Santu Mofokeng à Paris

Publié le 21 juillet 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

Jusqu’au 25 septembre sera exhibée à la Galerie Nationale du Jeu de Paume, Chasseur d’hombre, une rétrospective de l’œuvre photographique de Santu Mofokeng. L’exposition du photographe le plus important d’Afrique du Sud, correspond au travail réalisé au terme de l’apartheid à Johannesburg et au début de la transition politique.

La rétrospective est organisée, par Corine Diserens, autour de prêt de 200 photographies et diapositives, en plus il y a des textes et des documents qui font référence à son œuvre et d’autres qui font partis de ses écrits.

Santu Mofokeng est né à Johannesburg, Afrique du Sud, en 1951. Sans formation académique, il s’initia dans l’informalité photographique dans les rues de Soweto, en la convertissant en une profession qui va lui permettre de capter de façon privilégiée le processus politique que vie son pays dans les années 80.

Soweto est situé à 24 kilomètres de Johannesburg et fut construite pour y installer les personnes de race noire qui vivaient dans les zones blanches durant l’apartheid. L’entassement des noirs à Soweto et la répression exercée par l’état contre Soweto furent les ingrédients basiques qui provoquèrent la rébellion de 1976, quand le gouvernement annonça que l’éducation serait en afrikaans et non en anglais, sachant que c’était une langue que la population ne connaissait pas.

La révolte fut provoquée par le ras-le-bol des agressions et de la vie misérable que l’état blanc imposait à la plus part de la race noire. Cet épisode qui provoqua 575 morts, des centaines de détenus qui furent torturés et un nombre indéterminable de blessés, fut capté par l’objectif de Mofokeng.

Appartenant au collectif de photographes antiracistes Afrapix, dans lequel militèrent d’importants photographes internationaux pour appuyer la lutte pour les droits humains et civils de la race noire en Afrique du sud, il travailla avec ardeur pour la cause raciale. C’est là que se fonde l’axe de son travail : la mémoire.

Chasseur d’hombre est la capture d’images d’une société qui cherche à se trouver avec le futur en transférant la charge du passé, où l’oublie et la mémoire luttent pour ne pas laisser ensevelie tant de douleur. C’est cette douleur que Mofokeng capture comme des hombres. Ce sont les morts, les disparues, ceux qui vécurent les camps de concentrations et les prisons, tous ceux qui ne sont pas dans les nouvelles pages de l’histoire, cette histoire écrite avec la souffrance et de laquelle il ne reste que des hombres.

Son voyage photographique commence dans la maison de son père à Soweto. Ce monde de pauvreté et de marginalité qui marqua la vie et l’œuvre du photographe. Ce qui suit sont les lieux spirituels, les camps de prisonniers, les cimetières et les contradictions des rues de Johannesburg.

La disparition de l’apartheid et l’arrivée d’une société moderne, exposée aux changements produits par la globalisation culturelle et économique, on entrainés des processus politiques et sociaux qui transforment la mémoire, c’est cette mémoire poétique et douloureuse qu’il représente dans son travail sur l’Afrique actuelle.

D’autres œuvres de Mofokeng, traitent la mémoire des camps de concentrations allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Pour plus d’information http://www.jeudepaume.org/index.php?page=article&sousmenu=10&idArt=1398&lieu=1

Nancy Guzman