(Critique) Tu seras mon fils - Gilles Legrand

Par Meuwine

Après La Jeune Fille et les Loups sorti en 2007, le réalisateur Gilles Legrand s'est lancé avec Tu seras mon fils dans une histoire sur les relations pères-fils sur fonds d'un magnifique domaine viticole... La sortie étant prévue pour le 24 août 2011, j'ai eût la chance de le découvrir en avant-première mercredi dernier.

Synopsis : "Paul de Marseul, propriétaire d’un prestigieux vignoble à Saint Emilion a un fils, Martin, qui travaille avec lui sur le domaine familial. Mais Paul, vigneron exigeant et passionné, ne supporte pas l’idée que son fils puisse un jour lui succéder. Il rêve d’un fils plus talentueux, plus charismatique… plus conforme à ses fantasmes de père. L’arrivée de Philippe, le fils de son régisseur va bouleverser la vie de la propriété. Paul tombe en fascination devant ce fils idéal. Commence alors une partie d’échec qui se jouera à quatre : deux pères, deux fils, sous le regard impuissant des femmes qui les entourent. Et au moins l’un d’entre eux n’a plus rien à perdre …"

Tu seras mon fils est en drame qui en entremêle plusieurs : deux relations pères-fils, la question de la succession mais aussi celle de la confrontation à la maladie... Gilles Legrand a voulu nous raconter une histoire dure, triste mais honnête et pose une question simple aux spectateurs : un père a-t-il l'obligation morale d'aimer son enfant ? cette obligation existe-t-elle toujours une fois l'enfant grandi ? 

Car Paul de Marseul (Niels Arestrup) n'a pas le fils dont il rêvait, il lui en veut et l'exprime très clairement tout le long du film... Son fils interprété par Lorànt Deutsch est désemparé et n'arrive quant à lui, ni à se faire accepter par son père, ni à ce que celui-ci lui accorde un peu de sa confiance.

Parallèlement va se dérouler la confrontation entre deux fils, et deux pères. Martin essayant par tous les moyens de se faire accepter par son père va faire face à Philippe (Nicolas Bridet), fils du régisseur de vins, un rival indéniable au charisme ravageur. François (Patrick Chesnais) père de Philippe, en phase terminal d'un cancer va très mal accepter la nouvelle relation de son fils avec Paul de Marseul et finira par lui faire comprendre. 

Ce double drame familial se déroule entièrement sous le signe viticole. Le vin est partout, régissant la vie de tous par une relation professionnelle, personnelle, intime. Difficile d'exprimer à quel point le long-métrage porte le spectateur dans cet univers fascinant mais effrayant. La réalisation est souvent précise et sait capter chaque instant, chaque détail, qui offrent aux spectateurs poésie et réalisme. 

Si, bien que masculin, le vin apparait comme un personnage sensuel, envoutant et féminin, la présence de deux femmes (Anne Marivin et Valérie Mairesse) se révèle importante et permet d'apporter un peu de douceur à la dureté des situations auxquelles les personnages doivent faire face. 

Bien filmé et réalisé, les personnages portés par des acteurs de talent (en passant par la dureté Niels Arestrup, le charisme de Nicolas Bridet, la tristesse et la colère de Lorànt Deutsch, la douceur de Valérie Mairesse...) nous offrent un bon moment de cinéma dramatique. Un bon, voire très bon, film français à découvrir fin août ! 

15/20