Célébrer une amitié de 50 ans !

Publié le 10 juin 2011 par Mpbernet

On fait souvent une grande fête pour les 50 ans de mariage d'un couple....Mais a-t-on jamais songé à une célébration de 50 années d'amitié ? C'est ce que je partage avec ma "correspondante allemande", comme on disait alors, au temps où pour bien parler une langue vivante, il fallait passer un mois dans une famille, si possible ne parlant pas le français. Voire plus.

Je ne vous ai jamais parlé de Karen, mon amie de 50 ans. Karen Ostertag est photographe de son métier. Elle a été formée d'abord chez son père, dont le studio était situé Steinweg 4, Marburg an-der-Lahn. Il parlait un peu français, lui. Elle, jamais.

J'ai dû m'y mettre pour me faire accepter, comprendre, adopter. J'y suis allée plusieurs années de suite. Karen est venue en vacances chez nous à Cannes. Nous avons fait les 400 coups, on bavardait comme des malades. Ma passion pour la photo, c'est bien entendu à elle que je la dois. Même de très loin, nous sommes toujours restées en contact, avec des brouilles et des retrouvailles émouvantes.

Je me souviens aussi de l'époque où elle est venue travailler à Paris, peu de temps après mon mariage. Je l'ai hébergée quelques semaines. Ma mère me disait que j'étais folle de laisser "entrer le loup dans la bergerie", car Karen était passée devant la caméra et avait un contrat de mannequin chez ELITE. Une grande femme de 25 ans extraordinairement mince, rousse aux yeux noirs. Claude a fait beaucoup de progrès en allemand à cette époque, mais il ne voyait que moi....

La dernière fois que nous nous sommes vues, c'était chez elle, dans la banlieue chic de Münich. Elle est mariée à Sigmar, un scientifique. Après avoir publié plusieurs livres de technique photographique, elle est devenue designer, dans le domaine para-médical. Elle a conçu un modèle révolutionnaire de béquilles.

Je les ai essayées, elles sont à la fois plus stables, infiniment plus confortables, moins dangereuses, plus légères que les cannes anglaises que nous avons en France. Quel dommage qu'elles n'y soient pas encore commercialisées.

Et je viens d'apprendre que son nouveau modèle vient d'être nominé pour le Prix Allemand du Design 2012. Et vous comprendrez pourquoi au premier coup d'oeil.

Alors, je croise les doigts pour qu'un prix lui soit décerné, et que ses modèles si beaux figurent bientôt dans l'exposition itinérante du Prix du Désign. Peut-être une de ces aides à la marche - traduction de "gehhilfe" plus chic que béquille, non ? - viendra au Red Dot Design Museum de Singapour ! Enfin, les estropiés français pourront peut-être se déplacer avec aisance et sans s'arracher les paumes des mains ....