Thee Oh Sees – Castlemania

Publié le 16 juillet 2011 par Hartzine

Maniaque prolifique de la scène de SF depuis presque quinze ans, c’est avec Thee Oh Sees que John Dwyer nous a gentiment attirés dans les tréfonds de son garage fantasque. Se plaisant à asséner à l’auditeur une moyenne de 1,5 albums par an, la formation s’est pourtant parfois illustrée, à défaut de se faire oublier,  dans le dispensable. Castlemania, dont le titre n’a franchement rien à voir avec la pochette qui filerait des cauchemars old-school a n’importe quelle tête blonde, ne l’est heureusement pas.
Constat : le groupe n’a pas oublié de manger du Mr Pharmacist en entrée et du Dirty Water en dessert. Le plat de résistance, étrangement, rappelle à de nombreuses reprises la farce hystéro-hippie foutraque de Zappa We’re Only in It for the Money. Et croyez-le ou non, l’ensemble est pourtant relativement homogène, pavé de quelques pépites et d’interludes noisy et/ou étranges, mais  pas assez affirmés non plus pour aller titiller le concept-album.


Car le format reste pop, ce qui le rend tout à fait charmant d’ailleurs. L’intérêt majeur du disque se tient en effet dans la noble tâche réussie de servir un garage psyché où fuzz outrancière et voix nimbée d’écho crado s’élèvent de leur côté brouillon par une production légère et des formats courts qui nous laissent en outre le plaisir de seize titres. Parmi ceux-ci, le I Need Seed d’ouverture se détache immanquablement de l’ensemble, entrainant et cabot. Diablement bien composée, la rengaine pentue de A Wall, A Century 2 et le charmant côté Sonics roublard de Corrupted Coffin font respectivement siffloter et taper du pied dès la première écoute.
Alors nous sommes d’accord, ce disque reflue ses influences par tous les pores. Qu’importe, finalement, puisque la démarche est assumée : cerise sur le gâteau, Castlemania se clôt par trois reprises éclectiques et honorablement revisitées. L’hommage est rendu aux pères fondateurs avec le I Won’t Hurt You du West Coast Pop Art Experimental Band susurré par le mélange des voix masculines et féminines. Tout aussi évident, le If I Stay Too Long des Creations part joliment en apothéose. Plus surprenant, What Are We Craving emprunte au répertoire de Norma Tanega, chanteuse folk des années soixante et un temps compagne de Dusty Springfield. Une sortie toute en douceur.
Non content de se reposer sur les lauriers des heures glorieuses du garage punk, Castlemania reste bien un disque moderne. Heureusement travaillé sans en avoir l’air, nouvelle preuve du talent de compositeur de John Dwyer, il ne se complait ni ne s’ennuie. Et il saura peut-être, en outre, faire tomber les ressassés Nuggets des mains des gamins et faire sourire les puristes à l’étroit entre Music Machine et Atlantis Philarmonic qui retrouveront, on l’espère, foi en l’ère moderne.

Audio

Vidéo

Tracklist

Thee Oh Sees – Castlemania (In the Red, 2011)

1. I Need Seed
2. Corprophagist (A Bath Perhaps)
3. Stinking Cloud
4. Corrupted Coffin
5. Pleasure Blimps
6. A Wall, A Century 2
7. Spider Cider
8. The Whipping Continues
9. Blood On The Deck
10. Castlemania
11. AA Warm Breeze
12. Idea For Rubber Dog
13. The Horse Was Lost
14. I Won’t Hurt You
15. If I Stay Too Long
16. What Are We Craving