Otage, étends sur nous ton ombre !

Publié le 29 juin 2011 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Je trouve que les gens reviennent en très bon état de leur captivité.

On se demande parfois si on aurait été collabo, y a 70 ans et tout le monde dit que "On ne peut pas savoir".

Apparemment, en tant qu'otage, on pourrait presque assurer qu'on s'en sortira bien une fois libéré.

On ne peut pas dire qu'on ne sait pas comment on réagirait, car tout le monde a l'air de faire preuve de courage, de s'en remettre, d'avoir peu de séquelles.

Ils ne sont pas bourrés de tics quand ils descendent sur le tarmac. Pas de crises de larmes, de frissonnements, de regards apeurés.

Je ne trouve pas ça très normal, cette normalité.

La première fois que l'on vient vous dire que vous êtes libéré et que vous ne l'êtes pas c'est dur. Après vous vous y habituez Malbrunot.

C'est comme tout.

Ensuite, non.

Bien sûr, il y a les soirées vidéo, pour alléger l'atmosphère :

Dans un sens...

Durant ces quatre mois de détention dans des campements en plein désert... on les obligeait à assister à des soirées vidéo sur un ordinateur portable, où l'on voyait des opérations kamikazes contre les soldats occidentaux en Irak et en Afghanistan. Robert Fowler.

... ou dans l'autre

Selon les témoignages des otages, leurs ravisseurs leur montraient plusieurs fois des séquences vidéo sur ordinateur portable, montrant les traitements inhumains et cruels que les militaires américains faisaient subir aux prisonniers musulmans dans les prisons de Guantanamo (Cuba), Abou Graïb (Irak) et Baghram (Afghanistan).

...

Evidemment, nous serions certainement très choqués et mal à l'aise s'ils explosaient, devenaient agressifs, montraient les signes visibles de leur abattement.

Et pourtant : " Après l'euphorie des premières heures, c'est le vide, la déprime. Et alors que nous faisons de nos ex-otages des héros, eux ne se voient jamais ainsi. Rien de glorieux, nul acte dont ils se sentent fiers. Au contraire. Ils ont honte de cette expérience déshumanisante de dépendance."

Trop la te-hon.

Jean-Paul Kauffmann explique qu'"être un survivant n'est pas [...] une victoire, c'est une séance de rattrapage,

Il a mieux : "La captivité est un échec".

...

Traiter de loque humaine un otage ne devrait pas l'aider non plus.