Critique : Breaking Bad saison 3 (créée par Vince Gilligan)

Par Juloobs

Vince Gilligan a fait ses premières armes en tant que scénariste et producteur de la série X-Files et d’un de ses spin-off, The Lone Gunmen. Sachant que la série n’était pas prévue pour durer plus de 3 saisons (on parle de 5 saisons maintenant), Breaking Bad montrera-t-elle quelques signes d’essouflement ?

Avec : Bryan Cranston (Walter White), Anna Gunn (Skyler White), Aaron Paul (Jesse Pinkman), Dean Norris (Hank Schrader), Betsy Brandt (Marie Schrader), RJ Mitte (Walter White Jr), Giancarlo Esposito (Gus Frings).

Après deux saisons de bonne tenue, j’étais impatient de voir ce que cette saison 3 allait révéler et quelle voie choisirait un Walter White en rémission. Dans Breaking Bad, Walter White est un professeur de chimie qui a opté pour la fabrication de méthamphétamines à Albuquerque, au Nouveau-Mexique. Une décision qu’il a prise après qu’on lui ait diagnostiqué un cancer du poumon en phase terminale, afin de payer son traitement et assurer une sécurité financière à sa femme Skyler et ses 2 enfants. Attention : Spoilers dans la suite !

Remis (temporairement) de ses ennuis de santé, Walt (et Skyler) continue(nt) de s’enfoncer dans le mensonge. Et Jesse – à qui Walt voue décidément une confiance sans borne – continue de lui coûter incroyablement cher ! A nouveau, cette saison de Breaking Bad démarre tranquillement. Un peu trop. Elle patine pendant les 4 premiers épisodes. Cela permet de prêter attention au grand soin apporté à la réalisation : panoramas ardents en haute définition, angles de vues insoupçonnés, acteurs impliqués… Pas de doute, c’est du cinéma pour le petit écran !

Dès l’épisode 5, sous l’impulsion maîtrisée de Vince Gilligan, Breaking Bad se transforme (à l’image de Walt) en montagnes russes. Breaking Bad fait son show et mêle violence démonstrative et drame humain, en jouant sans cesse sur les attentes du spectateur, ravi d’être secoué. Parmi les surprises de cette nouvelle saison, on relèvera que les attentions (et les soins) se portent (aussi) sur Hank, le beau-frère de Walt. Même si c’est en lieu et place de Walt qu’Hank a failli rejoindre le pays des morts, Walt démontre une grande humanité. Aussi, Gus est la vraie révélation de cette saison; il fait preuve d’une énorme présence, d’une grande ambiguïté, et on voit bien qu’il tient entre ses mains le destin de Walt, passé définitivement du côté obscur de la série US. Ce dernier se demande bien comment il en est arrivé là mais la machine est en marche, inéluctablement. D’autant plus que Skyler entre dans le jeu de Walt et le couvre, malgré le peu d’assurance dont elle dispose à son sujet, malgré une procédure de divorce engagée. Le séjour en hôpital de son beau-frère Hank lui a permis de mieux comprendre ce qu’avait enduré son mari; Les petits moments d’indécision et de tensions, de maladresses entre Skyler et Walt sont nombreux et accentuent la touche réaliste de Breaking Bad.

A l’image de l’avocat-clown de Walt et Jesse la série tourne parfois à la caricature mais avant l’apparition du générique de fin, Breaking Bad parvient toujours à nous surprendre et à remporter notre adhésion. A tel point qu’il est difficile de se contenter du visionnage d’un seul épisode. On veut toujours savoir ce qu’il va se passer dans la tête et autour des personnages. Inévitablement, l’étau se ressere sur Jesse et Walt (affaire du camping car + Season finale), même s’il est à redouter que l’intrigue se recentre sur ce type de règlements de compte. Bryan Cranston est toujours aussi incroyable tant il est capable de faire jouer toutes les émotions imaginables en canalysant l’attention et en portant ni plus ni moins que les enjeux de la série…

La force de Breaking Bad est paradoxalement son relatif manque de moyen (en témoigne l’épisode 10, intitulé La mouche) qui contraint toute l’équipe à faire preuve de créativité et de débrouille. On n’est clairement pas dans du Scarface à la télé et c’est ce qui rend la série ambigüe, suggestive et si captivante. Cette saison plus violente, ancrée dans un grand souci de réalisme, nous fait pleinement goûter à la double vie de Walt.