeurs ? A savoir du RESPECT, un comportement ADULTE.

      Parfois, on en vient à se demander quand on est dans une école où y a des gens sur qui reporter notre colère ( l'avantage de la faculté est que les revendications sont bien plus dures à faire entendre... car on ne connait pas les gens qui sont responsables... et que si les professeurs se tirent dans le dos dans une équipe enseignante on en entend pas parler ) qui est irrespectueux ?

L'élève qui revendique une attitude du corps enseignant ?

Ou bien l'enseignant qui revendique cette même attitude du corps étudiant ?

     Un exemple marquant... et pourtant insignifiant pris isolément. 

Rendre un devoir à l'heure sous peine d'avoir zéro. ( personnellement, cette année, il m'est arrivée pour un tel devoir malgré le fait de m'y être pris dans les temps impartis d'avoir des indispositions pour le boucler avant le jour J et de passer des heures dans les transports en commun pour tout finaliser, à faire jouer des relations étudiantes pour imprimer, relier, corriger... parce que justement notre DEVOIR d'ETUDIANT était de respecter les horaires imparties. 

Par respect d'une part : parce qu'on a tous vécu cela une fois, de réclamer des documents à des dizaines de gens et de se faire c**** à devoir rappeler à l'ordre les gens qui n'étaient pas capables de comprendre la perte de temps que cela occasionne quand y a des retards. Prenez des exemples de la vie de tous les jours : organiser une quète, des vacances, un repas de famille... )

Par peur d'une note pénalisante : menace suprème pour l'étudiant qui a l'obligation de valider ses résultats.

Toutefois, force est de constater que si la majorité des étudiants respectent ces délais, le corps enseignant s'offre plus de laxité à cet égard quand il s'agit de rendre des résultats, des copies, ou des cours en temps et en heure. 

Mais là encore, je me ferai l'avocat du diable car un devoir avait été demandé à l'ensemble de la promotion sans pénalisation à la clef... résultat plus de 6 fiches n'ont pas été rendu au professeur qui prenait de son temps libre pour les corriger et nous les faire parvenir. 

Il faut un minimum de cohérence tant de la part des étudiants que de la part des professeurs.

On ne peut exiger une attitude respectueuse de la part des professeurs si la majorité d'entres nous ne se pénalisent pas elle même du comportement de certains. 

      Quand on est professeur et qu'on se plaint de l'attitude des élèves d'une manière générale, j'estime qu'il faut aussi se remettre en question.

J'ai toujours été directe et prise de parti à ce sujet. Mais les professeurs qui m'apprennent quelque chose, me font partager leur savoir, m'apprennent mon métier, font bien leur travail... ou au moins se sont donnés à fond pour cela. Je les ai toujours défendu vis à vis des élèves qui criaient au scandale. De même que je ne les ai jamais injuriés, récriés... et ce même dans les moments où je me prenais de sales notes de ces dits professeurs. 

La légitimité d'un cours ne s'évalue pas à la note qu'on obtient. Mais à ce qu'on retient du dit cours et ce qu'il sert dans notre pratique courante.

Car au final, c'est cela qui fera que vous êtes ou non un bon kiné.

     Qui ne se souvient pas du nouveau diplômé qu'il a appercu dans un cabinet d'assistanat et qui était pas fichu de faire un bilan de patient ? de diagnostiquer un problème de genou basique ? de faire un bon interrogatoire ? ou appliquer un bon traitement ? dont les patients se plaignaient ?

On s'en souvient tous. En tant qu'élève, directeur de cabinet libéral, ou bien en tant que patient.

Quel respect avions nous pour ce professionnel de santé ?

Et savoir que nos soins étaient remboursés par la Sécu est ce que cela suffisait à dédouaner ce dit diplômé ? 

Mais diplomé de quoi ?

De bons résultats sur une feuille de papier bidon qui est dépendante de l'école dans laquelle il se trouve ?

Car quel étudiant n'a jamais rencontré d'autres étudiants d'école qui étaient moins bons ou meilleurs et dont les notes ne s'en ressentaient pas ?

        Si nous sommes professeurs, et que les élèves désertent notre cours il faut se demander pourquoi.

De même que quand les élèves n'écoutent pas il faut se demander pourquoi.

Se REMETTRE EN QUESTION que l'on soit élève ou professeur est ESSENTIEL.

       Par exemple, un de nos professeurs suggérait de donner un cours sur la radiologie dans notre école. L'école a refuser. On ne connait pas les aboutissants et les tenants de l'histoire. A savoir pourquoi l'école à refuser. La seule certitude que nous étudiants avions c'est que ce cours là on l'aurait suivi, on le voulait.

Sans même se demander est ce qu'il nous le mettrait à l'examen.

Mais parce que l'on considérait que c'était un plus nécessaire dans notre pratique kinésithérapique où l'on est souvent confronter à la lecture de radio, IRM, clichés de Scanner en autodidacte.

Sans formation.

        Là, où un autre écueil se creuse c'est celui de la reconnaissance de progrès...

J'entends par là, qu'en quatre ans... j'ai quand même vu des changements dans l'école. Et que les nouveaux arrivants ne voient que ce qui ne va pas... et non, ce qui a changé par rapport aux promotions précédentes.

Deux exemples : on arrive désormais à avoir des emplois du temps sur trois semaines quand autrefois avoir l'emploi du temps de la semaine suivante était très dur.

L'autre exemple concerne le temps de révision pour les examens... même si ce n'est pas grand chose, les deuxièmes années cette année pour le S1 on bénéficié de plus de temps pour réviser par une meilleure gestion des cours écrits magistraux.

