Le bidonnage, nouvelle arme de communication politique

Publié le 27 juin 2011 par Hmoreigne

Ca bidonne pas mal à Paris. Chez Ciotti aussi. Jeudi dernier, le 13h de TF1 diffusait un reportage sur le bilan du contrat de responsabilité parentale. Initié par le Conseil Général des Alpes-Maritimes, le dispositif consiste notamment à sanctionner les parents d’élèves absentéistes en leur supprimant les allocations familiales. Patatras. Il y a quelques jours, un élu local révélait que l'une des femmes interrogées dans le reportage est l'attachée de presse d’Eric Ciotti, président de l'Assemblée départementale, également chargé des questions de sécurité à l’UMP.

La ficelle, grossière, aurait pu faire effet si le président du groupe communiste du Conseil général ne s’était pas étranglé en découvrant "les extras" de l’attachée de presse, sans enfants, d'Eric Ciotti. Dans son rôle de composition, la jeune femme déclare notamment "J'ai un enfant qui ne va plus à l'école, je suis un peu inquiète".

Le reportage incriminé devait en l’occurrence illustrer la réussite du contrat de responsabilité parentale vanté le même jour  par Nicolas Sarkozy à l’occasion d’une table ronde sur l’absentéisme scolaire dans les Yvelines.

Faux témoignages, vrais enjeux. "Ce n’est pas la première fois qu’une chaîne est accusée d’avoir en partie "bidonné" un sujet. Des reportages exclusifs qui n’en sont pas vraiment, des témoins qui sont présentés pas tout à fait comme ils devraient l’être... C’est évidemment déjà arrivé" écrit Danièle Ohayon sur le site de France Info. La journaliste fait explicitement référence à l’affaire Chatel tout en demeurant discrète sur le reste même si on a en mémoire les castings de l'Elysée pour les visites d'usines ou Nadine Morano avec un client  inconnu qui était en fait un élu UMP...

En 2009, Luc Chatel, déjà ministre de l’Education se faisait épingler pour un reportage dans un supermarché le montrant venir  faire sur le terrain le bilan d’une opération visant à limiter le coût des fournitures scolaires dans la grande distribution. On devait apprendre que les mères de familles présentes dans les rayons à ce moment-là, enchantées par le dispositif, n’étaient autres que des militantes UMP triées sur le volet.

Bonne fille, la chaîne commerciale avait tout pris sur elle, assurant grand dieu que le ministre n’y était pour rien. Incroyablement, l’affaire en était restée là alors que pourtant, Luc Chatel exerçait à cette époque, outre son ministère, la fonction de porte-parole du gouvernement. Joli gage de crédibilité !

La TV n’est pas l’amie de Saint Thomas. Tout ce qu’on y voit n’est pas vrai. Ce n’est pas nouveau mais la manipulation politique a pris sous le mandat de Nicolas Sarkozy une nouvelle ampleur . Les mensonges proférés effrontément par le Chef de l’Etat constituent une incitation aux petits accomodements entre amis.

L’affaire Ciotti même considérée comme un mauvais remake de l'école Chatel laisse dubitatif. Pour un bidonnage éventé, combien peuvent passer ? A l’aube d’une campagne présidentielle qui se fera à la hache, la droite sera tentée d’embellir l’image ou de travestir son bilan.

La télévision, seule source d’information pour beaucoup d’électeurs est un enjeu majeur. Signe d’une stratégie Elyséenne qui se met en place, Francis Letellier, présentateur de «Soir 3 Politique» s’est vu lâcher ce week-end en dernière minute par son invité dominical malgré un rendez-vous pris depuis trois semaines.

Le journaliste devait recevoir Luc Chatel dimanche 26 juin à 22 h 30.  Mais le ministre de l’Education nationale, en raison de l’actualité de la fraude au bac, a préféré annuler le matin même sa prestation sur France 3 pour s’exprimer au 20 Heures de TF1 dont l’audience est cinq fois supérieure.