Lucio Fulci: Croc Blanc et L’enfer des zombies

Par Geouf

Autant le préciser tout de suite, je fais partie des fans du bonhomme. Précision utile car j’ai rarement vu un réalisateur autant adoré que conspué. Vraiment les deux extrêmes… En revanche, tout ceux qui ont travaillé avec lui ont été impressionné par ses connaissances techniques. Evidemment, c’est difficile de juger son travail et ce, pour deux raisons tout particulièrement. La première vient du fait qu’il ait réalisé pas mal de films appartenant à des genres différents à ses débuts et qu’il s’est vraiment trouvé en réalisant des films d’horreur. Je n’irai pas jusqu’à dire que ses premiers films sont quantité négligeable mais il faut bien se rendre à l’évidence, ils ne sont pas du niveau de ses plus grands films d’horreur. Deuxième raison, la fin de sa carrière a été difficile, le budget des films d’horreur en Italie se réduisant à peau de chagrin (déjà qu’il n’était pas bien élevé…) et étant fort diabétique, cette maladie lui causait pas mal de soucis, l’obligeant à renoncer à plus d’un film en plein tournage… Bref, une carrière en dents de scie, avec de très bons films mais aussi de très mauvais. Autre particularité de son cinéma, c’est assez lent. Les djeunes boostés au montage clippesque, passez votre chemin, vous allez radicalement vous faire chier. Mais les amateurs d’ambiance pesante et de poésie macabre seront aux anges, car c’est définitivement dans ces domaines que Fulci est un maître…

Croc-Blanc (Zanna Bianca) – 1973

Si je me souviens bien, le bouquin de Jack London a été le premier que j’ai du lire pour l’école, il y a une vingtaine d’années (putain, 20 ans!!!). A part qu’il s’agissait d’un chien-loup, j’ai tout oublié (un souvenir des combats de chiens m’est revenu en mémoire à la vision du film, mais c’est tout…), donc ce serait plutôt hasardeux de me livrer à une éventuelle comparaison et conclure par un bancal « c’est une bonne/mauvaise adaptation », alors que je ne me souviens même pas des personnages humains. Je me permets donc de vous rappeler un peu l’histoire, en tout cas, celle du film: Croc-Blanc est un chien-loup adopté par un indien d’amérique et son jeune fils (enfin chien-loup, c’est vite dit! C’est plutôt un berger allemand, à l’écran!). D’abord sauvage et dangereux, il se révélera un ami sincère et dévoué pour ses maîtres, et le lien unissant l’enfant et l’animal deviendra de plus en plus fort au fil du temps. Surtout le jour où Croc-Blanc le sauvera de la noyade dans un lac. La glace cédant sous le poids du garçon, le brave Croc-Blanc se précipite à son secours en le mettant à l’abri et part prévenir le père. Ce dernier décide d’emmener son gamin en ville voir un docteur. Malheureusement, sur place, un combat inopportun entre le chien-loup et le meilleur chien de combat de la ville va attirer l’attention de la crapule locale, Charles ‘Beauty’ Smith, qui voudra à tout prix s’approprier Croc-Blanc, vainqueur de l’affrontement. Ce sera le début d’une descente aux enfers pour pratiquement tous les protagonistes de l’histoire… Il est amusant de signaler que les plus gros succès de Lucio Fulci sont L’enfer des zombies et ce Croc-Blanc, film très familial à priori. Mais il faut avouer que les films familiaux en Italie, c’est autre chose que les Walt Disney!! La vie est dure, dans Croc-Blanc! Le père meurt poignardé par le vilain de service (très bon John Steiner, qui tournera plus tard dans le Schock de Mario Bava) et même si les intestins ne se déversent pas par terre, la souffrance est bien palpable! De même, les affrontements de Croc-Blanc face au chien de combat et ensuite l’ours brun sont vraiment très réalistes! Je ne sais pas exactement s’ils ont vraiment laissé ces animaux s’entretuer ou bien si la magie du montage et des effets spéciaux rendent ces scènes crédibles, et dans ce cas, chapeau bas, mais j’ai tout de même l’impression qu’il ne devait surement pas y avoir de traditionnel « Aucun animal n’a été blessé durant le tournage de ce film » dans le générique de fin (d’ailleurs, celui-ci se réduit à un simple FINE et de toutes façons, je n’aurais rien compris à l’italien… Quoique…). Bref, c’est pas vraiment familial même si certains passages respectent le quota de guimauve. Néanmoins, je me demande qu’elle aurait été ma réaction si je l’avais vu vers 7, 8 ans (il y a d’ailleurs les commentaires d’un user de imdb qui visiblement a été terrifié en l’ayant vu au cinéma à cet âge, sa pauvre mère ne sachant pas qu’un film familial pouvait être aussi violent! J’imagine celle-ci en sortant de la salle: « Et on n’ira plus jamais voir de film italien… Plus jamais!!! »). D’ailleurs, pour les amateurs de westerns spaguettis, le grand Django, alias Franco Nero (Keoma également, bien entendu, et je ne peux m’empêcher de citer le charismatique général Ramon Esperanza de Die Hard 2), fait également partie de la distribution, même s’il se contente du minimum syndical (comme à peu près tous les acteurs…). A noter que toute l’équipe se reformera pour un Retour de Croc Blanc, que je n’ai malheureusement pas encore vu (il attend sur mon disque dur )

