les saintes vierges et martyres dans l'Espagne du XVII ème siècle

Publié le 26 juillet 2011 par Mpbernet

Saintes vierges et martyres dans l’Espagne du XVIIème siècle, culture et image : c’était le sujet de la thèse soutenue par Cécile Vincent-Cassy* en décembre 2004 à la Sorbonne. Un sujet ardu, inexploité, inventé à partir du choc esthétique des vierges de Zurbaran (1598–1664)

Aujourd’hui, le livre est publié aux éditions de la Casa de Velazquez, l’équivalent de l’Ecole française de Rome et de la Villa Médicis pour la péninsule Ibérique. Un pavé de savoir et d’érudition, fruit des travaux de recherche de plusieurs années d’une jeune agrégée d’espagnol, plein de références originales et riche d’une iconographie fouillée, consultable sur un CD collé en 3° de couverture.

C’est la période du Siècle d’Or de Philippe III et Philippe IV, de Cervantes et de Velasquez, où l’Espagne conteste à Rome la suprématie politique sur le monde catholique et s’érige en championne de la Contre-Réforme, ce que l’iconographie montre à foison : images de saintes et de martyrs diffusées comme vecteurs de propagande.

Chaque territoire en Espagne veut alors avoir son saint patron ou sa sainte martyre locale, quitte à inventer sa « légende dorée » de toutes pièces. De la même façon, les personnages des saintes envahissent le théâtre, art populaire par excellence où se presse une foule de tous milieux. Les compagnies théâtrales sillonnent le pays pour représenter – parfois à l’aide de machineries compliquées – des intrigues religieuses qui rencontrent alors un franc succès.

A la lecture de cet ouvrage, vous n’ignorerez plus rien de Sainte Casilda (qui est morte en ermite et n’a donc pas subi le martyre), Sainte Agathe à laquelle on a coupé les seins, Sainte Apolline – à laquelle on arrache les dents…et Sainte Cécile qu’on a fait bouillir dans une marmite. Un siècle où on ne se faisait pas de cadeau !

Malgré l’hyper spécialisation des sujets traités dans les thèses de Doctorat, il est rassurant de constater que certaines, sans doute à cause de leur originalité et de leur pertinence, continuent à être éditées.

Cécile Vincent-Cassy est Maître de conférences en études hispaniques à l’Université de Paris XIII Nord, et ancien Membre de l’Ecole des hautes études hispaniques et ibériques de la Casa de Velazquez. Edité à la bibliothèque de la Casa de Velazquez, volume 50, 520 p. 47€