Concert review : beyonce – live au zenith de lille

Publié le 25 juin 2011 par Kayrhythm


Mercredi 22 juin 2011. 6h30. Je n’ai dormi que quatre ou cinq heures, mais il est déjà l’heure de se réveiller. Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Je ne maudis pas cette sonnerie stridente qui m’arrache en toute impunité des bras de Morphée, non. Bien au contraire. J’attendais son signal. Le signal qui m’indiquerait qu’une journée inoubliable débuterait. Aujourd’hui je m’apprête à voir Beyoncé en concert pour la seconde fois. Autrement dit, je m’apprête à concrétiser pour la seconde fois onze belles années de fanatisme éhonté.

Alors oui, un petit coin dans ma tête a tenté pendant quelques secondes, sans doute encore sous le coup de l’humeur matinale, de pester contre Beyoncé pour son choix délibéré d’ignorer Paris dans sa mini tournée française promotionnelle. Les complications logistiques qu’un tel choix entrainait (transport et/ou hébergement) restent un peu en travers de la gorge. Mais ce petit coin rebelle a vite fait de capituler face à la reconnaissance de rigueur pour l’honneur que la Reine a daigné offrir au territoire français en lui accordant exclusivement trois concerts en une semaine. Quand bien mêm se serait-elle déplacée à Montcul dans le Rhône ou à Anus dans l’Yonne, le pèlerinage aurait été identique.

Après quatre heures de route, la ville de Lille nous accueille enfin. Un rapide coup d’oeil au Zénith de Lille m’indique ce que je soupçonnais déjà : le lieu n’est pas à la hauteur du statut de Beyoncé, mais la déesse semble être dans une phase d’expérimentation. Qui sommes-nous pour remettre en question ses choix et ses décisions?

12h15. Les fanatiques les plus courageux se sont déjà installés dans les rangées face aux barrières d’entrée. Arriver huit heures avant le début du concert apparait déjà comme un acte de négligence face à ces hommes et ces femmes, dont certains avaient même prévu un matelas gonflable pour rendre l’attente un peu plus confortable. Ou peut-être avaient-ils dormi dessus cette nuit? Et que dire de la composition du public? Blancs, Noirs, Asiatiques, Arabes, toutes les origines et les Ethnies étaient représentées. Des Punks caucasiens aux cheveux décolorés aux Fatous africaines fraichement sorties de Château d’eau avec leur tissage, sans oublier ce jeune homme venu au concert de Beyoncé avec un T-Shirt à l’effigie de Lady Gaga ou cette jeune fille visiblement admirative des coiffures de Rihanna pendant l’ère “Rated R”… Il s’est ainsi avéré impossible de dresser un profil sociologique type des fans de Beyoncé dans cette foule.

L’attente fut plutôt agréable dans un premier temps, du moins les quatre premières heures. Le soleil était au rendez-vous et offrait un cadre propice à une bonne humeur ambiante, où chacun y allait de sa petite anecdote sur Beyoncé et son oeuvre musicale. Mais comme dans une volonté de tester notre résistance et notre détermination, les cieux s’assombrirent brutalement pour déverser une pluie torrentielle sur les fanatiques. Mais il en faut bien plus pour décourager un fan digne de ce nom, et si pour voir Beyoncé il est nécessaire de braver les éléments, alors qu’il en soit ainsi! Evidemment, il m’est assez aisé d’écrire ces lignes avec le recul, car avec les chaussures inondées et les habits trempés, les brises froides du Nord avaient tous les éléments percutants pour ébranler notre foi.

