Quand le ministre de la culture s'adresse à ses fonctionnaires

Publié le 23 juillet 2011 par Ep2c @jeanclp

Force est de se demander si, au contraire de ce qui a pu se passer en 2007, ce qu’on nomme communément « la culture » n’est pas déjà au centre de la prochaine campagne présidentielle.

La bal des prétendants à la primaire du P.S. sur le Pont d’Avignon a opportunément permis au ministre de la culture de Nicolas Sarkozy de faire des gorges chaudes des promesses budgétaires de la maire de Lille.

Lire, si ce n’est déjà fait, son entrevue à Libération et sa tribune dans Le Monde.

Notons à ce propos qu’au lieu d’affirmer un peu crûment dans la première : l’argent ne sert qu’à lubrifier, il eût été mieux inspiré d’évoquer la formule d’un artiste citée dans une précédente note de La Cité des sens.  

A la vérité le ministre semble bien disert ces derniers temps et, il est juste de le souligner, assez clair dans ses analyses et ses objectifs.

Dommage toutefois que ses propos les mieux développés et les plus concrets et précis ne soient pas rendus publics. Sur le site du ministère, rubrique discours, on cherchera en vain entre :

Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de l'inauguration de l’exposition « les métiers d'art tunisiens à l'honneur » dans les vitrines du ministère de la Culture et de la Communication.

et

Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de l'inauguration de l’exposition « les métiers d'art tunisiens à l'honneur » dans les vitrines du ministère de la Culture et de la Communication.

une autre allocution prononcée ce même 11 juillet 2001, intervention qu’un honorable correspondant, conscient de l’importance du labeur pédagogique mené par ce blog, a bien voulu me faire parvenir (qu’il en soit ici chaleureusement remercié).

Mesdames et Messieurs,

Compte tenu des inquiétudes exprimées, compte tenu du climat que je ressens, il était important d’avoir avant l’été ce temps d’échange avec vous. Je vous verrai tout début septembre sur la Maison de l’histoire de France mais nous avons déjà beaucoup d’autres sujets à traiter aujourd’hui. Vous m’avez transmis en amont votre déclaration préliminaire, et je tiens à vous en remercier, je l’ai lue avec attention et intérêt. Je suis très attentif à l’expression, quelle qu’en soit la forme, des préoccupations du personnel. Etre ministre, c’est aussi être responsable d’une administration, d’agents et de personnels, et j’attache un très grand prix à cet aspect de ma mission rue de Valois.

Je sais que plusieurs préavis de grèves ont été déposés ces derniers temps. Plus ou moins suivis, ils témoignent de tensions et d’inquiétudes qui me préoccupent. Vous connaissez toutes et tous les contraintes que la période fait peser sur les finances publiques et sur l’emploi public. Je sais que ces évolutions peuvent être cause d’inquiétude, voire d’incompréhension. Dans un certain nombre de cas, les agents les ressentent comme une atteinte profonde à leur travail, au sens de leur mission de service public, à leur reconnaissance professionnelle et personnelle. Je sais aussi qu’elles peuvent être à l’origine de souffrances parfois latentes, parfois exprimées. Mais je sais aussi qu’un ministère modernisé, un ministère aux missions redéfinies et

réaffirmées est un ministère plus fort et plus assuré, c’est un ministère qui compte davantage.

Vous souhaitez - c’est une demande que vous avez plusieurs fois exprimé - que je vous présente les objectifs et les priorités qui sont les miennes pour ce ministère, afin que nous puissions avoir un échange sur ces sujets de fond qui déterminent l’avenir du ministère de la Culture et de la Communication. Je réponds bien volontiers à votre demande, tant je suis convaincu qu’il convient d’anticiper les mutations de l’accès à la

Culture et aux médias dans le monde du XXIe siècle et combien il importe de rappeler le rôle de régulateur de l’Etat pour faire vivre la diversité culturelle et rendre réalistes nos ambitions en matière de démocratisation. J’y réponds d’autant plus volontiers que vous allez les traiter lors de cette réunion en partie consacrée à la Gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences (GPEEC).

Cette démarche stratégique est nécessaire : il s’agit bien de faire évoluer les emplois et les compétences au regard des priorités et des orientations que l’on se fixe pour les années à venir.

Mais je voudrais répondre tout d’abord aux inquiétudes et aux doutes que vous exprimez et par conséquent d’abord parler de vous, de votre environnement de travail et de ce qui vous concerne au quotidien.

Permettez-moi tout d’abord d’évoquer la question du budget, des emplois et de la Révision générale des Politiques publiques :

En 2011, le budget global du ministère de la Culture et de la Communication a été stabilisé, il a même légèrement augmenté. Au regard des coupes drastiques qui ont lieu dans plusieurs pays partenaires de l’Union, en Italie, au Royaume-Uni, en Espagne, aux Pays-Bas, c’est un signal d’attention au rôle de l’action publique en matière culturelle. Par ailleurs, j'ai obtenu le dégel des crédits - soit 5 % supplémentaires - pour la deuxième année consécutive.

Dans le contexte d’endettement public qui est le nôtre, la contrainte qui pèse sur l’emploi public est forte. Mais vous le savez - car cette information a circulé récemment - elle a pesé moins fortement sur le Ministère de la culture et de la communication que sur les autres. Pensez-vous vraiment qu’un tel résultat ne s’obtient pas de haute lutte, en négociant pied à pied avec ceux qui ont en charge le Budget de l’Etat ? c’est un combat permanent, mais que nous avons jusqu’à présent remporté.

Si l’on se reporte à ce que vivent les autres départements ministériels, on prend conscience de ce que j’ai obtenu, en utilisant souvent d’ailleurs les arguments que vous m’opposez : les retombées économiques de la culture, la faiblesse de nos budgets au regard des masses financières en jeu, la fragilité de nos équilibres, le « bénéfice social» que tout citoyen peut tirer de l’accès à une culture vivante, à un patrimoine valorisé, à une création en prise avec le monde d’aujourd’hui…. La culture, je le dis souvent, relève de l’intime et permet

de recomposer et d’adoucir notre rapport au monde, aux contingences du quotidien. Elle est aussi un outil du lien social indispensable, comme en témoignent les actions en matière de diffusion et d’éducation artistique conduites par les musées, par les scènes nationales, ou bien encore des manifestations qui rassemblent et fédèrent nos concitoyens, à l'image des Journées du patrimoine ou de la Fête de la musique. Tout cela je le défends avec ardeur et résolution.

Je vous rappelle aussi que dans le cadre de la réforme des collectivités territoriales, j'ai obtenu que la possibilité de financements croisés subsiste. C’est un élément capital pour préserver la vitalité de nos établissements culturels sur les territoires, notamment dans le domaine du spectacle vivant.

Il est encore trop tôt pour que soient diffusés les résultats des discussions que suscite encore aujourd’hui le Projet de Loi de Finances 2012. Je peux vous assurer à la fois de ma combativité, mais aussi de mes ambitions pour le ministère et pour ses agents dans cette période de difficulté budgétaire. Nous ne devons en effet jamais cesser de porter de nouvelles ambitions et de moderniser les politiques publiques, sous peine de disparaître en proposant des instruments inadaptés au monde tel qu’il se construit

Discours de Monsieur Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication

Comité technique paritaire ministériel (CTPM) du 11 juillet 2011

A SUIVRE…

   

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