Ils sont aidés par un Prince de Galles frivole, queutard et dépensier, qui deviendra le roi Édouard VII pour 9 ans à peine avant de céder la place à son neveu. Son fils, le duc de Clarence, était mort en effet. De mort naturelle ? C’est ce dont l’enquête d’un journaliste que croise Pitt permet de douter.
Thomas Pitt, justement, est au meilleur de sa forme. Il réussit par ses observations de terrain à faire condamner l’assassin d’un juste, admirateur des républiques grecques antiques. Il s’attire ainsi la haine de certains avocats et juges, tous membres du Cercle intérieur, cette organisation secrète qui noyaute le pouvoir et vise même à le prendre. En donnant un coup de pouce à certaines circonstances. Par exemple un gros scandale mettant en cause le Prince de Galles, le feu mis aux poudres de la misère en fermant quelques usines des quartiers pauvres de Londres. Pitt, renvoyé du commissariat de Bow Street par les influents qu’il gêne, est affecté à la Special Branch, cette police secrète chargée de surveiller les activistes dans ces quartiers mal famés qu’un rien pousse à l’émeute. S’il y disparaissait, d’ailleurs, les manipulateurs n’en seraient que plus ravis.
Mais voilà, Pitt n’est pas seul, lui non plus. Le passé vous rattrape toujours et il a su nouer des relations et des amitiés qui le confortent et qui l’aident : sa femme Charlotte, sa bonne Gracie, son ancien inspecteur Tellman, la tante par alliance de sa femme Lady Vespasia, son ancien chef Cornwallis, son nouveau chef Narraway… Chacun apporte sa pierre à l’édifice, les embrouilles sont débrouillées. Non sans mal, mais c’est ce qui fait l’attrait haletant de l’enquête. Nous avons là en effet l’un des meilleurs Pitt de la série !
Anne Perry, La conspiration de Whitechapel (The Whitechapel Conspiracy), 2001, traduction française 10/18 2007, 395 pages.