Un article d'Agoravox, le 19/07/2011

Publié le 21 juillet 2011 par Dubruel

 Le capitalisme au bord de l’implosion systémique

Le système financier en passe de plonger dans le plus grand cataclysme jamais connu depuis la création du système capitaliste. L'effondrement des Etats pourrait causer une grave crise systèmique. Les origines et mécanismes de la plus grande crise à venir expliqués simplement.

Le defaut de paiement des Etats

La crise de la Grèce et de l'euro en général est lié a un simple fait : les Etats empruntent plus d'argent qu'ils n'en génèrent. Jusqu'à aujourd'hui, personne n'avait imaginé qu'un pays puisse avoir un défaut de paiement.

Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Leur endettement est de loin le plus gros endettement mondial, de 14 294 milliards de dollars (environ 50000 dollars par citoyen américain). Ils débatent aujourd'hui sur le fait de "s'autoriser" à augmenter encore leur dette. Dans le cas où ils ne s'autorise pas à augmenter leur dette, ils risque le défaut de paiement, purement et simplement. Dans le cas contraire, ils continueront donc d'emprunter et d'augmenter leur dette, répétant encore le schéma qui les conduira à rendre encore plus difficile leur remboursement ce qui les conduirait fatalement au défaut de paiement...

Il s'agit toujours ici d'hypothèses. Les plus sceptiques à cette idée répondront que s'ils arrivent à relancer leur croissance, ils réduiront leur dette. Encore une fois d'après les faits, même quand l'économie américaine avaient une forte croissance, l'Etat empruntait et contribuait à augmenter sa dette.

Comme indique très justement Christine Rifflart, économiste spécialiste des États-Unis à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dans un article du journal Le Monde paru le 13 juillet 2011 : "Les bons du Trésor américain représentant ce qu'il y a de plus sûr sur les marchés, un défaut de paiement toucherait aux fondements de l'économie mondiale".

La crise systèmique : depuis des années les Etats empruntent sans limite, pour "relancer l'investissement" ou pour "consolider la croissance", ils augmentent ainsi leur dette, quelque soit la valeur de croissance de leur pays. A la manière d'un enfant qui demande des sucreries, il en redemande tant qu'on lui en donne, jusqu'à en être malade. Les Etats, eux, empruntent tant qu'on leur autorise, jusqu'au défaut de paiement. Après la crise des crédits qui avait secoué l'économie mondiale en 2008, voilà la crise financière des Etats.
 
Agences de notations, cause ou conséquence des défauts de paiement

Aujourd'hui, on critique les agences de notations parce qu'elles génèrent la frilosité des marchés et font augmenter les taux d'intérêts d'emprunts pour les Etats déjà en difficultés et augmentent donc encore exponentiellement ce risque de défaut de paiement en créant une spéculation à la baisse.

En réalité, les agences font un travail de régulation qui aurait dû être fait depuis des années. En augmentant les taux d'interêts d'emprunts pour les Etats en difficultés, elle les incitent à moins emprunter, ceci permettant à terme de limiter les risques de défaut de paiement et de ne pas permettre aux Etats d'emprunter pour rembourser leurs dettes. A la manière d'un bon conseiller bancaire les agences de notation sont les garantes d'une économie saine. De manière indirecte elles limitent les risques de surendettement des Etats.

Le problème des agences est qu'elle ne peuvent pas êtres indépendantes. Elles sont indépendantes des Etats car ce sont des sociétés parmi tant d'autres mais elle sont de ce fait également sujettes aux variations de l'économie mondiale.

Voilà le triste constat. La plupart de ces agences sont américaines et n'ont aucun interêt à affecter l'économie américaine. Elles n'ont toujours pas abaissé la note américaine alors que les Etats-Unis risquent un réel défaut de paiement si le congrès n'augmente pas le plafond de la dette avant le 2 aoüt prochain.

L'Espagne a vu sa note baisser alors que son endettement, ramené à son PIB pour la comparaison, est plus faible que celui des Etats-Unis.

Au delà de ça, leur avis n'est réellement pris en compte par les marchés que depuis quelques années seulement (devrais-je dire quelques mois...) alors que cette régulation aurait dû commencer il y a longtemps.
 
