Faut-il vraiment prendre un guide au Burkina Faso (ou dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest)?

Publié le 09 juin 2011 par Marjoriem

Le panneau n'est pas toujours là pour signaler les lieux sacrés!

J’entends souvent de la part des voyageurs un peu expérimentés un peu de dédain lorsque la conversation roule sur le guidage et beaucoup de fierté dans la phrase  »Moi, je ne prends jamais de guide ». Les mêmes (parfois) vont s’offusquer du comportement déplacé des autres voyageurs (comme se ballader torse nu sur le marché de Marrakech)…  Mais, combien d’impairs ou de boulettes ou même de marques d’irrespect vont-ils laisser aux habitants d’un village peul s’ils ne sont passés par un guide pour y pénétrer?

Toutefois, est-il nécessaire pour autant de suivre ce guide enrubanné de bleu comme un vrai touareg du désert dans les rues goudronnées de Ouagadougou, pour visiter toutes les boutiques de ses amis artisans? Non, bien sûr!

Alors, zou, répondons tout de suite à l’épineuse question :

Est-il nécesssaire de prendre un guide en Afrique?

A cela, je réponds oui et non!

  • Oui, si vous voyagez en pays Dogon au Mali (à moins de compter des dogons parmi vos amis, ou bien être soi-même volontaire   »peace corpce » en pays dogon, et encore). J’ai toutefois rencontré un couple de bulgares couchsurfers qui ont  voyagé dans cette merveilleuse région sans guide absolument (ça fait partie de leur projet de voyage autour du monde « sharing is everything« ). Après avoir planté leur tente sur une dune de la sable orange face à la mystérieuse falaise de Bandiagara dans les derniers rayons du couchant (je n’exagère pas, allez voir sur leur site), ils se sont retrouvés entourés de villageois furieux armés de machettes. Ils avaient sans le savoir traversé ou piétiné un lieu sacré. Or des lieux sacrés en pays dogon, il y en a partout ou presque, et il y a rarement une pancarte qui vous indique « ATTENTION LIEU SACRE, NE PAS MARCHER DESSUS ». Donc pour éviter de se retrouver dans une situation somme toute assez anxiogène vous en conviendrez, et de heurter violemment les croyances des habitants par une maladresse involontaire, on aura soin de prendre un guide.

    la mère du guide a bien voulu poser avec des grooosses boucles d'oreille en or, celles qu'on offrait pour les mariages.

  • Oui, si vous souhaitez faire des excursions, visiter des villages. En Afrique, l’espace du village est un espace presque privé. On y rentre un peu comme dans une maison, il faut avoir été invité ou introduit. Passer par un guide qui connaît les villageois, c’est déjà respecter la coutume et les traditions. Ensuite comme je l’explique dans cet article, très souvent, le touriste, le voyageur va payer une taxe. Et là, il faut bien savoir à qui la donner!Au chef du village, me direz-vous, c’est facile! Mais si le chef du village n’est pas là? Ou bien si quelqu’un vous indique non pas le chef du village mais le « frère du chef du village » ou « son oncle », en ajoutant « c’est pareil »? Eh bien, il y a de fortes chances pour que vous remettiez de l’argent à la mauvaise personne, que vous semiez un peu la zizanie et que les touristes, par la suite, ne soient plus vraiment les bienvenues.
  • Non, si vous visitez les grandes villes : pas besoin de guide pour visiter le grand marché de Ouagadougou, ou celui de Bamako. Pas besoin de guide non plus pour le village artisanal, ni le musée de la musique.

Comment bien choisir son guide?

Comme l’a justement dit Sandro (du très beau blog de voyage Tête de chat) un bon guide devient vite un « compagnon de voyage », voire un ami (eh oui, j’en ai deux des amis guides!)
Mais à quoi voit-on qu’un guide est bon? C’est un peu la question du bon et du mauvais chasseur… Aussi, voici quelques conseils, mais en la matière, « la lanterne de l’expérience n’éclaire que le sage qui la porte ».

  1. Consultez les forums des sites de voyageurs. Ceux du Lonely Planet ont même un forum consacré aux guides pour certains pays. Vous êtes sûr ainsi de ne pas tomber sur un faux guide qui n’hésitera pas à vous détrousser (ce qui peut arriver, malheureusement).
  2. Si vous avez un profil CS, inscrivez-vous à un groupe  du pays ou de la région que vous allez visiter et poser la question directement à ceux qui habitent sur place. C’est comme cela qu’on a trouvé un excellent guide en pays dogon.
  3. Passez par des agences, ou des circuits (moins « roots », plus cher)

Quelques recommandations et des conseils 

  • Négociez toujours les prestations du guide AVANT et mettez-vous bien d’accord sur ce que le prix comprend. Il y a souvent deux formules.
- Tout compris : transports, hébergements, 3 repas (sauf l’eau), visites, guidage, pour vous ET lui. - Guidage uniquement. Très souvent, les guides n’aiment pas cette formule, car vous aurez à sortir de l’argent pour payer les repas, les nuités, etc… et le guide passe alors pour un « mauvais guide » (un guide qui « oblige » son client à débourser plus, car il a mal estimé les coûts). Vous aurez souvent alors à signer un contrat, parfois réalisé sur un bout de papier déchiré, mais c’est un contrat!
  • Vous n’avez pas à débourser plus et en aucun cas le « guide » ne doit vous demander un supplément pour payer un autre « guide » ! Eh oui, j’ai déjà vu ça : un guide qui prend lui-même un guide, et de surcroît vous demande de le payer. En fait, c’était pas un guide, mais un escroc déguisé en rasta…
Enfin n’oubliez pas : Les guides qui affichent le look rasta ne sont pas forcément plus cools que les autres! Un bon guide n’est pas forcément un guide officiel. Un guide du pays vous permettra de rencontrer sa famille, prendre le thé avec ses amis. Ce sont des occasions en or pour discuter et échanger!

Non loin de Djené

Et vous? Avec ou sans guide?