La Villa Flora de Winterthour invitée à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne

Publié le 23 juin 2011 par Elisabeth1

Van Gogh, Bonnard, Vallotton…

La collection Arthur et Hedy Hahnloser
«On ne collectionne pas les amitiés, elles se rassemblent pour former le cercle dans lequel on s’épanouit», remarquait à ce propos le fils des collectionneurs Hans Hahnloser.
La Villa Flora invitée à la Fondation de l’Hermitage DU 24 JUIN AU 23 OCTOBRE 2011 La Fondation de l’Hermitage consacre sa grande exposition d’été à l’une des plus prestigieuses collections privées d’Europe : la collection Hahnloser. Réunie entre 1905 et 1936 à Winterthour par Arthur Hahnloser (1870-1936) et son épouse Hedy Hahnloser-Bühler (1873-1952), cette collection est exceptionnelle à plus d'un titre. Elle est le fruit de rencontres et d’amitiés avec de nombreux artistes, parmi lesquels Ferdinand Hodler, Giovanni Giacometti, Félix Vallotton ou encore Pierre Bonnard, qui introduisirent les Hahnloser sur la scène artistique parisienne, les aidant et les conseillant dans leurs achats. La plupart des oeuvres composant la collection ont été acquises directement dans l’atelier des peintres, ou auprès des grands marchands parisiens tels Bernheim-Jeune, Ambroise Vollard ou Eugène Druet. Le Semeur, symbole identitaire de l'artiste responsable au sens spirituel de la germination, du cycle de la naissance, de la vie, de la mort. Les liens étroits que les Hahnloser ont tissé avec les milieux de l’art se sont aussi traduits par de nombreux séjours des artistes chez les collectionneurs, qui les accueillirent régulièrement à la Villa  Flora, leur maison de Winterthour, et dans leur résidence d’hiver, à Cannes. Plusieurs oeuvres attestent  aujourd’hui encore de ces moments d’amitié privilégiés, partagés avec Vallotton, Manguin, Vuillard ou Bonnard. Dans cette perspective plongeante, les personnages environnants sont comme enchassés, dans une impression flottante et mobile, dans la mosaïque du damier. Une photo d'archive permet de reconnaître les particpants de la partie de dames : Tristan Bernard, André Picard, Natanson l'éditeur de la revue Blanche, Jossé hessel et sa femme Lucie, et l'actrice Marthe Mellot Après la mort de Arthur (1936) puis de Hedy (1952), leurs descendants créèrent la Fondation Hahnloser/Jaeggli. Sous son impulsion, la Villa Flora, construite en 1858 et plusieurs fois remaniée et agrandie pour accueillir la collection, a été ouverte au public en 1995. En 1980, tous les descendants du couple de collectionneurs créent la Fondation Hahnloser-Jaeggli. Et en 1995 s’ouvre le musée du post-impressionnisme sous le nom de
«VILLA FLORA WINTERTHUR – SAMMLUNG HAHNLOSER».
Constituées principalement de pièces tirées de ses fonds, les expositions périodiques connaissent un grand succès. L’exposition montre, pour la première fois réunis, les chefs-d’oeuvre de la Villa Flora, associés à d’autres  joyaux de la collection Hahnloser aujourd’hui en mains privées. La manifestation regroupe ainsi plus de 150 oeuvres emblématiques de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
S’ouvrant par de beaux ensembles de Hodler et Giovanni Giacometti, premiers peintres collectionnés par les Hahnloser, et une magnifique sélection du symboliste Odilon Redon, Commentés par Bernhar Hahnloser expliquant que son père enfant, ne comprenait pas pourquoi l'oreille de sa mère avait cette teinte mauve si chère à l'artiste.

