Winshluss – Welcome to the death club

Par Yvantilleuil

La mort a toujours le dernier mot !

Avant d’avoir co-réalisé le film d’animation « Persepolis » de Marjane Satrapi (couronné à Cannes et aux Césars et nommé aux Oscars) et produit un petit chef-d’œuvre du 9ème art (« Pinocchio« ), Vincent Paronnaud, alias Winshluss, a publié un recueil d’histoires courtes centrées autour de la mort. Publié en 2002 chez 6 Pieds sous Terre, « Welcome to the death club » est maintenant réédité par les éditions Cornelius. Une nouvelle édition qui propose trois histoires supplémentaires et qui contient un poster reprenant la couverture de l’édition précédente.

Tout comme dans ces autres ouvrages (« Monsieur Ferraille », « Pat Boon », « Pinocchio« ), on retrouve un univers sombre et impitoyable et cette tendance jouissive à n’épargner rien ni personne. Les récits sont très courts et sont imbibés de cynisme et d’humour sombre et corrosif. Si squelettes et têtes de mort sont invités à cette fête morbide, c’est toujours la grande faucheuse qui vient mettre fin au bal. Les manières de quitter le monde des vivants sont malheureusement nombreuses et l’auteur ne manque certainement pas de créativité. Accident de voiture, suicides ou explosion dans un four à micro-ondes viennent ainsi mettre fin aux différentes histoires dominées par la mort. Si les premières histoires sont intelligentes et bien menées, c’est surtout la dernière qui sort du lot et démontre tout le talent de l’auteur. On y découvre le fils de la Mort qui décide de ne pas suivre le plan de carrière dressé par son père, en tentant de devenir ange gardien. Cette histoire est d’une intelligence rare et démontre une nouvelle fois qu’à la fin, c’est toujours la mort qui a le dernier mot !

La force graphique de cet album essentiellement noir et blanc est déjà très révélatrice du talent de Winshluss. Tout est bien amené, les personnages sont décrits en seulement quelques cases, l’humour est muet mais bien présent et les cadrages parfaits garantissent la compréhensibilité et lisibilité de cette œuvre sans paroles. Si l’album alterne les styles graphiques tout en s’adaptant parfaitement au contenu des scénarios, ce sont les dessins usant d’un trait fort charbonneux et de tons grisâtres qui me plaisent le plus. Au niveau des personnages, tout comme s’était déjà le cas avec le petit personnage rondelet dans « Pat Boon », dans « Monsieur Ferraille » ou lors de la revisite des (més)aventures de la célèbre marionnette de Carlo Collodi, Winshluss adopte un style cartoonesque qui ajoute un petit côté caricatural à son humour noir. L’auteur détourne l’esthétique disneyenne des années 40-50 au sein d’un univers sombre et baignant dans le désespoir.