La Chine, l'Inde, le Brésil, les nouvelles économies font-elles mieux que les Etats-Unis et le vieux continent ?

Les nouvelles économies en pleine croissance, on pense en particulier à la Chine, ne sont pas non plus à l'abri d'un risque systémique. L'économie de la Chine s'est en grande partie construite avec des capitaux américains et européens. L'Etat chinois dispose de bons du trésor américain. Une crise monétaire telle qu'on la connait pour l'euro, et qu'on pourrait connaître prochainement pour le dollar, secouerait l'économie de la Chine et des autres nouveaux pays développés comme le Brésil ou l'Inde.

En dehors des risques extérieurs, Chine rencontre des difficultés à réguler son inflation. Elle avait mis sur le marché 4000 milliards (430 milliards d'euros) de yuan pour contrer les effets de la crise de 2008. Les banques ont, de fait, généreusement distribué des crédits, générant aujourd'hui une inflation de 6,4% (source ; Le Figaro, 9 Juillet 2011). La banque centrale ne cesse d'augmenter ses taux pour endiguer cette inflation.

La Chine fait également face à, ce qui à l'air de devenir, une bulle immobilière, créant un encore peu plus de tension sur les crédits.
 
Le FMI, la goutte d'eau

Le fond monétaire international (FMI) tente tant bien que mal aujourd'hui de limiter les effets d'annonces des agences de notation sur les marchés en octroyant des crédits a taux préférentiels pour les Etats en difficulté, après examen minutieux de leurs finances, afin d'atténuer l'impact de ces annonces sur les taux d'emprunts et permettre à ces Etats de relancer leur économie, plutôt que de les laisser imploser par défaut de paiement.

Le problème ici est que le FMI dispose de fonds limités qui sont fournis par les Etats endettés (Etats-Unis et Union Européenne en tête). Il n'est réellement utile que pour des pays a faible PIB, mais si un pays comme la Grèce ou le Portugal se retrouve en situation de défaut de paiement, il ne pourra rien y faire. Le FMI est une avancée dans un processus de régulation mondiale des marchés, mais compte-tenu de son jeune âge et de son budget limité, il est une goutte d'eau essayant de remplir un seau d'eau
 
Le futur, de la crise de 2008 à effondrement du système capitaliste

La crise des subprimes a été la crise des crédits personnels. Des milliers de personnes ne pouvant honorer leurs remboursements et qui font effondrer tous les produits de spéculation créés par les banques basé sur ces crédits, affectant de facto les marchés mondiaux et plus particulièrement les banques qui ont trop investi dans ces actifs pourris, soi-disant "valeures sûres" avant la crise.
Imaginons maintenant la même crise, mais où ce sont les Etats qui sont en faillite et font défaut de paiement. Les actifs basés sur l'économie de ces Etats comme les obligations, bons du trésor, monnaie, deviennent alors des actifs pourris qui ne valent plus rien. Imaginons, que ces Etats qui font faillites sont la Grèce, entrainant dans sa chute le Portugal, et l'Espagne, l'Italie. Aucune banque européenne ne pourra être épargnée. Ce serait alors l'effondrement de l'Euro. Cet effondrement affolerais les marchés qui iraient se réfugier dans les actifs Chinois et Américains, le dollar notamment, créant alors un risque hyperinflationniste aux Etats-Unis. La réserve fédérale des Etats-Unis auraient alors le choix entre limiter l'inflation en augmentant les taux d'intérêts, et par conséquent ralentir l'économie, créant chômage et , ou laisser l'inflation réduire considérablement le niveau de vie des américains, lesquels se retrouverais incapables de rembourser leurs emprunts, créant ainsi une seconde crise des subprimes. Par manque de régulation, ou excès de confiance, le système est au bord de l'effondrement.
 
Dans les faits, aucun Etat, aucune banque centrale, ne laisserait un tel scénario se produire. Si une telle situation peut potentiellement se présenter, nulle doute que de brillants économistes trouveraient là un moyen d'inventer un nouveau produit permettant aux Etats de ne pas faire défaut, et qui nous amènera sans doute à une nouvelle crise quelques années plus tard.