Verdict: 6/10

L’enfer des Zombies (Zombi 2) – 1979

Une fois de plus, l’Italie prouve qu’à une certaine époque, les producteurs avaient de la suite dans les idées. Le Zombie de Romero ayant cartonné, quoi de plus normal que de surfer sur la vague et tant qu’à faire, de l’affubler d’une suite non-officielle. D’où ce Zombi 2 qui n’entretient pourtant que peu de rapport avec son modèle. Un bateau abandonné entre dans le port de New York et est rapidement inspecté par les gardes-côtes. Insouciant du danger, l’un d’entre eux se fait surprendre par un énorme zombie et finira à la morgue. Quant au zombie, il perd l’équilibre sous l’impact des balles et tombe à la flotte. Un journaliste veut évidemment en savoir plus et tombe sur la fille du propriétaire du bateau. Ensemble, ils découvrent que le navire vient d’une île des Caraïbes et décident de se rendre sur place, grâce à deux américains qui naviguent sur place. Evidemment, c’était peut-être la dernière chose à faire et ils découvriront rapidement les dangers de ce petit voyage… Si la mise en production du film est clairement opportuniste, il faut tout de même laisser aux italiens une volonté de se démarquer des films de Romero. Grâce à ce dernier, le zombie rapporte et il ne faut pas le dire deux fois à ce vieux briscard de Fabrizio De Angelis. Mais le mort-vivant est bien le seul point commun qu’entretient ce film avec son homologue américain, et encore, le maquilleur Giannetto De Rossi ne voulait pas entendre parler de ces zombies bleus et a décidé de les montrer sous un angle différent. Même le scénario les différencie fortement. Si, aux Etats-Unis, les morts reviennent parmi les vivants à cause de radiations ramenées d’un satellite (et il ne s’agit là que pure spéculation…), en Italie, on préfère retourner aux origines même du zombie: le vaudou. Déjà que le film s’oriente plus clairement vers un film d’aventures basique, l’ambiance tropicale est renforcée par cette ambiance vaudou. On ne verra jamais le baron Samedi mais les tams-tams résonneront sur toute l’île et rendront d’autant plus terrifiants ces invisibles sorciers capables de redonner vie à des cadavres datant des conquistadors. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont faim, ces cadavres!

Le gros point fort du film, même à l’heure actuelle, reste ses effets sanglants très réussis: arrachage de gorge, énucléation, morsures profondes, cadavre en petit morceaux, tout est absolument réussi. Un spectacle gore réjouissant, magnifié par une réalisation inspirée de Lucio Fulci (bien aidé il est vrai de son chef op’ Sergio Salvati, l’artisan de la belle image…). C’est d’ailleurs à partir de ce film-ci que Fulci sera entouré de sa dream team: Salvati, donc, mais n’oublions pas le talentueux et très sympathique Giannetto De Rossi aux effets spéciaux ainsi que Fabio Frizzi à la musique. Il signe ici une partition clavier envoûtante, carrément inoubliable en ce qui me concerne (l’air a du trotter dans ma tête pendant une ou deux semaines après avoir vu le film la première fois…). Evidemment, les habitués des grandes musiques orchestrales en seront pour leurs frais (« c’est quoi cette musique seventies de merdeuh?!? ») mais pour ma part, le charme fait plus qu’opérer!

Et bien évidemment, le grand fan de Shark Movies que je suis ne peut passer sous silence cette scène hallucinante tournée par un spécialiste mexicain, monsieur Ramón Bravo. Il a fallu que je regarde les excellents bonus du DVD de Neo Publishing (mais alors, là, vraiment excellents: ils ont même retrouvé les deux acteurs qui se cachent derrière le latex et l’argile des deux principaux zombies…) pour me rendre compte de la notoriété du bonhomme. Pensez donc, plein de titres de mon dossier: Tintorera (évidemment…), Alerte au requin, La Nuit des Requins mais aussi Permis de tuer et Leviathan. Moi, je dis « Woaw!! ». Et ce qu’il a fait pour L’enfer des zombies, re- »Woaw!! ». Imaginez la jolie Auretta Gay qui fait de la plongée avant d’arriver sur l’île. Surprise par un requin tigre, elle se réfugie près d’un corail et c’est là qu’un zombie sous-marin fait son apparition et qu’un duel entre les deux monstres s’engage! Que du bonheur!

Verdict: 8/10

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