La logique du matérialisme s’oppose à celle de la démocratie

Publié le 15 juin 2011 par Lecriducontribuable

Si vous pensez que nous vivons en démocratie et que votre bulletin de vote, en 2012, risque de vraiment changer quelque chose, ne lisez pas ce livre*. Mais si, au contraire, vous avez la conviction que le gouvernement est finalement au service d’une classe dirigeante (telle ou telle section de celle-ci), s’il vous parait évident qu’il y a des gouvernés et des gouvernants, que donc le peuple n’est plus le souverain, cet ouvrage va vous intéresser.

Un mot de l’auteur, pour ceux qui ne le connaitraient pas.Yvan Blot a 62 ans. Il est actuellement inspecteur général de l’administration au ministère de l’intérieur. Il a fait l’ENA et il est docteur en sciences économiques. Clairement de droite, il a été le co-fondateur du Club de l’Horloge en 1974. Après avoir été directeur de cabinet de différents secrétaires généraux du RPR, il entraine son ami Bruno Mégret à adhérer en 1979 à la formation gaulliste. C’est notamment sous son impulsion que Jacques Chirac adopte une position anti-étatiste en 1981… En 1982, en même temps que son compère, au scrutin proportionnel, il est élu député du Pas-de-Calais. Partisan de l’«unité de la droite», il rejoint le Front national en 1989. Elu député européen la même année. Suit son ami Mégret en 1998. Revient au FN en 1999. Et quitte la vie politique en 2000. Depuis longtemps passionné par les idées politiques, il est féru de philosophie (surtout grecque) de morale (plutôt chrétienne), et de culture germanique (avant tout celle d’Heidegger). Il est le spécialiste incontesté en France de la Démocratie directe (DD) et l’inspirateur d’une proposition de loi présentée par son ami Christian Vanneste, 63 ans, député UMP du Nord, et par ailleurs professeur de philosophie. Son livre part d’un constat : nous sommes gouvernés par une ou plusieurs oligarchies, qui agissent dans leur intérêt propre, et qui se maintiennent au pouvoir, malgré la défiance massive dont elles font l’objet. Il se termine par une proposition concrète pour en sortir : l’instauration, conformément aux droits constitutionnels fondamentaux, d’une véritable DD, telle qu’elle est pratiquée non seulement en Suisse, depuis 150 ans, mais aussi aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie, en Uruguay ou au Liechtenstein. L’essentiel de cet opus est consacré à l’analyse de la doctrine partagée par ces oligarchies. Pour ce faire, Yvan Blot a recours à un concept élaboré en 1949 par le philosophe allemand Martin Heidegger : le «Gestell», mot qu’ici on peut traduire par «pièce» ou «rouage», d’ou l’on déduit «la logique du Gestell», où l’homme devient un rouage d’un système d’ensemble, est «arraisonné» (décervelé) par la recherche permanente du fonctionnel. Dans ces régimes – URSS, Allemagne nazie, Occident contemporain… – l’homme devient une matière première indifférenciée, interchangeable, déconnectée de toute culture, de toute nation. La culture de l’homme «moderne» est «hors-sol»…De ce concept découle en effet la plupart des caractéristiques du monde contemporain. Et de son idéologie égalisatrice. Et du politiquement correct qui exclut du champ du débat public toute forme de dissidence. Partout. Avec de simples nuances. Comme le disait le grand Soljenitsyne, «en URSS règne la censure ; en Occident vous pouvez parler, mais ça ne sert à rien…»Comme son maitre, Yvan Blot, qui est sévère, n’est pas pour autant pessimiste : «la logique du Gestell» porte en elle-même les ferments de son échec. Car les systèmes sociaux qui s’appuient sur elle ne peuvent que disparaitre. Après une résistance farouche des oligarchies concernées. Sans doute sommes-nous entrés dans cette phase finale. Où les systèmes dominants, économiques, financiers, politiques sont à bout de souffle. Où des changements de paradigme vont s’imposer. Mais pas avant que ne se soient écroulées toutes les constructions oligarchiques. Par exemple l’euro, l’ONU, l’UE, le FMI… Pour que reviennent les seules valeurs qui fondent la liberté et la prospérité. Yvan Blot rappelle (page 121) la devise du canton de Vaud : «Liberté et patrie». À ceux qui l’adopteront, le reste sera donné de surcroit… Alain Dumait*L’oligarchie au pouvoir. Economica, 144 pages, 19€

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