Exposition BD : exposition Sambre d’Yslaire

Par Manuel Picaud
L’exposition-vente consacrée à la sortie du nouvel épisode, le T.6 de sa série emblématique Sambre ne dure qu’une semaine. Il ne fallait donc pas manquer le vernissage. Plusieurs auteurs et pas des moindres sont venus saluer l’artiste Bernar Yslaire et admirer ses crayonnés ravissants. La Galerie 9e Art s’est pour l’occasion parée de quelques touches rouges, la marque de fabrique de cette série éditée par Glénat depuis un quart de siècle. Échos en images.

L
e belge Bernar Yslaire revient comme auteur complet de sa série Sambre débutée en juin 1985 avec Balac, et très vite poursuivie seul en cours du T.2. Cette série romantique par excellence est l’une des plus ambitieuses sagas familiales du neuvième art. Après avoir démarré dans le journal Spirou où il signe notamment la série Bidouille et Violette, l’histoire d’une amourette entre les deux adolescents, Yslaire débarque dans le journal Circus édité par Glénat et créée la série Sambre avec Balac, le pseudonyme non humoristique de Yann. Le premier cycle de quatre tomes s’intéresse à Julie, une jolie braconnière aux yeux rouges et Bernard Sambre, un jeune bourgeois provincial aux cheveux rouges. Dès le T.1, le public répond présent et la série obtient le Prix Sain-Michel de la meilleure BD en 1986 et le Prix des lecteurs de Libération en 1987. Le deuxième cycle en cours se tourne davantage sur le destin de Marie qui va survivre à son amant dont la présence reste dans son esprit. Amours impossibles, vengeance et jalousie égrainent cette série dont la trame historique de la révolution de 1848 enrichit les décors et amplifie les caractères des protagonistes. Mais le rythme est parcimonieux. Le tome précédent est sorti en septembre 2003.
Au-delà de la série mère, l’auteur a en effet construit une grande fresque autour de l’arbre généalogique de la famille Sambre à la manière de Frank Giroud qui a décliné son Décalogue avec la série induite les Fleury-Nadal. Ainsi il a développé le scénario de plusieurs trilogies dont la première Hugo et Iris s’est terminée. A chaque fois, le dessin est confié à une autre équipe. Dans la précitée, deux copains du Sud de la France, passés par l’École Saint-Luc à Bruxelles et repérés par Yslaire y ont débuté avec entrain et brio. Si Jean Bastide était absent au vernissage, Vincent Mézil (ci-contre) a profité d’un voyage à Paris pour saluer son maître. L’élégant jeune homme résidant dans le Tarn réfléchit d’ailleurs à une nouvelle histoire comme auteur complet. D’autres auteurs avaient tenu à se déplacer, à l’instar de Jean Dufaux, Jacques de Loustal (ci-dessus avec Yslaire), Juanjo Guarnido (ci-dessous) ou Frank Pé. Le galeriste Bernard Mahé, polo rouge de circonstance, et son équipe avaient pour l’occasion dressé un buffet plein de légumes crus, sur une nappe rouge … et du vin rouge. Petit clin d’œil à ce nouveau "Michelin" des vernissages !
Le graphisme d’Yslaire est saisissant plus proche du réalisme, dégageant une crédibilité et une émotion particulières. Pourtant, si les crayonnés sont réalisés de manière traditionnelle, toute la suite est réalisée avec l’outil informatique en partie par Photoshop, devenu l’un des logiciels de référence. Ainsi le recadrage, l’assemblage, la composition de la planche finale n’est qu’art numérique. Mais bien art. L’auteur maîtrise à ce point son outil qu’il le fait oublier. D’autant que l’artisanat n’est jamais loin. La matière des couleurs peut ainsi être réalisée à part, et intégrée ensuite dans la palette graphique. En revanche, le résultat est une planche BD à imprimer mais pas un original à collectionner ou exposer. Comme le dit l’auteur lui-même, son métier est d’écrire et dessiner des histoires pas de réaliser des œuvres à exposer. Pour permettre néanmoins aux fans d’acquérir des originaux, il propose trois expositions successives en Belgique (Champaka Bruxelles jusqu’au 4 juin), en France (Galerie 9e Art Paris jusqu’au 22 juin) et en Suisse. Il y présente des crayonnés de son dernier album qui vient de paraître. Certes, le prix de vente n’est pas modeste (à partir de 800 €), mais chaque pièce contient de nombreuses esquisses dont certaines très poussées. L'auteur était à Lausanne, à la librairie Raspoutine le samedi 18 juin, pour une conférence-dédicaces.

Une semaine seulement pour voir cette exposition et acquérir un ou plusieurs originaux d’Yslaire. Voici un concept d’exposition événement éphémère pour habituer les amateurs à réagir vite. Vous avez sur ce panorama quelques photos du vernissage et bien sûr des œuvres exposées. Et si vous pouvez encore vous libérer, allez y encore aujourd’hui ! Et passez aussi sur le blog de l'auteur blog.yslaire.be illustré très régulièrement ...

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SambreT.6 : La Mer vue du Purgatoire - de Bernar Yslaire blog.yslaire.be - Glénat, collection Caractère 15 juin 2011 - 14,50 €
Exposition-vente
Bernard Yslaire(Crayonnés de Sambre) jusqu'au 22 juin 2011 à la Galerie du 9ème art - www.galerie9art.com- 4 rue Cretet – 75009 Paris - métro Anvers ou Pigalle ligne 2 - ouvert du mardi au samedi de 14h00 a 19h00 et sur rendez-vous (+33 1 42 80 50 67)
Photos © Manuel F. Picaud / Auracan.com