Ce qu’il faut savoir sur le fan de Beyoncé, c’est qu’il est aussi généreux que vindicatif. La générosité naturelle était palpable dans le partage spontané de nourriture, de parapluies, et d’outils pour confectionner les pancartes et autres banderoles pour manifester son amour à son idole. Mais s’il y a une chose à ne surtout pas faire face à un fan, c’est de s’imaginer pouvoir arriver cinq ou six heures APRES lui et passer DEVANT lui dans la file d’attente, même s’il s’agit d’aller rejoindre son groupe d’amis. Quelques mécréants ont cru pouvoir s’en tirer sans dommages… Mais ont rapidement déchanté face aux huées déterminées de la foule. Quelques échanges verbaux musclés ont même été nécessaires pour dissuader les plus téméraires. Mais dans l’ensemble, c’est une bonne humeur qui a accompagné l’essentiel de l’attente.

19h. Ouverture des portes. Les avertissements de l’agent de sécurité s’étant déplacé pour demander d’éviter de pousser et de penser aux enfants présents dans la foule n’auront évidemment servis à rien. L’ouverture des portes est synonyme de dernière chance d’obtenir les meilleures places, et la cohue semble inévitable. Une fois les contrôles de sécurité passés (contrôles de fortune équivalent à un coup d’oeil rapide dans le sac sans fouille ou fouille corporelle), l’on découvre la salle du Zenith de l’intérieur. 7 000 places. Une capacité assez ridicule face aux 18 000 places d’un Paris Bercy, mais dont la disposition intimiste s’avère particulièrement intéressante. Cependant, l’on est autant frappé par le caractère intimiste de la salle que par la vétusté de la scène, à peine cachée par un rideau noir ne parvenant même pas à en couvrir l’intégralité. Se rendant compte qu’une partie de l’écran géant était visible depuis le public malgré le rideau, l’équipe a entrepris d’installer un voile noir en complément du rideau initial, pour un résultat rafistolé des plus bas de gamme. Un coup d’oeil aux alentours permet de se rendre compte que dans cette salle, les spectateurs placés dans les gradins n’ont pas grand chose à envier à ceux de la fosse. A vrai dire, ils sont peut-être même plus à l’aise, à l’abri des mouvements de foule et des tensions.

Car il n’y a pas de concerts de Beyoncé sans mouvements de foule intenses et malaises à répétition. Et le Dj assurant la première partie du show, et ayant pour mission de chauffer le public, n’a pas lésiné sur les moyens pour créer une atmosphère propice aux bousculades. Il a enchainé les titres les plus populaires du moment, des Black Eyed Peas à LMFAO, en passant par Rihanna, avec une session hommage à Michael Jackson, nourrissant une foule en délire qui ne demandait qu’à se défouler. Un encas assez sympathique en attendant l’arrivée de la Reine en personne.


Une fois le stand du DJ démonté, un membre de l’équipe opérationnelle se met à démonter le rideau, manuellement,  pour dévoiler la scène du show. L’on y voit un escalier, des écrans géants et les instruments de l’orchestre “Suga Mama”. C’est donc une scène relativement dépouillée qui laisse présager un show davantage orienté vers le contenu musical et dépouillé de toutes fioritures.

20h55. Les musiciennes, tout de blanc vêtues, font leur entrée sur scène sous les applaudissements du public qui commence à sentir l’arrivée de leur idole. Les “Mamas”, célèbre trio de choristes de Beyoncé, font également leur apparition sur scène et prennent place devant leur micro. Cette entrée en matière progressive et  est assez atypique pour un show de Ms Knowles-Carter, qui nous a habitué à un cérémonial d’introduction beaucoup plus mystérieux. Les machines à  fumée sont mises en route, et en quelques minutes, l’intégralité de la scène est recouverte d’une épaisse couche de fumée annonçant l’arrivée de la Reine. Me voilà rassuré, il s’agit bien d’un concert de Beyoncé.


