Pater c’est le contraire de La Conquête. Là où le long-métrage de Xavier Durringer se laisse prendre au jeu du mimétisme pour coller au plus près de la réalité, celui d’Alain Cavalier s’arroge une toute autre dimension, plus intimiste et minimaliste pour nous donner une vraie leçon de cinéma.
Alain Cavalier et son ami Vincent Lindon se filment tour à tour. Ils jouent à faire semblant. Alain a endossé le costume de président de la République, Vincent de premier ministre. Le temps d’un mandat, ce dernier doit mettre en place une mesure sociale controversée : le plafonnement des hauts salaires avec un écart maximum. 1 à 15 pour le chef de l’Etat, 1 à 10 pour le chef du gouvernement. Cette différence d’appréciation à la veille d’une élection présidentielle fait resurgir les plus mauvais aspects de la nature humaine : conspiration, trahison, stratégie visant à affaiblir l’autre. Quand Alain et Vincent jouent aux hommes politiques, tout semble plus vrai que nature. Nul besoin d’avoir des acteurs qui ressemblent à un Nicolas Sarkozy, un Dominique de Villepin ou encore un Jacques Chirac pour y croire. C’est là toute la force, le talent et l’intelligence de cet homme, Alain Cavalier qui depuis des années a su sortir des sentiers battus pour nous proposer une autre vision du septième art. Sa façon de faire du cinéma est singulière, à l’instar de son film. Pater est une œuvre cinématographique unique où il s’agit moins de délier le vrai du faux que d’apprécier l’exercice de style auquel nous sommes invités.
Sortie en salles le 22 juin 2011