La mystérieuse mort de Marie-France Pisier

Publié le 22 juin 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

Dans au moins trois chapitres de son beau et mélancolique livre El Cómputo de ocho años, l’écrivain de Samoa Albert Hanover réfléchit sur différentes options concernant le concept de patrie. Du à sa vie nomade depuis sa plus tendre enfance, Hanover n’a jamais ressenti que les racines furent quelque chose de physique et il situa dés tout petit son sentiment d’appartenance nationale au territoire imaginaire. L’enfance, ou le souvenirs de celle-ci (ce qui conférait aux patries un caractère immuable et mobile qui s’unissait avec ses idées sur l’identité et la vie tout comme avec son existence itinérante) comme patrie. Le langage—Non seulement la langue natale, mais plutôt toutes les langues qu’une personne peut parler, constitutifs, chacun d’un territoire et d’une vision cosmique commune et inconsciente pour tous les gens qui la parlent—comme une patrie. Lors d’une occasion, il lui est même arrivé de lire avec admiration le cas d’un écrivain qui acceptait comme seule patrie la langue portugaise, ce qui lui parut encore plus sympathique et opportun lorsqu’il sut que l’écrivain en question ne la comprenait ni ne la parlait.


De la même manière que cela était difficile pour lui de s’identifier avec une seule ville. Il aimait avec douleur et ferveur, sans aucun ordre hiérarchique, plusieurs des villes dans lesquelles il avait vécu. Il aimait par dessus tout ces villes auxquelles on peut se sentir très lié tout en se sentant un comme un véritable étranger au moment de parcourir ses rues. Il savait aussi qu’il appartenait de droit à des villes dans lesquelles il n’était jamais allé de la même manière que, bien qu’il sentait une passion à l’égard de ces villes, il voyait qu’il ne possédait pas le même sentiment pour d’autres villes dans les quelles il avait vécu plusieurs années. Parmi les premières. Il fut à Paris qui, à la différence de San Francisco, il connaissait directement mais sans y avoir jamais vécu bien qu’à différentes occasions il fut sur le point d’y vivre avec sa famille avant ses 16 ans. Cela ne l’empêchait pas d’avoir des souvenirs dans des dizaines de ses places et de ses rues.

Le grand responsable était le cinema. Hanover avait vu, depuis son adolescence, tellement de films de la nouvelle vague qui évoquaient la capitale française que très tôt une sensation grandit en lui d’être né et d’avoir passé son enfance et son adolescence à Paris, lieu dans lequel il aurait aussi souffert des blessures d’un amour non réciproque envers une jeune-fille des jeunesses musicales de France qui voulait être son ami plutôt que son amant.

Lorsqu’il découvert cette même histoire dans un court-métrage de Truffaut, Antoine et Colette, deuxième des cinq feuilletons de la biographie d’Antoine Doinel, il contempla l’image de la fille sans que cela lui pose un problème, alors que cela aurait pu lui avoir brisé le cœur en mille morceaux.

C’était Marie-France Pisier, un des mythes de la nouvelle vague et de Mai 68. Le mois d’avril dernier, son corps apparût flottant dans sa piscine privée de Saint-Cyr sur Mer, comme tournant une scène d’une variation de Sunset Boulevard.

Paul Oilzum