Affaire Mebara: Paul Biya avait donné des instructions

Publié le 18 juillet 2011 par 237online @237online

Écrit par Le Jour   

Lundi, 18 Juillet 2011 11:30

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L'ancien Sg/Pr a affirmé avoir agi « conformément » aux instructions du chef de l'Etat, au sujet du recouvrement des fonds destinés à l'achat de l'avion présidentiel.
Jean Marie Atangana Mebara, ex secrétaire général à la Présidence de la République s'est présenté devant la barre comme son propre témoin vendredi dernier.
Dans sa défense, l'accusé s'est dédouané de toute malversation financière dans l'affaire de détournement des fonds destinés à l'achat de l'avion présidentiel.
Il a démontré au tribunal que toutes les décisions qu'il a prises pour le recouvrement de l'argent retenu par Gia (loueur d'avion de la Camair qui devait reverser 29 millions de dollars à Boeing en vue d'obtenir l'avion Bb-j 2 pour le chef de l'Etat) ont obéi aux instructions du chef de l'Etat. « J'avais reçu des instructions du chef de l'Etat pour mettre tout en œuvre pour recouvrer les sommes d'argent confisquées par Gia ». D'où la correspondance du 14 mai 2003, adressée à Kevin Joseph Walls, directeur général de Aircraft portfolio Management (Apm).

« J'accuse réception de votre courrier confidentiel en date du 06 mai 2003 et je voudrais vous informer que je suis d'accord avec votre proposition de ce que les fonds que détient actuellement Gia et qui sont destinés à l'achat d'un Aéronef soient sécurisés en les transférant dans le compte de la société Aircraft Portfolio Management.

Veuillez demander à Gia d'effectuer ledit transfert et tenez moi informé conséquemment.» a écrit le Sg/Pr, « suite aux instructions reçues du chef de l'Etat », précise l'accusé Atangana Mebara. L'accusation dont fait l'objet l'ex Sg/Pr tire ainsi sa source de cette lettre du 14 mai 2003.

Procès en sorcellerie
En effet, à l'information judiciaire le juge d'instruction avait estimé que : « s'il est vrai que ce recouvrement confié à Apm était escompté s'effectuer à l'étranger, rien n'empêchait, en effet, le secrétaire général de la présidence de la République Atangana Mebara de prescrire à cette société de virer ensuite les fonds récupérés dans le compte du Trésor connu à la Beac, ou alors à la perception de la Mission Diplomatique du Cameroun à Londres, où les avoirs de l'État sont véritablement sécurisés ». Jean Marie Atangana Mebara répond qu'il s'agit d' « un procès en sorcellerie ». Il argumente tout de même : « le Sg/Pr ne se substitut pas au président de la République. Lui seul est compétent des instructions d'ordre stratégique. De ce fait, c'est à lui que revenait le dernier mot concernant le recouvrement de l'argent ». Et d'ajouter : «Virer 27 millions de dollars à l'ambassade du Cameroun à Londres, n'est pas le genre de dossier qui se gère avec des méthodes classiques. D'autant plus que c'est un projet (l'achat de l'avion présidentiel) pour lequel il a été recommandé la plus grande confidentialité ».

Dans cet ordre d'idées, l'accusé révèle au tribunal une confidence que lui a faite Paul Biya : « M le ministre, les Camerounais ont pris une part énorme pour atteindre le point d'achèvement de l'initiative Ppte. En reconnaissance, je vais continuer à prendre mes avions de location ». Cette phrase du chef de l'Etat, apprend-on de l'accusé, intervient après une note du Sg/Pr à Paul Biya au sujet d'une mission de l'ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis, Jérôme Mendounga, au siège de Boeing à Seatle. Dans son rapport, le diplomate fait savoir à la Présidence que Boeing n'a reçue que 2 millions de dollars de la part de Gia pour l'avion présidentiel, d'après ce qu'il a appris des dirigeants de cette compagnie. Pourtant, 29 millions de dollars ont été virés à Gia dans son compte domicilié à la Bank of América.

Yves Michel Fotso
Une tentative de récupération à l'amiable de cet argent a été envisagée, mais en vain, fait savoir Atangana Mebara. Et pour cause, Gia a demandé à Apm de produire une lettre de la Camair ordonnant le recouvrement de l'argent. Même les réunions qui se sont tenues à la présidence de la République entre les responsables concernés, parmi lesquels l'administrateur directeur général de la Camair, Yves Michel Fotso, n'auront rien changé à la situation.

Atangana Mebara pointe d'un doigt accusateur l'ex adg de la Camair et cite une déclaration d'Adolphe Moudiki, directeur général de la Snh, lors de l'enquête préliminaire. « Le dernier fait que je voulais vous signaler est une deuxième réunion à laquelle j'ai assisté à la Présidence et au cours de laquelle M. Fotso a déclaré que les virements que nous avions adressés étaient tardifs, et qu'il avait été obligé de laisser vendre l'avion du Chef de l'État. M. Fotso avait également dit que les sommes qui avaient été versées à Gia avaient servi à payer les loyers des avions de la Camair ».

« On me reproche des choses pour lesquelles je n'avais pas d'information ». Ainsi s'achevait la déposition d'Atangana Mebara à 21h57. Après 10h de débats. La prochaine audience est fixée au 29 juillet.