[BD]Bowen, tome 1 : l’Homme le plus haut

Publié le 18 juin 2011 par Vance @Great_Wenceslas


Une bande dessinée de Gil Formosa & Benjamin Rivière, parue aux éditions Glénat (2011).

Album broché de 56 pages, format 32x24 cm.

Résumé : En 1956, E.L.S.E. est une agence américaine militaire secrète, indépendante de la N.A.C.A. (ancêtre de la N.A.S.A.), mais visant les mêmes objectifs : conquérir l’espace, grâce à une technologie encore expérimentale et deux pilotes d’essais chevronnés, dont le Sergent-Major Bowen, au passé mystérieux. Elle opère à partir du Nevada, dans la fameuse zone 51

Une chronique de Vance

Répondre à l’appel de Masse Critique est pour moi la possibilité de découvrir d’autres facettes de la littérature. Parfois, c’est l’occasion d’une « bonne pioche », par laquelle l’ouvrage se révèle encore meilleur que ne le laissait supposer sa présentation. Souvent, il s’agit d’une bonne surprise, ponctuée de légères imperfections, mais qui a le mérite d’exister et pour lequel il faut reconnaître le travail éditorial.

Le Masse Critique « spécial BD » lancé récemment me permettait de donner une sélection de comics-books et de BD alléchantes. Lorsqu’on m’a fait savoir qu’on m’attribuait Bowen, j’étais aux anges. Pensez donc : aéronautique, prémisses de la conquête spatiale, zone 51, Roswell et théorie du complot. Un mélange de Buck Danny et de X-Files qui ne pouvait que m’enchanter !

Las !

Sous des dehors agréables (bel ouvrage cartonné, doté d’une couverture intriguante sur laquelle se détachent un astronaute ensanglanté et un F-104 Starfighter modifié) avec en page de garde des « blueprints » d’un jet top secret et un dossier ultra-confidentiel, l’album m’a fait très vite déchanter. Passons vite sur le dessin, très old school avec un encrage d’un autre âge : ça donne un style particulier, un brin naïf, ou nostalgique, à l’ensemble. Le découpage est un peu moins classique et permet quelques illustrations hors cadre. Mais si l’intrigue est dense, bourrée de secrets dont on sait d’avance qu’ils ne seront révélés qu’au compte-gouttes (il s’agit du tome 1 d’une série à venir), les dialogues sont vraiment insupportables, constellés de clichés et pullulant de points d’exclamation, au point qu’on se demande si les personnages passent leur temps à crier. A moins que l’histoire ait été écrite par quelqu’un de très jeune (c’est un défaut récurrent chez les enfants en rédaction). Mais non : Formosa, bien qu’avant tout designer publicitaire (il a collaboré avec Jean-Jacques Goldman et a fait des affiches de film), est déjà un vieux routier de la BD (il s’est lancé dans l’heroic fantasy dès 1982 chez Dargaud). A noter pour les amateurs de comic-books qu’il a travaillé pour Marvel (une couverture d’un album de Conan) et Semic.


On se retrouve ainsi avec un matériau fascinant, au pouvoir attractif énorme (quand bien même il aurait été galvaudé par d’innombrables productions) mais on n’arrive guère à se passionner, la faute à un découpage hâtif, des ficelles beaucoup trop visibles et des happenings remontant à l’époque des premiers épisodes de Twilight Zone. Les nombreuses zones d’ombre entourant le projet « Long Joe Space » (d’une technologie trop avancée pour l’époque, avec cet alliage inconnu aux propriétés exceptionnelles) et les origines du sergent-major Bo Owen ne parviennent pas à entretenir l’intérêt, miné par une mise en page anémique. Voici d’ailleurs un extrait révélateur :

KOVLEV (ingénieur russe vivant dans une base secrète du Nevada) : Trop tard, yankee, j’ai Bowen !

COXWELL (lieutenant-colonel, supérieur et ami de Bowen, capturé par le Soviétique) : Tu as torrt, Kovlev ! Bowen n’est pas à la hauteur…

KOVLEV : Je suis loin d’être de cet avis, très cher ! J’en sais sur lui beaucoup plus que toi… et… j’ai même quelque chose à t’apprendre sur ton ami… quelque chose que tu n’aurais jamais pu imaginer…

COXWELL : Tu débloques, sale Russkof… Aarrrg… (il se fait étrangler par un homme de main)

KOVLEV : Ecoute bien : en réalité, Bowen est un…

COXWELL : Non… pas lui !!!

On passera aussi sur les personnages féminins, semblant tout droit issus des premiers James Bond (une blonde et une brune dans chaque camp, toutes deux au physique de top model, toutes deux succombant au charme du bô héros). Cela passerait si l’objectif était de rendre un hommage appuyé à ces œuvres qui jadis nous faisaient vibrer, un peu à la manière des récents OSS 117 avec Jean Dujardin. Mais ce n’est pas le cas. Si le début est plutôt bon (le design du jet est très réussi) et dynamique, tout ce qui se passe au sol n’est vraiment pas à la hauteur.

Grosse déception, surtout au regard des possibilités offertes par le pitch.

Ma note : 1,2/5

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