21h. Les lumières s’éteignent. Les cris triplent de volume. L’excitation monte proportionnellement au taux de décibels des fans manifestant leur joie d’assister à une représentation de leur déesse. Soudain, l’on distingue, à travers la fumée et les jeux de lumière, une crinière dorée sur la scène. Puis l’on aperçoit une robe à franges rose. Beyoncé reste invisible depuis le public, mais les écrans géants la dévoilent petit à petit. La frustration ressentie face à la présence fantasmagorique de leur idole sans pour autant pouvoir la contempler de leurs propres yeux a sans doute eu pour effet de décupler l’excitation dans la salle. Avant de s’offrir entièrement à son public, Beyoncé se met à le charmer par sa voix telle une sirène au chant envoutant. Elle entonne les premières notes d’un remix on ne peut plus sensuel de son single iconique “Crazy In Love”, dans une version similaire à celle du remix chanté lors de son spectacle intimiste de Las Vegas “I Am… Yours”. La douce sensualité laisse bientôt place à une accélération énergique, avant de libérer la version originale du titre dans toute sa splendeur et sa puissance. Beyoncé se montre enfin. La Reine se dévoile. Le show peut commencer.

Huit ans après, ce titre a toujours le même effet, et je ne me lasse pas des prestations live : toute cette attitude, ces mimiques, ce maniement de cheveux, cette grâce avec ces pointes d’extrême sensualité… Je regrette cependant qu’elle ait conservé la même formule que pour sa dernière tournée hormis le passage de “I Just Wanna Love U” de Jay-Z. Aucune surprise donc pour cette entrée en matière donc, mais Beyoncé a tous les arguments nécessaires pour compenser l’absence de nouveauté.

Chose assez surprenante pour un concert de Beyoncé, elle s’arrête après la première chanson pour contempler son public, le sourire aux lèvres. Un sourire de fierté, un sourire de joie, un sourire généreux mais aussi un sourire d’une gamine à qui l’on vient d’offrir le cadeau qu’elle attendait depuis des mois. Elle se met à remercier son public dans un discours ponctué par son orchestre dans une sorte de cérémonial aussi excessif que jouissif. “Lille, France are you ready?” crie-t-elle, avant de laisser place à un autre titre iconique : “Single Ladies”. Là encore, en dépit d’une absence de valeur ajoutée par rapport aux prestations de sa précédente tournée, la performance reste terriblement efficace, notamment grâce à cette chorégraphie que l’on ne présente plus, et avec la fameuse participation du public répétant les modulations des “Hey hey hey hey” après le bridge. Je suis toutefois surpris de voir ce titre arriver si tôt dans le concert, surtout après “Crazy In Love”. Mais il semble que la première partie du concert soit consacrée à la danse et l’amusement.

Beyoncé enchaine avec son titre “Naughty Girl”, et j’ai le plaisir de constater qu’elle a repris la version de la tournée “The Beyoncé Experience” que j’affectionne tant. Alors, à défaut d’une surprise ou d’une valeur ajoutée, je peux me consoler en appréciant en live une version que je n’avais pas eu la chance d’apprécier en 2007 lors de son passage à Paris. Après m’être égosillé sur les “I love to love you baby”, me voilà prêt à danser sur le fameux “Baby Boy”. Après une introduction un peu remixée, la voilà qui se déhanche sur cette chanson qui  a bercé notre été 2003, accompagnée de ses danseurs masculins, dont les fameux Twins. Et cette fois, l’on peut clairement distinguer des éléments nouveaux dans la chorégraphie, notamment celle des danseurs masculins totalement inédite. Mais le clou du spectacle reste le fameux dutty wine effectué par Beyoncé et ses danseuses  sur une partie remixée du couplet de Sean Paul. Je pense qu’à ce moment, j’ai dû perdre ma voix. Honte à toi Beyoncé, pour m’avoir fait perdre toute trace de dignité à hurler comme une groupie écervelée. Mais difficile de résister à ce clin d’œil à ma culture caribéenne!

