la droite n'est ni incompétente ni en échec

Publié le 02 août 2011 par Despasperdus

Les dernières déclarations des ténors socialistes et les billets des influents blogueurs de la socialosphère, au-delà de leurs désaccords temporaires et primaires, sont unanimes pour juger le bilan de Sarkozy :

«La politique de la droite est un échec donc la droite est incompétente...»

A chaque publication des statistiques du chômage et du dernier état du déficit budgétaire, les socialistes raillent la droite en dénonçant son incompétence [1]et son échec.[2]

Ainsi, la crédibilité d'un gouvernement se mesurerait à l'aune des chiffres du chômage et du déficit budgétaire... [3] Et preuves à l'appui, les socialistes ressortent leur dernier bilan de gouvernement pour enfoncer le clou de leur compétence et de leur réussite en matière budgétaire et d'emploi. [4]

Ce discours nous désole.

Vraiment.

Vraiment parce que le PS n'a pas encore compris que la défaite de 2002 n'était pas exclusivement due à la division à gauche ou à une mauvaise campagne électorale. Que cette défaite cuisante reposait sur de vraies causes, inhérentes au PS.

Vraiment désolant parce que le PS n'a pas compris la politique de la droite.

La droite n'est pas au pouvoir pour faire de la gestion de bon père de famille, pour sauver les retraites et le fameux système social français, réduire le chômage, valoriser le travail [5]et autres promesses pour endormir l'opinion publique... [6]

Sciemment, la droite creuse les déficits publics, appauvrit l'État et laisse le chômage prospérer, soit autant de conditions préalables qui lui permettent de justifier sa politique de régression sociale. [7]

De plus, l'UE favorise la politique de la droite : le dumping social, les délocalisations, le respect de la concurrence libre et non faussée, le grand marché transatlantique, le dumping fiscal, le principe des contrôles des budgets nationaux par une commission européenne, un futur super ministre européen de l'économie.

Ainsi, les questions budgétaires et économiques accessoirisent la question sociale et le débat démocratique. La fameuse règle d'or confirme cette tendance. [8]

Enfin, les médias dominants jouent leur partition, maltraitant les opposants au traité de Lisbonne, reléguant au second rang tout ce qui concerne le social sauf lorsqu'il faut "réformer", attisant les peurs avec la dette, privilégiant systématiquement faits divers et questions d'ordre sociétal.

Dans ce contexte européen et médiatique, l'oligarchie ne donne même plus de miettes aux peuples ! Toute puissante, elle s'approprie tout ou quasiment tout : les entreprises publiques, la santé, l'école... Toutes les conquêtes du mouvement ouvrier se diluent progressivement dans le marché libre, ouvert et sans entrave...

La droite mène la lutte des classes en faveur du patronat et de l'oligarchie,[9] parfois aidée par une opposition bien molle, voire complice (cf. le traité de Lisbonne).

Aussi, les socialistes sont bien fades et timides en se limitant à dénoncer l'échec et l'incompétence de la droite...

Hormis peut-être Montebourg, le PS ne mesure combien le système a changé de nature... et qu'il est devenu impossible d'y mener une politique de gauche, à moins de rompre avec le néo-libéralisme en changeant profondément le système, au risque de causer une crise dans une UE déjà en crise...

Notes

[1] Une autre vie - Emploi : Incompétente Christine Lagarde

[2] Les jours et l'ennui de Seb Musset - UMP, camouflons l'échec en attendant la catastrophe

[3] Au comptoir de la Comète - Déficit : Nicolas Sarkozy et la bataille de la crédibilité

[4] Sarkofrance - Wauquiez, : plus c'est gros, mieux ça passe

[5] Intox 2007 - le nouveau stade du capitalisme : Payer pour travailler gratuitement.

[6] Variae - Quand le professeur Pécresse vous expose la stratégie Sarkozy pour 2012

[7] Plume de presse - La bande du Fouquet’s, oligarchie française

[8] des pas perdus - PS et EELV voteront-ils la règle d'or du néo-libéralisme?

[9] CSP - Majorité silencieuse