Amon Tobin, insecticide à souhait

Publié le 14 juin 2011 par Cequejecoute @cequejecoute


Amon Tobin – ISAM (mai 2011)

L’étrange papillon du nouveau Amon Tobin étonne. Ce brésilien, orfèvre technologique au talent et à la réputation multiples, sampler dézingué et explorateur sonique en tout genre, veut y signifier un univers aussi lilliputien qu’implosif. Hier les jeux vidéos (avec sa BO du jeu Splinter Cell : Chaos Theory en 2005), aujourd’hui « Microcosmos » chez les geeks : peu importe le contexte, tout peut être matière à exprimer sa musique chez ce féru de musiques nouvelles (de la drum’n bass à l’IDM en passant par le trip hop).

On pense d’abord, assez circonspect, à des ébauches de titres empruntant directement au Windowlicker d’Aphex Twin, aux jaillissements technoïdes de Mr Oizo ou de Justice ou encore aux rythmiques typiquement affolées de Squarepusher. On change progressivement d’état, intrigué, et là le papillon sort de son cocon. « Lost & Found » , tout en euphorie cadencée, claironne avec superbe la fuite vers des petits bouts de monde, faits de libellule et de flore indistinctement préhistorique ou futuriste. Et ce n’est pas « Dropped From The Sky » qui va préciser l’époque ni le lieu de cet univers, entre conte électro-musical faussement joyeux et science-fiction rouillée et vintage. Des pauses larviques et contemplatives, aux frontières de la musique concrète, ponctuent largement cet OVNI sonore . « Kitti Kat » ou l’introductif « Journeyman » brouillent tout discernement. L’écosystème, pour Amon Tobin, n’est fait que de buzz et de vroums, de casseroles et de voix de sirènes, dans un maëlstrom indigeste aux couleurs fluo et aux piques sonores plus incisives que de la 3D. Ce « Microcosmos » en HD sonore inspire un monde technologiquement faillible et guidé par les affres créatrices et despotiques d’un artiste. Avec « SIAM », Amon Tobin a réussi à se lâcher par le biais même de son propre univers, incertain, surprenant, déroutant.

Amon Tobin – Journeyman

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Amon Tobin – Lost & Found

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