Bouts du Monde, un magazine écrit par des voyageurs comme vous et moi

Publié le 09 juin 2011 par Mylittlediscoveries

Vous savez que j'aime les magazines et que j'adore les voyages, alors j'ai décidé de vous présenter aujourd'hui un trimestriel un peu particulier puisqu'il est écrit par des voyageurs comme vous et moi. Et si on partait aux "Bouts du Monde"?

"Bouts du Monde, carnets de voyageurs", c'est:

- un trimestriel avec un tirage de 3 000 exemplaires dont le premier numéro est sorti en mars 2008 (il y a eu une interruption)

- 148 pages SANS PUBLICITÉ de récits, de croquis, de photographies, pour laisser la place et le temps à la poésie et à l'univers des voyageurs

- un format ramassé, hybride, entre le carnet, le livre, la revue, qui trouve sa place aussi bien dans les sacs à dos que dans les bibliothèques

- le principe : les pages ne sont constituées que de ce que les voyageurs ont rapporté de leurs périples. On ne nous dit pas où aller, ni comment y aller, mais on nous fait partager le rêve et la beauté au détour de chaque page

- comment se le procurer: par abonnement, sur le site internet ou encore dans certaines librairies (attention, il n'est pas disponible en kiosque)

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Voici une petite vidéo de présentation:

J'ai entre les mains le Numéro 5 (Hiver 2011) et j'ai sélectionné quelques extraits pour vous donner une petite idée de ce que l'on y trouve.

Les deux premiers extraits sont tirés de la rubrique "Bloc-notes" au début du magazine. On y trouve des bouts de blogs, des bouts de mails, des phrases entendues ici ou là, à ne pas forcément prendre au pied de la lettre, sur ce qui étonne les voyageurs, ce qui les amuse, ce qu'ils ne comprennent pas.

  • "Ladies and gentlemen, captain's speaking. Because of mousson, there will be a lot of perturbations before landing. Please don't be scared. Thank you for travelling with Yeti Airlines" - Népal, vol Jomsom-Pokhara
  • "Nous avons quitté Lhassa depuis une dizaine de jours. Les paysages sont aussi fabuleux que les villes sont glauques et désoeuvrées. Elles sentent la poussière et le gasoil. Il y a des meutes de chiens errants et des camions désossés sur les trottoirs. Internet est partout, mais l'eau courante est très aléatoire. On passe le temps comme on peut. On joue au billard dans la rue. Cela doit être un Anglais qui a amené ce jeu dans cette partie du monde. Mais je ne sais pas qui a décrété que cela devait être une activité d'extérieur." - Tibet, Véronique Escartefigue

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Voici maintenant un extrait de l'article qui m'a le plus marqué dans ce numéro: "Emporté par la foule - La Kumbha Mela d'Haridwar", par Julien Fortin:

  • Le chapô pour situer le contexte: "Julien Fortin a réussi à poser in extremis une sandale sur le marchepied d'un train bondé et en retard pour quitter Haridwar. Pour s'échapper de cette folie. La Kumbha Mela, festival hindou qui se tient une fois tous les 12 ans, n'était pas encore achevée, mais l'overdose rôdait. En avril 2010, au plus fort des célébrations, entre 10 et 14 millions de pèlerins ont envahi, plusieurs jours durant, cette ville d'à peine 200 000 habitants, posée à l'endroit même où le Gange surgit de l'Himalaya pour couler dans les plaines. Noyé dans cette foule fascinante, oppressante et effrayante, au milieu de sâdhus hilares, d'ascètes irréels et de naga babas nus comme des vers, Julien Fortin a gravé dans sa mémoire quelques milliers d'images désormais inaltérables."
  • Et un extrait du texte: "Le yoga est une méthode relativement conventionnelle pour entretenir le corps tout en aiguisant l'âme; d'autres sâdhus ont des recettes plus atypiques. En aval, près d'un carrefour, un autre gourou est assis sur un tapis, la poitrine creusée et la barbe longue, semblable à tant d'autres de ses confrères. Quelque chose paraît bizarre, mais il me faut un moment pour admettre ce que mon oeil voit mais que mon cerveau refuse de comprendre. Son bras droit, levé vers le ciel, semble déconnecté du reste de son corps. Au bout de ce bras, ses doigts forment un noeud, semblable à des racines d'arbres entremêlées - ses ongles, au bout de ces doigts morts, ont poussé en tire-bouchons qu'on a du mal à reconnaître. Cela fait trente ans qu'il n'a pas baissé le bras. A l'entendre, ce sont les premières années les plus difficiles; ensuite, les os se soudent, et le membre reste en l'air de lui-même. Ce que la logique occidentale considère comme un handicap absurde et inutile prend ici un sens exactement contraire: par ce triomphe de la volonté pure, cette victoire de l'esprit de l'esprit sur le corps, le sâdhu prouve l'absolu contrôle qu'il exerce sur son être, dont il est libre de disposer même au-delà des limites de la raison. Loin d'être un handicap, sa condition incarne un pouvoir. Son ascèse, de plus, marque sa foi dans sa chair, et pourrait bien lui gagner les faveurs de Shiva, le plus grand de tous les ascètes. En face de lui, un vieil homme accroupi tient lui aussi le bras en l'air - c'est uniquement pour saluer les passants, mais son air goguenard derrière ses lunettes épaisses donne l'impression qu'il se moque gentiment de son vis-à-vis."

  

Mon avis: Certes le magazine est cher mais il faut plus le voir comme un livre que l'on conserve. Le papier est de qualité, les photos et les dessins sont superbes, et il n'y a pas de publicité. Quant aux articles, ils sont inégaux mais certains sortent vraiment du lot. L'idée de donner la parole à tous les amoureux de voyages est plutôt chouette et originale. A offrir ou pour se faire plaisir...

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Si vous souhaitez être publié dans "Bouts du Monde", rendez-vous ici (et surtout prévenez-moi si c'est le cas)!