Exposition Manet au Musée d'Orsay : Astuces

Publié le 24 juin 2011 par Etrangere


Je suis de retour, prête à vous livrer mes impressions sur une exposition qui aura décidément fait couler beaucoup d'encre. Je vais par la même occasion vous livrer les clés d'une visite agréable, que ce soit pour cette manifestation en particulier, ou pour tout autre structure et événement semblable (ne serait-ce qu'au Louvre). Conseils pratiquesPremièrement, nous approchons inexorablement de la date-buttoir de "Manet, inventeur du Moderne", qui est déjà un paramètre à prendre en compte lorsque l'on envisage une visite. En effet, cela peut être à double tranchant : les Parisiens et aficionados se seront peut-être d'ores et déjà précipités sur cette exposition, et seront enclins à la bouder les derniers jours au profit d'une autre, plus récente, ne serait-ce que "Paris-Delhi-Bombay" au centre Georges Pompidou. D'un autre côté, Paris est une villes touristique, et il est rare que les étrangers dédaignent une programmation de cette envergure, même lors des derniers instants. Une solution : ASTUCE 1: Réserver et acheter ses billets à la Fnac, par avance.Cela vous évitera une superbe file d'attente à l'entrée du Musée, puisque tous les non-avertis n'auront pas eu le réflexe de le faire, et iront grossir la file de ceux voulant acheter leur tickets sur place. Logique implacable, et ô combien cruelle.J'ai moi-même vécu une pareille situation. Moi et ma famille avions attendu pendant deux heures dans une gigantesque file d'attente pour pouvoir acheter notre billet et pénétrer au Vatican. La chaleur était insupportable, et les vendeurs à la sauvette particulièrement pénibles et insistants. A la fin, ce fut la police municipale qui vint nous distribuer de l'eau, prise de pitié. Ce n'est qu'une fois rentrés à notre charmant hôtel que nous avons eus la présence d'esprit d'ouvrir la brochure et découvrir, avec stupéfaction, que nous aurions pu acheter nos billets à la réception. C'est pour vous éviter des déconvenues de ce genre que je vous préviens : achetez vos billets par avance, cela ne coûte pas plus cher (en général), et dans ce cas précis, si vous achetez les billets pour l'exposition, vous aurez aussi accès au Musée d'Orsay, regorgeant littéralement de trésors. Alors, que pouvez-vous perdre ? ASTUCE 2 : Les mineurs en profitentL'immense majorité des musées français mène une politique de démocratisation de l'Art, et propose aux plus jeunes de découvrir le patrimoine à moindre coût. Moindre coût signifiant gratuitement, pour ce qui est d'une visite lambda au Musée d'Orsay.  Ainsi, chers lecteurs de moins de 18 ans, si vous voulez visiter cette exposition, essayez de trouver dans votre entourage un adulte souhaitant également se rendre au musée, et faites en sorte qu'il achète ses billets comme indiqué précédemment. (Je signale au passage que bien entendu, ce n'est pas un article publicitaire pour la Fnac. Je n'ai pas de sponsors, et je me base ici sur ma propre expérience. Libre ensuite à vous d'acheter vos billets sur n'importe quel autre site, ou dans tout autre magasin à votre convenance.)Ainsi, si vous l'accompagnez (ou plutôt, s'il se présente comme votre accompagnateur), vous pourrez faire la queue dans la partie "billets achetés", et pénétrer dans le saint Graal bien plus rapidement avec lui. Cela ne lui coûtera rien, je le répète, et vous ferez une économie de temps certaine. J'ai testé ce système, aussi bien au Louvre  (pas d'attente) qu'au Musée d'Orsay (vingt minutes contre une heure en moyenne). ASTUCE 3 (de bon sens) : Aller tôt à l'expoPour une fois que le dicton "Le monde appartient  à ceux qui se lèvent tôt" est véridique ! En effet, en arrivant une demi-heure avant l'ouverture du musée, vous pourrez vous positionner favorablement dans la file d'attente, déjà assez courte, des "billets achetés". Et, qui plus est, vous pénétrerez au Musée plus vite, et vous aurez accès à l'éventuel audio-guide et à l'Exposition immédiatement ! D'ailleurs, c'est cela la clé de la réussite de cette visite : se précipiter dans la partie vouée à Manet dès le début. Oui, juste après votre arrivée. Là encore, j'en suis une preuve vivante. Après une vingtaine de minutes d'attente, le Musée a ouvert ses portes, et après le traditionnel contrôle de sacs, nous nous sommes dirigés au guichet spécifique. Nous, mineurs, avons payé un supplément (je ne me souviens plus du tarif exact, 5 euros peut-être ?), et après un contrôle de 5 secondes à peine devant l'entrée, nous avons pu admirer l'oeuvre de Manet dans toute sa splendeur. J'ai ainsi croisé le regard d'Olympia, quasiment toute seule devant la toile, tandis que lorsque nous sommes repartis, vers 17 heures, la foule souhaitant découvrir l'étonnante modernité du peintre patientait dans une file d'attente de la longueur de tout le musée. Inutile de dire que les guichets ont également été fermés à ce moment-là.  Alors, vraiment, dommage pour les retardataires...Critique Maintenant que vous avez en main les principales indications pour pouvoir savourer tranquillement cette exposition, et ce même en famille, permettez-moi que j'émette un court avis sur l'oeuvre présenté. Emerveillement...Je reconnais que les toiles d'Edouard Manet (1832-1883)  sont autant de chefs d'oeuvres splendides et poignants qu'une muséographie simple suffit à révéler. Alors, je tire mon chapeau au concepteur du projet pour ce qui est des couleurs : turquoise, rouge et aubergine se marient parfaitement aux dorures des  cadres présentés, et  révèlent tour à tour la force et la délicatesse de ce génie des formes et des teintes. Les quelques 200 documents présentés, tableaux, photographies, dessins et écrits forment ainsi un ensemble à la fois hétéroclite et continu. En effet, pour ce qui est de la collection en elle-même, elle rassemble les portraits (entre mondanité et réalisme) et les paysages (quasi-impressionnistes) tous plus connus les uns que les autres.  Ils apparaissent dans l'ordre de leur création, permettant aussi une remise à l'honneur de la période plus "mystique" du peintre et le traitement nouveau de l'art religieux, chose quasiment méconnue. On  réaffirme ses inspirations, tout aussi fascinantes, nourries par les poètes (Baudelaire, Mallarmé) et les peintres de son époque, qu'il ne reniait pas, ni n'imitait tout à fait. Une réussite certaine, à n'en point douter, puisque la modernité du peintre, à la fois dans ses prises de positions politiques et publiques, la place accordée aux femmes et à l'érotisme, le recours à la fragmentation pour raisons financières, le contact avec la nature dérivant des romantiques et le refus du cantonnement à l'académisme, ressort avec force et charme.  

... et agacement  
En revanche, si vous pensez vous instruire en lisant les légendes et textes rédigés à l'occasion, passez votre chemin. Mieux vaut avoir avec soi son livre sur les arts, ou acheter celui proposé par le musée et spécialement dédié à cet évènement. En effet, les commentaires des toiles ne sont ni équivoques, ni particulièrement précis, allant même jusqu'à emprunter un ton complaisant voire snob. Pourtant, en général, j'aime les textes complexes, mais il me déplaît de me voir traitée avec condescendance. Et ne parlons pas des enfants éventuels... 


Pour résumer Véritable coup de coeur de cette saison culturelle, l'exposition Manet réserve encore bien des surprises. Courez au plus vite l'admirer !