Après cette immersion dans ses précédents hits, Beyoncé nous a ramené dans sa nouvelle ère “4″ avec une interprétation de son nouveau single “Best Thing I Never Had”. La belle a entrepris de nous faire chanter l’introduction “What goes around comes back around, hey, my baby” avant de se lancer dans une interprétation du titre dont la promotion ne devrait pas tarder à démarrer. Chose assez incompréhensible, elle a annoncé ce titre comme son nouveau single, après avoir déclaré à Nice que son second single serait “End Of Time”. Il semble que Beyoncé elle-même ne comprenne pas trop ce qui se passe avec la promotion de ce nouveau projet, mais je digresse… Quoi qu’il en soit, Beyoncé a connu quelques difficultés techniques pour cette prestation avec une superposition cacophonique très désagréable de deux bandes sonores vers la fin de la chanson, ce qui a eu pour effet de déstructurer le rythme de la chanson. Il en faudrait pourtant bien plus pour perturber la Reine qui a géré cet incident comme une professionnelle. Ce genre d’erreurs ne ressemble pourtant pas à l’univers de Beyoncé, dirigé d’une main de maître par la perfectionniste qui s’assure que ses shows soient réglés au millimètre près. De plus, il était assez surprenant de voir des techniciens installer (non sans difficultés) un piano sur la scène en background pendant que Beyoncé présentait son titre “Best Thing I Never Had”. Les failles du show étaient clairement visibles, et l’on était bien loin de la magie d’un show à Bercy.

Beyoncé a ensuite offert une prestation dynamique de son titre “End Of Time”, dévoilant la chorégraphie aux inspirations tribales qui devrait être exploitée dans le clip illustrant la chanson. Un peu comme un mélange de la vibe caribéenne de la chorégraphie de “Baby Boy” et des influences africaines de celle de “Run The World”. Autant vous dire que le résultat était détonnant et constituait l’un des meilleurs moments de ce show. Avec une telle prestation, le fait que ce titre n’ait pas été choisi comme le premier single semble encore plus incompréhensible. Tout espoir n’est pas encore perdu, et face à la réaction du public, il ne fait aucun doute que ce titre est un favori des fans. Il ne reste plus qu’à avoir l’intelligence de l’exploiter correctement.

Bey nous a également offert une prestation de son fameux meddley “If I Were A Boy”/ “You Oughta Know”(Alanis Morissette), sans changer grand chose à la version de sa tournée “I Am… Tour”, avec le même doigt d’honneur placé au même moment.  Poutant, même après tous les efforts effectués dans les prestations précédentes chorégraphiées, les prouesses vocales de Beyoncé restent intactes. “If I Were A Boy” n’est clairement pas une chanson facile à chanter, mais Beyoncé l’interprète avec une aisance déconcertante, comme s’il s’agissait d’une chanson de Ke$ha. Cette femme n’est pas humaine.
Beyoncé – If I were a boy – Zénith de Lille par manudouai

Vient alors la prestation de “Sweet Dreams”, dans laquelle Beyoncé semble reprendre son souffle et se reposer sur le facteur divertissement apporté par la présence des Twins et de leur nouvelle chorégraphie pour ce titre. Beyoncé ne se force pas, et se contente de délivrer une prestation vocale impeccable pendant que les Twins assurent le show.

Et elle reprend du poil de la bête pour son interprétation de “Why Don’t You Love Me”, une superbe surprise puisqu’il s’agit d’un titre qu’elle n’avait jamais interprété auparavant dans ses shows précédents. L’on la sent toujours un peu fatiguée par ses prestations précédentes, mais beaucoup plus vivante que pour “Sweet Dreams”, et avec cette voix absolument fantastique et ce charisme (notamment avec ces expressions faciales uniques) qui cimentent l’appréciation des fans. J’ai ADORÉ le petit breakdown sensuel au milieu de la prestation, qui lui a vraiment donné une autre dimension. Ce sont ces petits moments inattendus qui offrent aux prestations toute leur valeur ajoutée! Beyoncé est vraiment dans son élément avec ce style musical, et cela se ressent très clairement dans le plaisir qu’elle prend à interpréter ce titre.

