Crise de la dette : l’Union Européenne réagit en sciant sa propre branche

Publié le 06 juin 2011 par Letombe

Cela fait maintenant plus d’un an que la Grèce traverse une crise qui ne semble pas s’arrêter. Sous l’impulsion de l’Union Européenne et du FMI, les Etats en faillites se voient contraints d’appliquer des plans visant à réduire drastiquement leurs dépenses publiques.

Si d’un point de vue macroéconomique, ces plans d’austérité amènent une stabilisation des finances publiques, microéconomiquement, ils sont une catastrophe économique et humaine. Sous prétexte de désendetter les générations futures, l’Union Européenne encourage les coupes dans les dépenses sociales comme l’éducation, ce qui a pour conséquence directe une diminution des perspectives de croissance, de formation et d’emploi pour la jeunesse. Et pourtant, ces recettes conservatrices de redressement d’un pays vont à l’encontre des théories les plus néoclassiques de la croissance : en effet les théoriciens de la croissance endogène ont montré le rôle central de l’éducation et de la santé pour promouvoir la croissance de long terme.

A l’exemple des médecins du XVIe siècle certains de guérir leurs patients par des saignées, le risque est que l’Union Européenne saigne également les membres les plus faibles de sa zone monétaire provoquant une contagion et une récession généralisée aux pays plus importants comme l’Italie, voire la France. Ainsi, l’Union Européenne installe toutes les conditions d’une croissance molle.

L’Allemagne a joué un rôle fondamental dans l’inertie d’action de l’Union Européenne en posant des conditions plus contraignantes que celles du FMI aux pays en difficulté. Il y a encore un an, elle souhaitait punir les pays déjà en difficulté, refusait à la fois de racheter les dettes publiques et de prêter à l’Etat grecque. Cette inactivité de la chancellerie allemande a fait perdre une année à l’Union Européenne laissant le temps à d’autres pays de sombrer.

Le mois dernier, l’Union Européenne et le FMI ont négocié la façon dont le Portugal sera saigné : privatisations, réformes des systèmes de santé et de l’administration. L’Irlande a de son côté pour l’année 2011 rendu imposable les revenus les moins élevés, facilité les licenciements, diminué le salaire horaire minimum et les prestations sociales.

La Grèce a été la première à devoir mettre en place ces plans de redressement : engagement à diminuer de 25% le nombre de fonctionnaires d’ici 2015, gel des salaires, hausse de 2 points de la TVA, privatisations à hauteur de 50 milliards entre 2012 et 2015 (vente des banques publiques, privatisation des services publics de l’eau et de l’électricité, etc).

Toutes ces mesures commencent déjà à casser la demande en Grèce, la consommation grecque (cf. graph) a diminué de 8% en six mois. L’Espagne, le Portugal et l’Irlande suivent la même trajectoire au premier trimestre 2011, ce qui annonce le retour d’une croissance nulle en Europe.

Pourtant, d’autres alternatives seraient possibles. La plus importante pourrait être le rachat d’une partie de la dette des pays européens en crise par la BCE afin de desserrer l’étau qui s’exerce sur les gouvernements. Une deuxième alternative pourrait consister à relever la cible d’inflation de la Banque Centrale Européenne pour alléger la dette réelle de l’ensemble des Etats Européens. Une dernière pourrait être de créer un fond monétaire européen qui offrirait des solutions de prêt et de redressement de long terme pour palier l’inertie de l’Union Européenne.

MJS

L’Etat est-il un emprunteur comme un autre ?