Ils allèrent encore plus loin pour Vallotton : c’est en effet à Paris qu’ils découvrirent son art. L’entente fut immédiate. En ce lieu névralgique de l’activité artistique de l’époque, l’éventail de leurs intérêts s’élargit rapidement. L’oeuvre de Bonnard acquit à leurs yeux une importance égale à celle de Vallotton. Bientôt s’ajoutèrent les travaux d’autres représentants du groupe des Nabis : des sculptures choisies d’Aristide Maillol, des petits tableaux de Kerr-Xavier Roussel et Maurice Denis. L’amitié qui liait les Hahnloser à Henri Manguin, avec qui ils étaient en contact régulier, les conduisit sur les pas de ses amis artistes réunis sous le nom de « Fauves», notamment Albert Marquet et Henri Matisse. Ils se rapprochèrent davantage encore de ce dernier en 1923, lorsqu’ils achetèrent une maison à Cannes. Cette acquisition leur permit aussi de se rendre fréquemment dans l’atelier de Bonnard.
Incitations, stimulation, conseils, soutien, encouragements – autant de témoignages d’amitié qui imprègnent encore toute la collection et semblent vibrer dans chaque oeuvre. La Villa Flora invitée à la Fondation de l’Hermitage
La prestigieuse villa lausannoise, qui abrite aujourd’hui la Fondation de l’Hermitage, appartenait aux membres de la famille Bugnion, eux aussi des gens cultivés et défenseurs de l’art. Ici aussi, les pièces sont baignées d’une atmosphère unique qui invite à la recherche du temps perdu, que l’on peut retrouver grâce aux expositions. La demeure est également entourée d’un parc, prolongement des impressions artistiques de l’intérieur. Cette exposition marque donc la rencontre de deux villas à la vocation similaire. Concevoir une présentation dans un contexte à la fois professionnel et amical constituait un défi particulier. Les oeuvres proviennent pour la plupart de la collection de Winterthour rassemblée de 1905 à 1936 par Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler, auxquelles s’ajoutent quelques perles appartenant à la famille Hahnloser, quelques dons issus du cercle des parents proches, et enfin deux oeuvres maîtresses du Kunstverein Winterthur, legs d’Arthur et Hedy Hahnloser. Hedy sut inciter sa famille à acheter des oeuvres d’art : on se concertait, on échangeait des tableaux, on s’en offrait mutuellement. La collection doit sa particularité à la détermination et aux convictions de ses initiateurs.
«On a reproché à juste titre à notre collection d’être sélective», reconnaissait Hedy Hahnloser. «Or ce caractère sélectif est voulu et conscient. Nous pensons même qu’une telle restriction n’est pas une faiblesse pour un particulier, mais une force». Les limites de ce texte ne nous permettent pas d’étudier les oeuvres avec l’attention qu’elles méritent.
Le lecteur intéressé pourra se reporter aux chapitres dédiés aux différents artistes dans l’histoire de la collection. Nous proposons simplement un « circuit» dans l’exposition, jalonné de quelques temps forts. Hans Hahnloser, dans Hedy Hahnloser-Bühler, introduction au catalogue de l’exposition Die Hauptwerke der Sammlung Hahnloser - Winterthur, Kunstmuseum Luzern, 1940, p. 7. vue depuis l'Hermitage ver le parc La génération suivante fit elle aussi des legs d’une famille à l’autre. Luzia Bühler, fille d’Hermann Bühler, un cousin d’Hedy Hahnloser-Bühler, offrit ainsi plusieurs tableaux à la Hahnloser/Jäggli Stiftung. En résumé l'exposition montre des correspondances éloquantes entre la famille et les artistes témoignant de liens étroits, des aquarelles,  33 toiles de Pierre Bonnard, 4 oeuvres dont un portrait non signé de Paul Cézanne, 2 Maurice Denis, 1 Karl Geiser, 5 Giovanni Giacometti, 8 Ferdinand Hodler, 2 toiles et 2 sculptures d'Aristide Maillol, 9 Henri-Charles Manguin, 1 sculpture de Marino Marini, 3 toiles d'Albert Marquet 9 Henri Matisse, 9 Odilon Redon, 5 Auguste Renoir , 11 Georges Rouault, 2 Touluse Lautrec, 26 Félix Edouard Valloton, 3 Vincent van Gogh, 17 Edouard Vuillard, que vous pouvez admirer en visitant l'exposition et en consultant le catalogue signalé plus haut.
Seul bémol, le sous-sol de l'Hermitage qui refroidit l'ambiance générale et n'avantage pas la présentation des oeuvres. La mise en page des blogs du Monde est toujours aussi aléatoire, je suis désolée, de cette présentation, je n'ai pas le courage de recommencer mon billet ce soir.