Le peu de voix qui me restait s’est définitivement évaporé avec le fameux moment “Irreplaceable” dans lequel Beyoncé prend plaisir à écouter le public lui chanter sa chanson. Un moment de communion des plus agréables dans lequel tous les fans chantent à l’unisson l’un des plus gros tubes de Beyoncé dans sa version acoustique, comme dans un instant de confidence intime entre la chanteuse et son public. Les “to the left, to the left” résonnent dans la salle avec les bras et les mains mimant le fameux geste, comme dans un rituel d’invocation de l’amour de la divinité musicale. Cet instant reste un moment fort des shows de Beyoncé, et le restera pour de nombreuses années à venir.

Beyoncé a réservé de belles surprises à son public français, en offrant de superbes interprétations des titres “Sex On Fire” de Kings Of Leon, “Bohemian Rhapsody” de Queen, et “The Beautiful Ones” de Prince. Des trois reprises, c’est surtout celle de Prince qui m’a le plus marqué, et qui est certainement l’un des plus beaux moments du concert. Il faut dire que j’attendais désespérément de voir cette prestation, qui avait été retirée du DVD “I Am…Yours” de Las Vegas, et que je n’avais jamais pu voir en haute qualité. Après l’avoir vécu en live, je suis totalement comblé. Beyoncé a habité la chanson comme si elle avait été écrite pour elle et l’a transcendée avec ses prouesses vocales. Un moment inoubliable. Il est pourtant important de souligner que Beyoncé ne connaissait visiblement pas assez bien les paroles de ces chansons et a eu recours à des feuilles de paroles déposées sur le sol qu’elle tentait de regarder le plus discrètement possible… Une attitude assez surprenante de la part de Beyoncé, qui fait d’habitude preuve d’un professionnalisme hors pairs. Mais ne s’agissant pas de ses propres chansons, l’on excusera ce détail, surtout face à la qualité des prestations.

Et dans la continuité de son hommage à Prince, elle a interprété son superbe titre “1+1″ couchée sur un piano. Ce titre prend réellement toute sa dimension en live avec l’interprétation crue et puissante de Beyoncé, soutenue par les sublimes choeurs des Mamas, notamment à la fin. Un moment sublime et délectable. Cette séquence cimente Beyoncé comme l’une des meilleures vocalistes de sa génération, sans l’ombre d’un doute.

Un concert de Beyoncé n’aurait évidemment pas de sens sans un hommage au groupe qui l’a propulsée : les Destiny’s Child. Après nous avoir demandé de saluer ses soeurs Kelly et Michelle, Beyoncé a interprété le meddley habituel “Indepent Women/Bootylicious/Jumpin Jumpin/Survivor”, avec une nouvelle surprise qui a déchainé la foule : son couplet de sa collaboration avec Lady Gaga “Telephone”. Là encore, c’est la première fois que Beyoncé interprète ce titre et l’effet était garanti! Un moment extrêmement divertissant et amusant, dans lequel la bonne humeur enfantine de Beyoncé n’a pas tardé à gagner le public.

Contre toute attente, et malgré son niveau de fatigue à mesure que la fin du show approchait, Beyoncé s’est lancée dans une interprétation du titre d’Etta James “At Last”. Evidemment, toutes les occasions sont bonnes pour rappeler au public qu’elle a interprété ce titre lors de la cérémonie d’investiture du président Obama. Ainsi, les images de la prestation pendant l’ouverture du bal par le couple présidentiel tournaient sur les écrans pendant qu’elle interprétait le titre iconique face à son public français. J’aurais préféré une prestation d’un titre de “4″, mais bon… Elle semble y tenir à sa reprise d’ “At Last”.

Les percussions retentissent, et Beyoncé se met soudain à faire ce mouvement d’épaules désormais associé au titre controversé “Run The World (Girls)” dont les premières notes ont suffit à déclencher des cris de satisfaction du public. Le titre n’a peut-être pas rencontré le succès escompté au près de la masse, mais il a visiblement séduit les fans présents à ce show si la subite montée en puissance des décibels est un indicateur fiable. Beyoncé a rassemblé ce qui lui restait d’énergie pour livrer une prestation remarquable de son single, avec une version allongée de la partie finale “Who are we? What we run? The world!” afin d’y faire participer le public.

