La place d’Annie Ernaux

Par Labibdadi

Auteur : Annie Ernaux.

Titre : La place

Edition : Folio / juillet 2010(114pages)

Quatrième de couverture : « Il n’est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui.
Cette fille, Annie Ernaux, refuse l’oublie des origines. Elle retrace la vie et la mort de celuiavertavait conquis sa petite « place au soleil ». Et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : »Les livres, la musique, c’est bon pour toi. Moi je n’en ai pas besoin pour vivre. »
Ce récit dépouillé possède une dimension universelle ».

La figure paternelle, avec ses complexes, ses tics et ses manières finissent toujours par atteindre la progéniture. Ne serait-ce dans sa pensé, ou dans la manière dont pourrait se construire ses souvenirs.
Annie Ernaux avec ce petit roman couronné par le prix Renaudot 1984, nous raconte son père, depuis son enfance à sa mort assez soudaine, en passant par la distance  qu’il a noué avec les livres, et le complexe d’infériorité qu’il a développé envers les gens dits cultivé.
De manière personnelle et intime, elle nous fait entrer chez ses parents, dans leur café-épicerie, là où elle a grandi. 110 pages de confidences, de confessions intimes comme dirait l’autre.
Le style y est doux, et agréable, même s’il est froid. Une lecture qui se fait presque toute seule, aussi parce que le livre est petit.

Depuis Les Armoires vides (1974) jusqu’aux Années (2008), en une quinzaine de livres, Annie Ernaux est devenue l’un de nos meilleurs écrivains. La recherche formelle dont témoignent ses textes, par la voie d’une méthode sans cesse inédite et repensée, a définitivement bouleversé le champ de l’écriture autobiographique. Fille unique d’un couple d’ouvriers devenus commerçants, elle passe son enfance à Yvetot, dans l’épicerie-café que tiennent ses parents, avant de faire ses études à Rouen et de devenir institutrice, puis agrégée de lettres. C’est tout particulièrement sa jeunesse en Normandie qui lui fournit le sujet ou le cadre de ses textes (La Place, La Honte, Ce qu’ils disent ou rien, L’Evénement, Les Années). À la suite de Nathalie Sarraute (Enfance), Michel Leiris (L’Age d’homme) ou Georges Perec (W ou le Souvenir d’enfance), elle révèle la trame du récit et la fiction intrinsèques au matériel autobiographique. A partir d’une parole, d’une photographie ou d’une émotion, elle impose la forme nécessaire à son récit. Le milieu ouvrier et paysan dont elle est issue l’a souvent conduite à un travail linguistique et culturel qui tient de l’anthropologie, mais la fluidité de son style et les sujets qu’elle aborde (le rapport au père, à la mère, au corps, la passion amoureuse) ne l’ont jamais privée d’un lectorat très large. Comme tous les grands écrivains, Annie Ernaux a donc réussi à imposer une écriture d’une exigence implacable sans jamais cesser d’être populaire.


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