Découvertes surprenantes à l’Alhambra

Publié le 22 juin 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

Nous avons tendance à posséder une vision tellement tranchée de la réalité que quelque découverte anthropologique qu’il soit est susceptible d’être rejetée, ignorée ou désactivée car qualifiée de fortuite ou de peu représentative…

Avec toute probabilité l’épithète «grotesque» (de grotte, phrase italienne qui signifie grotte ou crypte) provient d’un trouvaille accidentelle à Rome lors la période la plus agitée de la renaissance (XVème siècle) dans les souterrains des Thermes de Tito. Dans cet endroit furent trouvées une série de peintures ornementales dont la caractéristique essentielle était—selon les paroles de Mijail Bajtin, auteur du brillantissime livre La culture populaire du Moyen-Age et La Renaissance—un «jeu insolite, fantastique et libre de formes végétales, animales et humaines qui se confondaient et se transformaient entre elles».

Comme ce genre ne concordait pas avec l’idéologie de la renaissance en vigueur, qui aspirait à être le synonyme de la récupération de tout civilisation de l’Antiquité, on pensa au début qu’il s’agissait d’une anomalie, possible produit de l’imagination démentielle d’un artiste solitaire. Seulement, au fur et à mesure, on commença à trouver de plus en plus d’exemples dans différents endroits le l’antique monde grec et latin des mêmes motifs tératologiques et aberrants il a fallu admettre que le grotesque était une manifestation habituelle dans le monde classique qui qui cohabitent naturellement avec ce que les temps antérieurs considéraient comme leur unique canon de beauté, en s’ouvrant et en dépassant l’idée de la superposition historique de différents ordres qui prennent des substrats précédents les éléments qui leur conviennent le mieux pour des raisons qui ont quelque chose à voir avec la légitimité politique, le prestige culturel ou la simple coïncidence de gouts. Dans ce sens, l’Histoire est toujours l’Histoire du présent et à partir de fragments, souvent rares et aléatoires, elle construit des récits sur ce qu’il se passait dans le passé et n’est jamais extérieurs à l’art de l’interprétation.

Ainsi par exemple, dans les mentalités de manière générale: les grecs continuent de représenter le prototype du serein, du sobre et de l’équilibre, malgré l’originalité de leurs statues et temples multicolores. Les contemporains de la Renaissance avec leur mentalité rationnelle et scientifique donnent quand à eux, une importance capitale à la magie, l’alchimie, l’hermétisme et les doctrines. Et pour finir, les arabes ne dessinent jamais de figures humaines ni d’animaux, bien que, de plus un plus, des découvertes apparaissent dérogeant à cette règle, de manière générale.

Le dernier d’entre eux a été trouvé au Mirador de Lindaraja de l’Alhambra de Grenade. Il s’agit de plus de quatre-vingt pièces polychromes qui représentent des végétaux, des animaux fantastiques et des figures humaines cohabitant avec des versets du Coran qui s’unissent sur l’envers d’une étoile du soffite du patio des lions ou se trouve une estampe d’un homme à barbe blanche et turban au corps d’un animal ressemblant à un chat ou à un chien.

Paul Oilzum