Puis est arrivé le moment le plus touchant de la soirée, quand Beyoncé s’est rendue compte que presque la moitié des personnes dans le public brandissait des feuilles imprimées avec des messages d’amour. Les fans s’étaient en effet débrouillés au préalable pour diffuser des images à imprimer et à montrer à Beyoncé à la fin du concert pour leur prouver leur amour. Une suprise de taille qui a visiblement beaucoup touché Beyoncé, qui n’en revenait pas d’une telle organisation.  “Comment vous avez-fait ça?” a-t-elle demandé avec un air ébahi sur le visage. La foule s’est ensuite mise à scander le nom de son idole, comme pour sublimer l’hommage qu’ils étaient en train de lui rendre. Beyoncé s’est alors lancée dans un petit discours de remerciement, avant de débuter le dernier titre de la soirée.

“Lille, France I can see your Halo”. C’est avec ce titre que Beyoncé a clos l’heure et demi quasi ininterrompue de show à Lille. Elle a interprété sa chanson en rendant à son tour hommage à son public, en descendant de la scène pour saluer et toucher les fans chanceux placés au premier rang dans la fosse. Elle est ensuite retournée sur scène pour interpréter sa fameuse version acoustique lui permettant de laisser exploser sa voix et terminer le show en beauté. Un final à la hauteur du concert, et avec une Beyoncé disparaissant sous les applaudissements et cris effrénés du public, le gratifiant d’un “Merci” prononcé avec l’accent anglophone on ne peut plus attendrissant.

Ce concert était tout simplement fantastique, mais pas pour les raisons que l’on aurait soupçonnées. Il s’agissait plus, à mon sens, d’une sorte de répétition officielle que d’un véritable concert. Le nombre d’imperfections est assez inhabituel pour un événement estampillé de la marque Beyoncé : les problèmes techniques à répétition, les écrans géants qui ne fonctionnent que pour certaines chansons, la visibilité des techniciens dans leurs activités de logistique, les paroles de chansons sur le sol…L’on avait l’impression d’un show non finalisé, avec une reprise des versions de certains titres déjà présentées lors des shows précédents. Le show a vraiment été débarrassé de toutes fioritures, jusque dans le changement de costumes puisque Beyoncé a conservé la même robe rose pendant tout le show.

Mais il est assez évident que l’accent a été mis sur ce qui importe le plus, à savoir le talent de Beyoncé. Ses performances vocales incroyables, son énergie scénique et son charisme en font une artiste absolument hors catégorie. Une artiste qui n’a besoin de rien d’autre qu’un micro pour divertir son public. L’on a également l’impression de voir une Beyoncé beaucoup plus humaine sur scène, qui assume les défauts plutôt que de vouloir les cacher, et qui semble beaucoup plus en communion avec son public. Une Beyoncé débarrassée des contraintes du comportement type d’une diva. Une Beyoncé qui s’amuse réellement sur scène, et qui donne souvent la sensation d’une gamine après le passage du Père Noël. L’on était bien loin de la “Beyondroïd” dont les moindres émotions semblent programmées. L’on était beaucoup plus proche, dans l’état d’esprit, d’un concert “I Am…Yours” à Las Vegas que sa tournée mondiale “I Am… Tour” à grand budget.

Quelque chose a changé chez Beyoncé, et si ses dernières décisions artistiques pour son nouvel album “4″ n’étaient pas des indicateurs suffisants, ces concerts français le sont bel et bien. Mais, après avoir vu Beyoncé aussi passionnée, heureuse et épanouie sur scène, qui pourrait s’en plaindre? Beyoncé n’a plus rien à prouver, et cela se ressent intrinsèquement dans cette nouvelle ère. Et si ces concerts n’étaient effectivement que des répétitions pour sa prestation au festival de Glastonbury, l’on est en droit de s’attendre à quelque chose d’inoubliable.