Et cela, les progrès que l'école peut accomplir... personne n'en parle. Personne ne dit merci. Personne ne dit " continuez, c'est bien ".

On récrimine.

Mais on est aussi INCAPABLE de reconnaitre le bien quand il est sous nos yeux.

         Cette profession est IMPARFAITE.

Et peut être que beaucoup ont raison en disant de ne pas s'engager dans cette voie. Même si nous sommes une des rares professions à avoir un taux de chomage frôlant le 0%.

Parce que à force d'être inconsidérer tant en tant qu'étudiant, qu'en tant que professionnel de santé ( professeur ou praticien ) nous sommes peu amènes à accepter le dialogue, l'ouverture d'esprit et la remise en question.

Et on en vient à faire comme toutes les vaches en ce Monde, on rumine et on fait ce qu'on nous demande de faire. Sans plus. Sans rien chercher d'autres...

      Un des derniers cours auxquels j'ai assisté, un professionnel de santé kinésithérapeuthe se plaignaient qu'il n'y ait pas assez d'études sur le bénéfice de la kiné dans les cas de scoliose...

Son baratin ( malgré le fait que ce soit un excellent professeur et apparemment un excellent praticien ) m'a vite gonflée. Parce que comme dirait l'autre, au lieu de se plaindre à nous, pourquoi cette même personne qui a les patients pour faire des études de cas, ne fait elle pas les études qu'elles aimeraient lire dans les journaux scientifiques ???

Pourquoi vous professionnels de santé ne recrutez vous pas les étudiants comme main d'oeuvre pour mener ce genre d'études si vous estimez que c'est une perte de temps et de bénéfice pour votre cabinet ?

Au lieu de critiquer...

       Rien n'est parfait en ce Monde.

Rien ne le sera jamais.

J'étais de celles qui ont manifestés lors du changement du Diplôme d'Etat. car cela semblait très important. Depuis, la FNEK se bat pour les étudiants, certains professionnels de santé se battent pour les diplômés...

Mais peut être faut il aussi savoir se regarder en face et se dire " moi aussi je peux faire quelque chose " plutôt que sans cesse râler.

      Car la grande vérité, c'est qu'une fois rentrée chez vous, une fois diplômés, une fois vos partiels validés, les gens en ont rien à FOUTRE des grandes causes, des problèmes qui existaient...

Car on est en France fichtrement individualiste.

        Alors cette école, y a beau avoir beaucoup de choses qui me déplaisent... après 4 ans passé dedans, et encore probablement deux années... j'en deviens juste cynique. Les choses me passent au dessus... je laisse mes oreilles furetées à droite à gauche, je dis ce que je pense quand j'en ai envie, et que j'estime qu'il faut calmer le jeu, que parfois c'est pas la peine de crier au loup, ou alors si mais en regardant le comportement que l'on a nous aussi... Y a probablement des choses graves comme cette perte de copies d'examens... et probablement des choses mineures qui sont des gouttes d'eau...

Mais au final, la seule facon d'avancer serait de reconnaitre qu'on est TOUS ADULTES.

On est pas des enfants à tenir en laisse, à dire " fais ci " " fais cela " ou " touche pas ci " " touche pas cela ". 

On est chacun responsable du kiné ( et à plus grande raison de l'adulte ) que nous serons.

Et on sait tous que certains valideront juste leurs examens, sans être jamais un bon professionnel, quand d'autres seront virés alors qu'ils ont le potentiel d'être de bons professionnels de santé. 

Apprenons à nous regarder en face avant de CRITIQUER.

Que l'on soit prof, professionnel de santé ou bien étudiants.

      Et au lieu de râler sur une page facebook, dans les couloirs ou les vestiaires...

Prenons la parole, exprimons nos désaccords civilement si tant est que ce soit possible...

Mais arrêtons de jouer à la phrase du " c'est pas juste ".

      Car si je retiens une chose de mon premier conflit dans cette école c'est que les gens qui râlent, se réecrient... sont pas ceux qui ont les couilles de dire les choses qui ne vont pas. Ceux sont ceux qui vont s'applatir, laisser les autres encaisser, ou faire de jolis minois pour appitoyer les autres.

     Et en tant que professeurs s'il le faut, apprenez à vos élèves le temps que vous passez à gérer de l'administratif, à monter un cours ( 10 heures pour 2h de présentation pour certains ), à gérer des problèmes personnels des étudiants, à prendre à parti certains... 

Expliquez les choses...

Et peut être aurez vous l'impression d'être pour une fois estimez à votre juste valeur.

Et souvenez vous de quand vous vous étiez étudiants...

Ce que vous ressentiez... ce sont des choses qu'on oublie vite quand elles ne nous apparaissent plus vitales, ou qu'elles ne mobilisent plus 90% de notre temps et de nos pensées.

Kath.

Quand au gouvernement, il serait aussi peut être temps d'écouter les kinés diplômés, la FNEK et les gens qui se battent pour nous...

Car c'est de vous que dépend l'avenir de notre métier...

Et accessoirement si ce n'est pas votre vie ( nous ne sommes pas médecin ) votre confort, votre santé, et votre guérison.

Si vous estimez si peu notre profession, peut être devriez vous éradiquez les kinés... plutôt que nous dévalorisez... Car comme l'a justement fait remarquer un représentant de la FNEK y a quelques mois, les réclamations sont les mêmes depuis des dizaines d'années. 

Alors rien de nouveau sous le soleil.

Et aucune solution d'apportée depuis... en tout cas concrète.