Le 1 500 000ème document dans Gallica : L’Avenir (journal clandestin de la Résistance)

Par Activitesbnf

Numérisation et OCR, Partenaires, Politique documentaire

Ce sont aujourd’hui plus d’un million et demi de documents qui peuvent être gratuitement consultés, téléchargés et imprimés sur Gallica ! L’enrichissement de l’offre numérique se poursuit à un rythme soutenu, avec plus de 2 400 nouveaux titres mis en ligne cette semaine.

La répartition des contenus est la suivante :
290 000 livres
12 000 manuscrits
350 000 images
813 000 fascicules de presse et de revues
5 300 partitions
1 700 enregistrements sonores

A ces collections numérisées par la BnF s’ajoutent près de 60 000 ebooks de l’édition contemporaine (en accès sous conditions) et 60 000 autres documents numérisés par nos bibliothèques partenaires.

Le 1 500 000ème document est remarquable à bien des titres. Il s’agit de l’Avenir, publication clandestine de la Résistance (1943-1944), conservée à la Réserve des Livres rares et numérisée dans le cadre d’un programme mené en partenariat avec la Fondation de la Résistance.

 « Journal provisoirement clandestin destiné aux jeunes de France », L’Avenir paraît pour la première fois le 20 août 1943. Il est l’organe de l’Organisation civile et militaire des jeunes (OCMJ), né début 1943 de la fusion de plusieurs groupes de jeunes proches de l’OCM (l’un des plus gros mouvements de résistance en zone occupée) autour des étudiants Charles Verny et François d’Humières notamment. Le journal est d’abord « imprimé sur les presses d’un français libre », Marcel Blondin, imprimeur rue Cardinet à Paris, par les soins de Marcel Knopf, puis à Colombes, 33 rue du Souvenir, par Pierre Virol, qui moura en déportation (1).

Les grands moyens sont employés pour le premier numéro, imprimé en couleurs, sur quatre pages. Comme la plupart des journaux de résistants, L’Avenir se place, par le biais d’une épigraphe, sous le regard de l’Histoire, sous le jugement d’un de ses grands hommes d’État ou penseur. Ici, Clemenceau, le « Père » de la Victoire en 1914-1918 : « Quand une nation s’appelle la France elle ne capitule pas pour trois batailles perdues ». Le journal affirme aussi dès le premier numéro sa fidélité au général de Gaulle et au général Giraud qui co-président alors le Comité français de la Libération nationale. Mais surtout, L’Avenir publie en une sa définition de la Résistance, un très beau texte sur le sens donné à ce combat.  

Au fil des numéros, les rubriques s’étoffent. En pages intérieures, on retrouve une revue de la presse de la Collaboration (« Eux ») et de la presse de la Résistance (« Nous »), ainsi que des consignes de sécurité pour résister ou pour distribuer clandestinement le journal, des appels à la solidarité, à l’action ou à la résistance passive, des articles spécialement destinés aux jeunes femmes éloignées des combats militaires. Les éditoriaux sont parfois signés  « Claude Isnard », pseudonyme de Claude Desjardins, le directeur du journal. A l’orée de 1944, il écrit : « Nous ne permettrons pas qu’on étouffe sous un silence lâche les actes ignominieux de l’ennemi » (n°9).

Destiné d’abord aux seuls membres de l’OCMJ, le tirage serait passé de 10 000 à 25 000, voir à 50 000 exemplaires pour les derniers numéros (2). Selon le résistant Claude Dureux, le 3 mai 1944, une opération  organisée aurait permis la distribution d’environ 28 000 exemplaires en quelques minutes dans le Quartier latin (3). En juin, Claude Bellanger raconte que 2 000 exemplaires du numéro spécial de L’Avenir consacré au débarquement (n°15, 10 juin 1944) ont été lancés sur le boulevard de la Madeleine, à Paris, du premier étage des magasins des Trois Quartiers (4). D’autres événements donnent lieu à des numéros spéciaux : la commémoration du 11 novembre et celle du 14 juillet.
Au total, 23 numéros clandestins auraient paru (5). Mais la Bibliothèque nationale n’en conserve qu’une partie, entrés de différentes façons dans les collections, pendant ou après la guerre, sous leur forme originale ou reproduite (par copie dactylographiée, par photogravure, etc.). Le n°1 par exemple est un original saisi par les autorités de contrôle.

Après la Libération, Claude Desjardins, qui avait dirigé deux autres journaux pendant l’Occupation (L’Essor, l’organe des étudiants de l’OCMJ, et L’Effort destiné aux milieux ouvriers, bientôt dans Gallica) (6),  participe à la fondation du Parisien libéré qui deviendra Le Parisien que l’on peut lire encore aujourd’hui.

Informations fournies par Anne Renoult, conservateur, chargée des collections du XXe siècle à la Réserve des Livres rares.

L’équipe Gallica

Notes
[1] RES G-1470 BIS (1), Journaux clandestins (1939-1944). État et renseignements, f. 138.
[2]  RES G-1470 BIS (1), Journaux clandestins (1939-1944). État et renseignements, f. 138.
[3]  « Allocution prononcée par M. Claude DUCREUX le 11 mai 2006 devant le monument élevé en Mémorial des élèves et étudiants de France morts pour la France pendant l’occupation nazie ». In Mémoire et espoir de la Résistance.L’Association des Amis de la Fondation de la Résistance. [En ligne]. http://www.memoresist.org/Ceremonie-en-hommage-aux-etudiants.html (page consultée le 27 juillet 2011)
[4] Claude BELLANGER, La presse clandestine, Paris, A. Colin, 1961, p. 220.
[5]  RES G-1470 BIS (1), Journaux clandestins (1939-1944). État et renseignements, f. 138.
[6] RES G-1470 BIS (2), Journaux clandestins (1939-1945). Enquêtes de 1951-1952, f. 9 bis-12, Lettre de Claude Desjardins, Paris, 15 juin 1952, 1 f., Lettre de Claude Bellanger, Paris, 3 juin 1952, 2 f.