Benjamin gates et le livre des secrets

Par Rob Gordon
World trade center. The wicker man. Ghost rider. Next. Voilà les quatre derniers films starring Nicolas Cage à avoir débarqué sur nos écrans. Forcément, si on le place à côté de cette liste de chefs d'oeuvre, Benjamin gates et le livre des secrets ressemble à un bon film. Et on aurait presque envie de le conseiller : à ceux qui n'ont jamais vu un Indiana Jones, qui cherchent un film moins ennuyeux qu'Astérix, qui veulent vérifier leurs bases en culture américaine... et c'est à peu près tout. On a déjà vu blockbuster plus scandaleux, mais cette suite en forme de jackpot reste un monument de mollesse et de trivialité qui en consternera plus d'un.
Derrière ce projet juteux, un homme : l'inoxydable Jerry Bruckheimer, gros bourrin enchaînant les succès sans erreur de parcours ou presque (commercialement parlant, du moins). Un homme capable d'engager des réalisateurs et des scénaristes aussi efficaces que modelables. Comme de plus en plus de films à gros budget, qui portent davantage la marque de leur producteur que celle de leurs metteur en images, Benjamin Gates et le livre des secrets est à n'en pas douter un film de Jerry Bruckheimer. Un bon gros machin calibré, ressemblant comme deux gouttes d'eau au premier épisode. Ni meilleur, ni moins bon. Le pire, c'est que ça donne l'impression que toute l'équipe est prête à tourner encore une dizaine d'aventures de Benjamin Gates sans jamais se lasser ni s'étonner de défendre encore et encore les mêmes rebondissements et les mêmes gags.
En se plaçant du point de vue d'un enfant de 10 ans, le film a, comme son prédécesseur, un défaut de taille : sa durée excessive. Deux pleines heures, c'est beaucoup trop. Même les mômes les plus dociles finiront par trouver le temps long devant ce spectacle qui n'en finit plus à force de donner dans la surenchère. Ce dernier mot semble d'ailleurs régir tout le film, tant au niveau des moyens que de la distribution. Que font là Harvey Keitel, Ed Harris, Bruce Greenwood, Helen Mirren? Besoin de refaire le papier peint du salon? Ou simple envie de faire les foufous dans une superproduction démesurée? En tout cas, ils semblent prendre un plaisir indéniable à participer à faire fonctionner cette grosse machine à dollars, beaucoup moins pédagogique que Bruckheimer ne voudrait le faire croire, mais exactement aussi lisse qu'elle en a l'air.