[Critique Blu Ray] Das boot

Par Gicquel

Un film ahurissant, à  plus d’un titre. Dont celui de la longueur (3 h 30) conjuguée à l’étroitesse du décor : un sous-marin allemand de la seconde guerre mondiale. Pour avoir visité la maquette, grandeur nature,  dans les studios de Munich, je peux vous affirmer que le rendu cinématographique est parfait. La vision claustrophobe qui s’en dégage est ici renforcée par un récit guerrier parfaitement retranscrit : le quotidien des sous-mariniers dans l’attente du combat , la tension palpable au moindre incident , le silence terrifiant ,l’incertitude, la peur…

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Même si les bonus, très généreux, nous dévoilent quelques secrets de fabrication, très rapidement on se sent à notre tour prisonnier ou complice de ce huis-clos infernal, imposé par des dirigeants nazis au bord de la déroute.

La scène d’ouverture, gigantesque orgie avant embarquement, est une parabole assez claire sur la désagrégation du pouvoir fasciste. Wolfgang Petersen ,qui ne se prive pas par ailleurs  pour en souligner toutes les vicissitudes, pose ainsi d’emblée les données d’un cinéma réaliste qui hante le réduit sous-marin.

L’exiguïté des lieux aidant, on ne peut être qu’au plus près de l’équipage, et de son commandant dépeint comme un homme, avant d’être le militaire désabusé, méprisant Goering et son entourage. Mais quand l’urgence frappe à l’œilleton de son périscope c’est avec rage et conviction qu’il reprend le combat.

Le départ des bases sous-marines de La Rochelle

D’un simple regard Jürgen Prochnow , pose la dramaturgie de son personnage, avec un jeu très appuyé. Mais les années n’ont pas  gâché la sobriété d’une réalisation qui, bien évidemment adopte ici  le point de vue allemand. Dans notre cinéma de guerre ce n’est pas si courant. On prend alors fait et cause irrésistiblement pour les sous-mariniers face à l’ennemi anglais, contraint à quitter le navire et à se noyer.

Cette volte-face de l’Histoire, n’est que le clin d’œil d’un cinéma indépendant et salutaire. Qui jusqu’au final apocalyptique nous tient en haleine.

C’est la première fois que je vois ce film dans cette version longue. Soit, plus d’une heure de projection par rapport à la version cinéma de 1981. De mémoire je ne pourrais pas dire ce qui a évolué. Mais à mon avis, dans ce «  Director’s cut »  quelques passages, élagués,  auraient donné encore plus de crédibilité à l’ensemble. Qui demeure néanmoins, saisissant. A plus d’un titre.

LES BONUS

En profondeur

- Le point de vue de Maria. L’épouse du réalisateur,   Marie-Antoinette Petersen  était aussi son assistante. Ses souvenirs avec des images d’époque sont émouvants, et lorsqu’elle revoit son frère, également sur le plateau, l’émotion est palpable. Il est mort en 1991. Un grand hommage est également rendu au superviseur des effets spéciaux  Karl Baumgartner, dit «  Boom boom » avec les images du bombardement final. Du grand spectacle.

Un réduit où la moindre angoisse prend des proportions inquiétantes

- Le bateau parfait. Le réalisateur revient sur les différentes versions de ce film

1981 : la version cinéma s’appuie sur les séquences les plus impressionnantes (149 mn)

1986 : à la télévision, c’est une série qui dure  6 h 30

1996 : la version «  director’s cut » qui sort en dvd l’année suivante, «  un support sans lequel on n’aurait peut-être pas pu la voir » reconnaît son producteur. On suit le processus de réhabilitation de la pellicule, des archives et de la bande-son, élément déterminant pour ce film. Hannes Nikel , déjà présent en 1981 assure une fois encore le montage

Visite du bateau

Le capitaine revient sur les lieux de tournage et nous guide à travers chaque pièce du sous-marin.

Matériel historique

- L’envers du décor : comment recréer la bataille de l’Atlantique sous l’eau, sans bataille, sans Atlantique, sans sous-marin ? La réponse se trouve dans les studios Bavaria de Munich et c’est passionnant.

-La bataille de l’Atlantique.Le volet historique, avec des témoignages, des images de l’époque, des deux camps et même la façon dont fonctionne un sous-marin. Toujours très intéressant.

Avant le départ, les marins se noient dans l'alcool et les décoltés

Wolfgang Petersen.De retour sur le bateau

Un très beau documentaire sur le parcours du réalisateur et l’histoire d’un film qui revit à travers une visite des plateaux allemands. Petersen y rencontre son capitaine de l’époque, Jürgen Prochnow. Il se souvient du livre de  Lothar G. Buchheim, «  qui offrait de nombreux détails sur le quotidien des sous-mariniers, qui n’était pas idéalisé, bien au contraire ».

Petersen évoque aussi le casting, des acteurs peu ou pas connus («  je voulais éviter les références ») et la manière de travailler dans un tel réduit, images d’époque à l’appui. Fabuleux !