L’école, un acteur d’instruction ou de formatage sociétal ?

Publié le 04 juin 2011 par Veille-Education

« Faut-il le rappeler, l’école et le collège sont des institutions sociales par excellence et, dans ce contexte, tout programme contribue en quelque sorte à l’actualisation d’un projet sociopolitique. Il véhicule une vision de la société, une idéologie (au sens large) qui légitime et autorise des pratiques sociales.
Un programme influence ainsi inévitablement la représentation que les étudiants et les étudiantes se fabriquent à l’égard de la société et de ses membres. D’autre part, dans la mesure où un programme s’articule autour d’une conception particulière des savoirs, notamment leur portée cognitive, leur socialité
et leur historicité, il favorise chez les élèves la construction d’un rapport particulier à ces savoirs (Rochex, 1995). Par exemple, entre l’autonomisation et la soumission vis-à-vis de leur « vérité », ce rapport sera plus ou moins émancipateur pour les élèves puisqu’il modulera leur relation à ceux et à celles qui
détiennent ces savoirs ainsi qu’aux pouvoirs que ces derniers leur confèrent. Dès lors, en fonction de leurs orientations, les programmes concourent à des degrés fort divers à la formation de citoyens et de citoyennes ayant développé les potentiels d’action de même que la mobilisation nécessaires pour s’engager de plain-pied dans la vie démocratique de nos sociétés.
Autrement dit, je conçois un programme comme un acteur social, comme le porte-parole de ceux et de celles qui l’ont élaboré, qui fait la promotion d’une représentation particulière de la société, d’où s’ensuit son caractère politique et de facto idéologique. On ne peut donc prétendre à la neutralité en matière d’éducation aux sciences et d’ailleurs, comme le dit si bien Fourez (1990), l’idéologie c’est un peu comme la présence de microbes dans l’intestin, c’est un signe de santé ; vouloir les éliminer complètement, c’est courir tout droit à sa mort. Le problème qui se pose alors à ceux et à celles qui fabriquent des programmes et, aussi, à ceux et à celles qui en font la critique, est celui de préciser les référents idéologiques de leurs discours, tout en sachant qu’il est impossible de les expliciter de manière exhaustive, puisqu’aucun discours ne peut être totalement transparent à lui-même. »
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