"Minuit à Paris" de Woody Allen

Publié le 31 juillet 2011 par Francisrichard @francisrichard

Quel amoureux de la Ville-Lumière ne serait pas conquis par le dernier film de Woody Allen ?

En effet celui-ci dans Minuit à Paris promène sa caméra dans les lieux mythiques de la capitale française et nous invite à la revisiter en remontant le temps jusqu'aux Années folles et même jusqu'à la Belle Epoque.
Le personnage principal, Gil Pender, Owen Wilson, est un jeune écrivain en visite à Paris avec sa fiancée, Inez, Rachel McAdams, et ses futurs beaux-parents, venus pour affaires. Ce véritable artiste figure un vilain petit canard au milieu de ces Américains argentés, pragmatiques et sans la moindre once de romantisme.
Tandis qu'Inez ne songe qu'à s'amuser, à courir les boutiques de luxe et à danser, Gil bat la semelle dans les rues et avenues de la cité capitale, qui n'est jamais si envoûtante que lorsqu'il se met à pleuvoir et que le ciel d'ensoleillé devient tourmenté.

Aux douze coups de minuit la magie parisienne opère, mais elle ne le fait qu'auprès de ceux qui y sont prédisposés. Une vieille peugeot s'arrête dans une courbe d'une rue pavée qui monte une colline de Paname. A l'invitation des occupants Gil monte à bord pour un voyage au pays des artistes, des poètes et des écrivains d'un autre temps.
La première fois il est transporté dans le Paris des Années folles et rencontre Francis Scott Fitzgerald et sa femme Zelda, Ernest Hemingway, Cole Porter et Pablo Picasso, qui trompe effrontément sa femme avec la belle Adriana, Marion Cotillard, qui a tout de suite un penchant pour Gil, quand elle entend les premières lignes de son roman lues par Gertrude Stein [la photo ci-dessus d'Adriana et de Gil provient d'ici].
Les nuits se suivent. Tandis que Gil remonte le temps, Inez reste bien ancrée dans le présent. Le couple, petit à petit, se disloque. Inez et Gil n'étaient visiblement pas faits l'un pour l'autre. Leurs différences, au lieu de les rendre complémentaires, les éloignent gentiment l'un de l'autre.
Après les Années folles d'un Paris interlope, où ils ont approché Salvador Dali, Juan Belmonte ou encore Joséphine Baker, Adriana et Gil se retrouvent après un autre minuit à la Belle époque et côtoient Gauguin, Degas et Toulouse-Lautrec. Mais ils ne vont pas continuer la route ensemble.

Adriana pense avoir trouvé l'âge d'or, alors que Gil sait fort bien qu'il n'existe pas, même s'il a une forte propension à se complaire dans une vie rêvée, ce qui est le lot des vrais romanciers. Il retourne donc tout seul dans le temps présent.

Gabrielle, Léa Seydoux, rencontrée au marché aux puces, où il lui a acheté un microsillon de Cole Porter, le rencontre sur un pont au-dessous duquel coule la Seine, et très naturellement s'éloigne avec lui sous la pluie qui baptise leur idylle naissante.
Hier soir, je suis sorti de la salle de cinéma, aux alentours de minuit. Même si j'étais loin du Paris de mon enfance et de ma prime adolescence, j'avais les yeux remplis de ces lieux jadis arpentés et le coeur réchauffé à la pensée de tous ceux qui ont oeuvré dans la littérature, dans l'art ou la poésie à son insigne rayonnement.

Francis Richard